Gored - Human
Chronique
Gored Human
C'est dingue comme un style peut avoir un nom à connaissance parfaite, un intitulé qui colle à merveille. Si j'avais été à l'oral de l'épreuve du bac français j'aurais dit : « on remarque une allitération en « g » et en « r » dans le terme « goregrind », soit une certaine harmonie imitative visant à créer une impression extrémiste et maladive. On peut d'ailleurs associer ce terme à d'autres ayant les mêmes consonances tels que glairer, gargouillis, grumeleux ou encore gargarisme. ». Quoi de mieux donc que d'appeler son groupe Gored pour faire du goregrind (sachant que ce Gored là n'a rien à voir au Gored américain, sous-clone de Deeds of Flesh). Du goregrind disais-je, un style des plus extrêmes dans lequel tout est permis, ce qui est à la fois un défaut et un avantage mais ceci n'est pas le débat du jour. Du goregrind vicieux et boudiné, du goregrind clinique qui réduit l'homme au simple rang d'objet d'étude. Du goregrind qui lessive les boyaux, qui sait opérer sans anesthésie mais aussi en maniant le scalpel avec un certain doigté. Tout ça c'est Gored.
Pourtant aux premiers abords, le groupe ne paie pas de mine et semble ne pas avoir grand chose pour lui. Ils sont deux donc on pourrait s'attendre à une voix proche du son d'une pipe à eau mélangé à des hurlements causés par l'insertion d'objets contondants dans l'urètre porté par une boite à rythme tapant du 400bpm sur un mur de gratte insupportable. Ils sont deux et ont des têtes de gentils étudiants en médecine. Mais il n'en est rien. Enfin, s'ils sont étudiants en médecine, je suppose qu'ils doivent profiter du week-end pour mettre en application les cours d'anatomie de la semaine. Et le fait d'être deux leur donne l'avantage du minimalisme : l'un est batteur et l'autre est bassiste, les deux ont un micro et savent se faire entendre. Où est la guitare me direz-vous ? Et bien il n'y en a pas, pour la simple et bonne raison que ce duo drum'n'bass n'en a pas vraiment besoin puisque le son de la 5 cordes est absolument énorme. Un son gras et très puissant qui prend énormément d'ampleur à haut volume. Ajoutez-y un son de batterie très naturel, sans abuser de triggs ou de caisse claire en ferraille à la « Putrefaction in Progress » de LDOH et un double chant pitché d'une efficacité rare pour obtenir une musique certes crue, mais sachant créer une atmosphère particulièrement réussie digne de certaines formations de drone-doom.
Ce Human dégage une ambiance de morgue vraiment inquiétante, suffocante et maladive au possible à base de breaks où lourdeur et larsens dronisants se mélangent sur fond de machine respiratoire ou d'accord de basse (en son clair, imaginez l'horreur). Et ce qui fait l'attrait de Gored, c'est de mélanger ses passages très ambiancés et cérébraux à un aspect plus brut et simpliste dû au dépouillement des instruments. Ce côté vicieux et réfléchi est donc mélangé à des attaques purement bestiales à base de rafales de blast et d'un double-chant déformé à l'extrême digne des premiers méfaits des défunts Last Days of Humanity. Le côté cauchemardesque de la chose évoque un « Bile en vacances à la morgue », le tout mixé des riffs boudinés à la C.B.T. Tout se mélange à merveille, que ce soit les accélérations absolument énormes, les hurlements inhumains et bestiaux, cette ambiance médicale dérangeante au possible et cette basse carnassière qui taille direct dans le vif.
Gored ne réfléchit pas tout le temps avant d'opérer, mais lorsqu'il le fait, c'est à ce moment que le duo fait extrêmement mal. Soit il attaque au marteau piqueur directement dans la colonne vertébrale histoire voir à quel point le patient vibrera avant de se disloquer complètement, soit il laisse le patient se vider de son sang sur la table d'opération en le regardant comme un misérable bout de viande sans la moindre valeur. Et ne parlons même pas du final, une lente montée en puissance avant l'explosion vomitive finale dans un déchainement total (ça fait envie). Tout les organes vitaux du patient ont subit des lésions irréversibles, la pire des souffrances durera jusqu'au « biiiip » final de l'électrocardiogramme.
Ce Human est donc une réelle réussite car sachant mélanger l'aspect sauvagerie-brut de décoffrage à une certaine finesse dans l'élaboration d'ambiances malsaines. Le style est puissant, efficace et épuré tout en restant étrangement envahissant et force est d'avouer que dans tous les cas cet album ne laisse pas indifférent. En tout cas, je vous conseille vivement de vous rappeler des visages de nos deux médecins douteux, histoire de fuir l'hopital dans lequel vous pourriez les croiser...
| Scum 3 Août 2008 - 2714 lectures |
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