Cry out! ... Tell me what its gonna be!
Reach out! ... Is everything the same...?
Cry out! ... Tell me what you really see!
Reach out! ... As a coma steals my name...
Si j'imagine bien que le nom du groupe dont il est question ici doit faire ressurgir chez certains l'effrayante image d'une soirée Scrabble en compagnie d'Elizabeth Teissier et Mme Soleil, en ce qui me concerne, le mot “Horrorscope” évoque instantanément le refrain de “Coma », tube parmi les tubes de l'excellent
album qu'
Overkill a sorti en 1991. Mais manifestement, sur leur dernier album en date, les thrasheurs polonais qui ont repris ce doux sobriquet à leur compte souhaiteraient plutôt nous évoquer les démons …
Gné ? Elle est où la contrepèterie là ?
Moi je pensais que les démons ça s'invoquait (
« Viens à moi Astaroth, je te conjure d'apparaître et de me livrer une 4 fromages sans anchois»), qu'à la rigueur ça se convoquait (
« Encore en retard ce matin mon petit Baphomet ! Dans mon bureau, et plus vite que ça !») ou que ça se provoquait (
« Méphistophélès, p'tite bite, viens t'battre si t'es un homme») … Mais les évoquer ? Bon allez, arrêtons de chipoter: il y a de plus sérieuses raisons de faire la moue (
pas la guerre) à l'écoute de cette rondelle de thrash en provenance de l'est.
Pour ce qui est des présentations, mon collègue Hellswrath (
tiens, ne serais-je point en train d'évoquer un démon là ?) s'était déjà chargé de vous mettre au jus, lors de la chronique du petit précédent,
« The Crushing Design »: ce groupe propose une resucée très bien ficelée - du point de vue de la forme tout au moins - de ce que nous offraient il y a quelques années déjà les grands pontes du thrash ricain, le tout fortement recouillifié à l'aide d'évidents accents power metal – pas celui là, non: celui que les américains appellent « groove metal »! Mais si la forme est reluisante donc, le fond, par contre, sonne un peu creux.
A vrai dire, pour être honnête, lors des nombreuses premières écoutes peu attentives de l'album, je me suis dit que le pauvre Hellswrath devait avoir une banane profondément enfoncée dans l'oreille pour avoir ainsi saqué le groupe au sein de sa chronique, ou bien que ce dernier (
le groupe !) devait avoir sacrément progressé en peu de temps. En effet, sur « Evoking Demons », le groupe propose un power thrash drôlement pêchu, initiateur de force craquements au niveau des dernières cervicales, à la croisée
- de la vague power metal qui a suivi la sortie de « Burn My Eyes » et des premiers « vrais » skeuds de
Pantera
- et du retour sur le devant de la scène thrash de groupes comme
Testament (
« Low »),
Sacred Reich (
« Heal ») ou Forbidden (
« Distorsion ») dans le milieu des années 90s.
Grosse patate donc, bon headbang bovin à la clé: pour moi l'affaire était pliée, ça sentait les 7,5/10 cette histoire …
Sauf que j'avais zappé le fait qu'étrangement, aucun morceau ne restait durablement imprimé dans ma caboche. Et effectivement, arrivé le moment fatidique de l'écoute sérieuse, casque sur la tête, sueur sur le front et crayon mâchouillé à la main, la grosse cylindré rutilante s'est révélée ne pas avoir grand-chose sous le capot. OK, « Mephisto » marque des points en distribuant les coups de tatanes à une cadence très respectable, « Killers Breeding » martèle et riffe avec un extrême bon goût (
si vous n'allez pas pogoter contre la chaise roulante de mémé à l'arrivée du riff à 0:31, c'est que vous êtes vous-même en fauteuil !), « The Request » déboule avec une dynamique conquérante et fédératrice, et « Light the Fuse » sait proposer des passages en chant clair bien sentis (
ce passage à 0:48, sur un riff pas complètement direct mais bien juteux, mmmhh …).
Mais quand on gratte juste un poil, sous le vernis de la machine de guerre imposante, derrière ces rythmiques plombées et ces soli systématiques, on peine à trouver une vraie âme, l'impression étant plutôt que le groupe applique une recette de façon automatique, comme un élève appliqué, mais plus tâcheron que vraiment créatif. A titre d'exemple, un morceau comme « Traumatic Legacy » s'essouffle très vite. De même, « The Tide » ou « The Inner Pride » (
ce dernier ayant beau démarrer de façon avantageuse ) font penser à du
Testament vidé de sa substance. « Branded » est un autre bon exemple de l'effet miroir aux alouettes récurrent sur cet album: le démarrage est croustillant, mais dès la première minute passée, on s'enfonce dans la médiocrité et la manque d'inspiration. Comble de cerise sur le pompon: la reprise du « Evil » de Mercyful Fate fait finalement plus penser à
Metallica (
qui reprend un bout de ce titre dans son medley sur « Garage Inc. ») qu'à une nouvelle réinterprétation de ce classique par un petit groupe qui n'en veut.
Bref, cet album est nickel en musique de fond, par exemple en concert, pour maintenir l'assistance et les enceintes au chaud quand on sort le matos du groupe de première partie et qu'on prépare la scène pour la tête d'affiche. Mais il y a peu de chance que ce « Evoking Demons » vienne se trouver une place sur l'étagère chérie où vous rangez vos pépites thrash metal. D'ailleurs je trouve que ces derniers temps, peu de nouveaux prétendants viennent faire ployer la dite étagère sous le poids de leurs décibels (
oh et cachez donc cette vague revival que je ne saurais voir …)
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