[ A propos de cette chronique ] Il fallait quand même s'intéresser à ce disque de près à un moment où à un autre… car bien que n'ayant pas été convaincu par le faiblard
Belus, marquant l'année dernière le retour aux affaires du sieur Vikernes, j'ai toujours été fan des premiers BURZUM, groupe mythique du panthéon norvégien qui hante encore des générations de cages à miel avec ses
Hvis Lyset Tar Oss (chroniqué avec brio il y a quelques temps par le collègue Häxan, se référer à sa chronique pour rappel) ou encore
Burzum/Aske qui véhicule chez moi des émotions intenses à chaque écoute, car il s'agit d'un des tous premiers albums du genre que j'ai écouté. Les « War », « My Journey To The Stars », « Det Som En Gang Var », « Dunkelheit » ou encore « A Lost Forgotten Sad Spirit » constituent la mémoire vive de ce one man band qui aura inspiré une énorme quantité de groupe aux réussites et aux destinées très variables, à tel point qu'il serait fastidieux de citer des noms… Nombre de « tributes » sont venus redorer le blason BURZUM que son cerveau, j'ai nommé Varg Vikernes, lustre par intermittence depuis 1991. Le personnage lui-même a de quoi fasciner : tout autant détesté qu'adulé, il s'expose régulièrement via des interventions aussi pertinentes (avec notamment ses apparitions intéressantes dans l'excellent documentaire Until The Light Takes Us) que risibles (avec sa missive débile du nom de « Chère France », dans laquelle il se donnait un rôle de messie politique au rabais)… et c'est avec le beau détail d'une peinture de William Bouguereau,
Douleur d'Amour, ornant une pochette plutôt sobre, que Vikernes nous revient en 2011 avec ce
Fallen, que tout le monde croyait être une blague. On entendait dire, aux recoins des rues Black Metal, que « ce n'était pas possible », « qu'on y croyait qu'à moitié », « qu'il ne pouvait sortir un autre album si rapidement »… peut-être que les rumeurs qui circulaient à cette époque à propos de ce disque n'était pas totalement infondées !
En tout cas, après confirmation de la nouvelle offrande, son créateur nous le vendait, il y a quelques mois, comme un mélange de
Filosofem et de
Hvis Lyset Tar Oss. Sans doute voulait-il nous faire croire via cet effet d'annonce pour le moins putassier qu'un retour du grand BURZUM était envisageable… je vous arrête tout de suite, il n'en est rien ! Bon, je dois bien reconnaître que « Jeg Faller », le premier morceau du disque, retient plutôt bien l'attention et comporte un riff central vraiment prenant et pour le coup assez inspiré. Mais bon sang de bon soir, que vient foutre cette voix de berger épileptique au milieu du « refrain » (qui est par ailleurs répété à outrance) ? Pas que l'homme chante faux, non, juste qu'on le renifle à des kilomètres et que la facilité de ce procédé porte un nom : le formatage. Oui, ça m'est difficile à dire, mais aujourd'hui, le nouveau BURZUM sonne comme n'importe quel groupe de Black Metal, comme n'importe quel groupe de plus qui ne sert à rien… Le nouveau BURZUM n'a rien d'original, rien d'atypique, rien de puissant comme pouvait l'être l'ancien. Loin de moi l'idée de donner dans la réaction, le sempiternel « c'était mieux avant », mais là, force est de reconnaître que les innombrables tares de ce
Fallen amènent une nostalgie et un sentiment de regret tous deux très vivaces… A commencer par la voix, car c'est en partie là que le bât blesse dans les récentes évolutions du one man band. Dans le registre purement hurlé, on sent un Varg Vikernes essoufflé, fatigué, qui a perdu tout sa hargne d'antan. Oh, il est bien marrant le vieux, il rajoute quelques vocaux clairs pour tenter de cacher la misère, mais on constate par trop que ses vocaux ne sont pas en place (« Vanvidd ») et sentent trop le bistouri pour être convaincants.
Et, encore pire que dans
Belus, les riffs ici sont vraiment d'une fadeur sans nom. Infligez vous donc l'enchaînement « Valen » / « Vanvidd » / « Enhver til Sitt », qui suffirait à plomber n'importe quel bon disque dans les règles de l'art, pour avoir une idée du concept de « chiantisme » ! Comment pourrait-on s'infliger ça par plaisir ? Il y a vraiment des choses qui m'échappent… A moins que ce soit par pure déviance sexuelle ?
Certes, l'atmosphère générale connaît un regain sur quelques passages, notamment sur le morceau « Budstikken », mais ce regain est étouffé par la grasse couche de médiocrité ambiante. Et encore, même sur « Budstikken », on arrive à s'emmerder si on réfléchis bien... les riffs, s'ils font s'ouvrir un peu les yeux d'un auditeur endormi par le reste, n'ont rien de transcendants et ne tiennent pas sur la durée. D'une manière générale, et le morceau cité n'échappe pas à la règle, Vikernes glande sur des passages vaguement ambiants qu'on n'aura aucun mal à trouver chiant comme la mort au bout de 5 voire 6 écoutes attentives (ce qui tient déjà de l'abnégation, entre nous).
Le son du disque, bien que manquant cruellement de profondeur par moments, n'est pourtant pas mauvais : la guitare et ses trémolos ressortent bien et la batterie, restant très minimaliste, rythme sans accroc des riffs sans âmes. Mais du coup là encore, on a droit à un formatage dans les règles de l'art : ce son, qui siérait bien à des riffs plus inspirés et surtout moins répétés jusqu'à l'overdose, reste bien fade et vide lui aussi… rien qui n'a de quoi enthousiasmer, une fois de plus. Et puis laissez moi m'esclaffer grassement sur « Til hel og tilbake igjen », outroduction inutile et quasiment insupportable qui finit la pénible route d'un album vraiment ennuyeux. Aïe, « Tomhet » est bien loin, quand on écoute ce genre de sketchs bruitistes composés de trois minables tambours et d'une guitare maigrichonne se battant ridiculement en duel.
Malgré tout le respect que j'ai pour son œuvre passée, le comte Grishnackh m'avait déjà bien fait chier l'année dernière avec son
Belus et récidive donc en pire avec son fade
Fallen : je dis non, point barre. Au pire, une daube immonde, au mieux, un album qu'on écoutera 3 fois et qu'on laissera prendre la poussière. Alors qu'un vide abyssal souffle sur la tombe du vieux BURZUM, heureusement qu'il y a quand même bien mieux que ça à se mettre sous la dent en cette année 2011.
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