Elend - The Umbersun
Chronique
Elend The Umbersun
Pour un rendu optimal, cette chronique un peu particulière est à lire lentement, en imaginant une voix froide et monocorde sur un fond musical extrait de cet album.
Chaque nuit, le même cauchemar.
Improbable, aberrant, absurde,
Tout cela semble pourtant si réel,
Comme si je n'allais jamais me réveiller,
Comme s'il n'y avait aucun échappatoire.
Un grondement au loin fit disparaître la lumière
Et dévora toute matière.
Dans cette immensité de noirceur,
De toutes parts émanèrent des chants d'une rare tristesse.
Une force m'attirait inexorablement.
Cris et hurlements résonnaient dans ma tête,
Comme s'ils provenaient du plus profond de mon être.
Soudain, le silence.
Mon corps retrouva le toucher,
Mes yeux la vue.
Allongé sur le sol, je peinais à me mouvoir.
En prenant appui sur mes mains pour me relever,
Chaque pierre transperça ma chair,
Et le sang qui s'en écoulait, semblait nourrir la terre.
Une fois debout, je découvris le paysage qui s'étendait à mes pieds,
Froid et monochrome,
Des arbres morts à perte de vue.
Au milieu de cette forêt désolée et clairsemée,
Des gravas déposés ici et là
Traçaient un approximatif et interminable chemin
Dont le commencement se trouvait là, face à moi.
Ici, le hasard n'a pas sa place.
Tout paraît écrit, tout semble inéluctable,
Mes mouvements, ma destination et sans doute ce qui m'attendait.
Où pouvait-on bien me mener ?
Dans cet interminable paysage dénué de couleur,
Je ne vois que des cendres...
J'ai marché,
J'ai marché pendant des heures et des heures,
Peut-être même des jours, je ne m'en souviens plus.
Mes plaies aux mains n'ont pas cicatrisé
Mais le sang que j'ai versé a déjà disparu derrière mes pas.
Je suis arrivé au bout du chemin.
Ici ou la-bas, rien n'a changé,
Le même décor de désolation, la même lumière.
Le ciel s'ouvrit pour me laisser entrevoir son soleil,
Une Lune d'Ambre dont la couleur semblait jaunie par l'éternité.
Lorsque l'astre put éclairer une partie de ce qui m'entourait,
Tout le reste plongea dans l'obscurité dans un grondement assourdissant.
A la frontière qu'avait tracé la Lune tout autour de moi,
Des ombres passaient d'arbres en arbres,
Ne s'aventurant jamais hors de leur domaine.
Leur présence ramena dans mon esprit,
Ces chants du désespoir qui m'avaient bercé dans ma chute.
Peu à peu, la plaie ouverte entre les nuages se retira,
Refermant avec elle, celle de mes mains.
Au fur et à mesure que la lumière disparaissait,
Les ombres convergeaient vers moi.
Mais au moment où la pénombre fut presque totale,
Elles s'arrêtèrent puis m'entourèrent, innombrables.
Dans un profond silence, elles attendaient.
Une cloche retentit de nulle part, un signal.
Une à une, les ombres s'allongèrent sur le sol,
Et à travers elles, on pouvait voir le véritable visage des Ténèbres.
Lorsque toute la surface de ce monde fut recouverte,
Et que le néant reprit ses droits,
Toutes ces âmes perdues se mirent à tournoyer autour de moi,
Toujours plus nombreuses, toujours plus rapidement.
Dans un dernier hurlement d'une douleur infinie,
Mon corps se brisa pour laisser s'échapper mon âme,
Qui alla se perdre parmi les autres.
La plénitude provoquée par cette soudaine libération,
Se transforma rapidement en une angoisse profonde.
Dans ce royaume sans frontière,
Où même la mort n'est plus,
Serais-je condamné à errer sans fin ?
| Dead 9 Juin 2008 - 2775 lectures |
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