Heidi Tveitan n'est pas du genre à se reposer sur des lauriers qu'elle n'a jamais eu de toutes façons. La discographie de Starofash est une sorte de perpétuelle renaissance, une systématique redécouverte, une véritable exploration musicale comparable aux efforts de son mari Ihsahn, avec malheureusement pour elle, beaucoup moins de retentissements. Bien que difficile à suivre, sa musique n'a pour autant jamais manqué, ni de personnalité, ni de charme, même sur le surprenant et décevant dernier album
"Ghouleh". Après une pause de 4 ans, cet album marquait un virage résolument orienté électro là où
"Lakhesis" possédait encore énormément d'éléments organiques, proposant alors de magnifiques pièces et énormément de moins bonnes. Comme la plupart de ses dernières productions, c'est dans un quasi anonymat que sort ce cinquième album sobrement intitulé "Skógr" (traduisez par "forêt" en vieux norrois). Et si pour une fois le style prolonge le travail opéré sur le précédent album, ça n'est pas pour autant que notre diva a joué la facilité, au contraire.
S'il n'est pas toujours évident de s'imprégner d'un album de Starofash, "Skógr" met la barre encore plus haut. Alors que
"Ghouleh" se voulait assez homogène en terme d'ambiance, ces 40 minutes proposent autant de tableaux qu'elles comptent de pièces, uniquement reliées par leur instrumentation. A l'exception de quelques incursions de guitare sur "Hylja", Heidi s'est en effet une nouvelle fois centrée sur ses instruments de prédilection à savoir le piano, le chant et l'électronique, simplement dosés différemment selon les titres. Ce cinquième essai confirme d'ailleurs sa maîtrise et sa sensibilité relative au travail des effets que l'on avait découvert 2 ans plus tôt et que je trouve absolument superbe dans son jusqu’au-boutisme et son approche finalement assez rétro. Il en résulte ici des passages de toute beauté comme le pont de "The Frost" ou la montée de "Viðr". Pour le reste, Madame n'a plus rien à prouver de ses talents de pianiste (remember "Neo Drugismo") ; quant à son chant, bien que limité, il demeure d'une infinie sensibilité et n'en finit pas de m'émouvoir.
Coté songwritting, l'ensemble se révèle assez hétérogène comme je le disais précédemment. Les compositions varient les atmosphères, entre calme, mélancolie, mystère et contemplation. Plus intimiste et coloré que
"Ghouleh", il s'accorde également de nombreuses libertés, faisant intervenir le petit frère Einar sur le spacial "Viðr", osant l'ostentatoire boîte à rythme sur l'aérien popisant "The Frost", tantant l'ambient abstrait sur "After a 100 Years". On y trouve de belles choses, rien de particulièrement mauvais mais malheureusement "Skógr" peine à décoller. A l'exception de quelques passages électroniques réellement passionnants, l'ensemble manque cruellement d'accroche, notamment sur les piano/voix qu'on a connu plus inspirés. L'album finit alors par ennuyer plus qu'il ne régale, à l'instar du précédent album qui ne brillait que sur quelques minutes. Une nouvelle déception en ce qui me concerne donc ; bien que talentueuse, Heidi semble juste ne pas avoir encore trouvé la bonne formule sur la durée. Espérons que la prochaine fois sera la bonne.
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