Cataract - Cataract

En 2004, les helvètes de CATARACT nous en avaient mis plein la vue avec un "With Triumph Comes Loss" remonté comme une horloge (suisse), dans une veine thrashcore sous patronage direct de SLAYER et THE HAUNTED. J'avoue avoir fait l'impasse sur son successeur immédiat « Kingdom » mais à la lecture de la chro de Keyser, je suis carrément tenté de reprendre ses arguments au mot près tant CATARACT nous revient avec les mêmes qualités, mais surtout les mêmes tares.

Ca part pourtant au quart de tour avec trois parpinades (à ne pas confondre avec le nettoyage de lucarnes made in JPP) qui font leur petit effet, comme l'énorme riff d'ouverture du bien speedé "Snake Skin", mis en orbite par l'avalanche de roulements et la cadence de l'aboyeur de service, Federico Carminitana. Entre la hargne du chanteur et le matraquage systématique à la double, CATARACT confirme sa qualité première et présente une défense en béton armé. Suffisant pour balancer un "Blackest Hour" en forme de call to arms, dont la lourdeur imparable devrait faire un malheur into the pit. Avec dans les starting blocks un "The Separation Of Life And Time" classique mais efficace (on pense au MACHINE HEAD de "Burn My Eyes"), "Cataract" essuie un départ plus que correct et laisse augurer la Q2, à défaut de la pole position. Mais si les suisses maîtrisent à la perfection les accélérations vengeresses (chaque passage rapide est une décharge d'énergie brute), l'absence de plan B se fait très vite ressentir. Pas aidés par des riffs confondants de neutralité, "Choke Down" et "Deathwish" donnent dans le mid-tempo fadasse avant la sévère reprise en main d'un "Burn At The Stake" brûlant trop de gomme au démarrage. Un titre direct et brutal freiné à mi-parcours par la voiture de sécurité, comme si le groupe en gardait sous la pédale par peur de finir dans le décor. Jamais mauvaises, rarements exaltantes, les compos sentent fort le pilonage automatique. Et quand on se félicite d'une repompe de SLAYER à 1:50 sur "Breath Of The Kings", c'est pour mieux se désoler dix secondes plus tard d'un groupe en panne sèche d'inspiration.

Même lorsque CATARACT s'aventure sur la piste instrumentale avec "Tonight We Dine In Hell", c'est la sortie de route avec une pâle imitation de "Demon Eyes" (THE HAUNTED - One Kill Wonder, 2002). Alors une fois franchie la ligne d'arrivée, que reste-t-il ? les yeux pour pleurer ? à défaut de champagne sur le podium, on goûtera en revanche le skeud de reprises présent sur l'édition limitée, au tracklisting étrangement mieux agencé que celui de l'album. On y trouve bien sûr du hardcore premier choix (CRO-MAGS, MADBALL, AGNOSTIC FRONT) mais surtout des enchaînements thrash invraisemblables, "Fucking Hostile" succédant à "Postmortem" et "Redneck Stomp" !! en bout de course, "Refuse/Resist" et "Kickstart My Heart" (MOTLEY CRÜE) viennent semer le trouble dans le paddock metal ; le CATARACT formule 2008 serait-il compétitif sans son illustre roue de secours ?

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