Starofash - The Thread

Sans doute très occupée par son groupe familial Peccatum puis par le projet de metal folklorique Hardingrock, Heidi "Ihriel" Solberg Tveiten (la femme de Vegard "Ihsahn" Tveitan pour les incultes) avait laissé un peu de côté son projet solo Star Of Ash. Après la sortie de son premier album "Iter.Viator.", les sites se sont succédés (dont un absolument magnifique a été primé) sans pour autant avancer sur le plan musical ; la belle nous aura juste laissé courant 2007, le résultat de sa collaboration avec l'écrivain "cyberpunk" japonais Kenji Siratori sur un morceau appelé "Neo Drugismo". Il aura fallu attendre début 2008 pour voir enfin se dessiner le retour de Star Of Ash avec ce nouvel album et une signature sur Candlelight Records, 5 ans d'absence qui changent pas mal de choses.

A en juger par l'artwork, on pourrait penser à la bande originale d'un vieux road-movie américain, froid et contemplatif. C'est sans doute l'effet que Heidi a souhaité donner à ce second album car il s'avère que la musique pourrait parfaitement convenir à ce genre de films. En effet, si "Iter.Viator." comportait encore quelques sauts d'humeur, celui-ci a définitivement tourné la page du metal et nous propose une musique calme et planante, majoritairement instrumentale. "The Thread" raconte une histoire, ça ne fait aucun doute. Bien que je ne puisse pas vous en dire d'avantage pour l'heure (une histoire sentimentale ?), il ne peut s'agir que d'un drame tellement la tonalité de ces 42 minutes ne décroche pas de la nostalgie et de la mélancolie, prenant même parfois une tournure inquiétante. Ici, claviers et sonorités électroniques se mêlent aux autres instruments, alternance de piano, de guitare et de basse qui véhiculent la majeure partie des mélodies et des émotions. Comme sur "Iter.Viator.", le chant est relégué au second plan mais son utilisation judicieuse vous donnera presque systématiquement la chair de poule ("The World Spins For You", "Drag Them Down"), d'autant plus que la douce voix d'Ihriel n'a rien perdu de son charme.

"The Thread" est bien évidemment l'oeuvre de Ihriel qui a composé la majeure partie de l'album. On peut cependant noter la participation du compositeur allemand Markus Reuter ainsi que les prestations de Kristoffer G. Rygg au chant (plus connu sous le nom de Garm ou Trickster G.) et de divers musiciens tels que Knut Buen qui a participé au projet Hardingrock. Pour en revenir aux compositions, elles se révèlent au final assez hétérogènes, allant de l'ambient/expérimentale intrumentale ("How To Invent A Heart", "Him And Her", "The Snake Pit") à une musique plus naturelle et très mélancolique ("The World Spins For You", "An Apology Gone Bad", "Epilogue") jusqu'à des morceaux plus rythmés où s'illustre Garm notamment ("Blood, Bones And A Skull", "Crossing Over"), ces derniers demeurant paradoxalement les moins bons de tous (je dis paradoxalement parce que c'est rarement le cas lorsque Garm participe). Ces 2 titres représentent pour moi le seul défaut de cet album qui délaisse alors sa douce atmosphère triste et planante pour une once de lumière qui ne lui va pas. On retrouve cependant avec plaisir, le fruit de l'association Star Of Ash/Kenji Siratori, "Neo Drugismo" en conclusion.

Plus beau, plus profond, plus touchant que son prédécesseur, "The Thread" est un très bon album et dissipe les inquiétudes que j'avais concernant le futur de ce projet. Heidi nous délivre une musique originale et personnelle incitant à l'introspection, la bande originale parfaite pour une petite virée solitaire à travers des paysages déserts sous un ciel de préférence nuageux. Quelques titres décevants certes, mais dont on fera vite abstraction devant le voyage que nous offre l'ensemble.

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