Après avoir sorti un premier volet déjà très furax mais plus majoritairement orienté black metal, Osmose sort en 1997 « World Domination II », compilation sur laquelle on se rend bien compte que Hervé, boss du label, commence à mettre d'autres ingrédients que le black dans son vin de messe noire. Et c'est notamment un penchant immodéré pour le vieux crust teigneux qu'on lui découvre, avec pas moins de 4 groupes officiant dans ce registre au menu, dont The Rocking Dildos, les Loudpipes,
Disfear et Driller Killer - dont il est question aujourd'hui. Et encore, c'est sans compter tous les groupes de thrash/punk/black à la Infernö et autre Gehennah qui – même s'ils ne pratiquent pas le crust à proprement parler – officient néanmoins dans un registre proche où le quatuor bière / crasse / mollard / coup de boule est tout autant à l'honneur.
La séquence nostalgie étant close, intéressons nous au poétique « Fuck The World », 3e album du groupe de Malmö, Suède … Et essayons de faire à l'image de la musique du groupe: efficace, court (
enfin disons pas trop long …) et bon. Ayant sans doute grandi au gros son qui tâche, le crust pratiqué par le groupe à un pied solidement ancré dans le metal, ne serait-ce que par les vocaux de Cliff, au grain rugueux et thrashisant, qui évoquent plus la brutasse à patch que le roquet à crête. Pour en rajouter dans le tellurique, on notera que les soli (
Quoi ? On parle bien de crust là ?) ne sont pas rares puisqu'il sont présents sur 2 tiers des titres, et qu'ils sont parfois particulièrement bien sentis (
à 1:40 sur « Fuck The World » ou à 1:13 sur « Suffering is Human » par exemple). On pense parfois au
Impaled Nazarene teigneusement punk de « Rapture », sur « Tomorrow » par exemple, ou encore plus nettement sur « Down the Drain ». On pense plus souvent encore à
Sodom, quand il prend à celui-ci l'envie de virer garage/punkouze et de rendre hommage aux Lemmy et autres
Venom. Ainsi sur « Suffering Is Human », cette basse vrombissante, ce rouleau compresseur riffesque, cette batterie speedée mais dansante: mais bon sang, on aurait presque l'impression d'entendre la reprise de « Angel Dust » que la bande à
Tom Angelripper a couché sur la dernière piste de
« Get What You Deserve »! Sur « Times Up », même topo: le ronron de la basse, l'attitude guerrière et le ralentissement mid de bombardier à 1:31 font une fois encore furieusement penser à l'hybride Sodörhead.
Que dire de plus de cet album sinon qu'on se mange avec grand plaisir 16 baffes furieuses ne dépassant que rarement les 2:30? Chacun de ces titres est un sprint déraisonnable poignée en coin, où tout influx neuronal est violemment réprimé au profit de la pure ivresse, de la violence binaire et de la montée de testostérone qui précède tout saut dans un ravin au volant d'un bolide lancé à 180 km/h … Sentiment d'urgence, refus de la moindre concession, utilisation immodérée des plus basiques mais plus efficaces poncifs du genre, « Fuck the World » est un condensé quasiment sans faille du meilleur crust thrashy qui soit. S'ils ne fallait retenir qu'une poignée de morceaux de cet album, ce serait l'hymnesque et Motörheadien « Blind, Naked & Covered With Shit », le massif « Times Up » (
qui figurait d'ailleurs sur « Worl Domination II »), « Suffering Is Human » dont je vous entretenais pas plus tard qu'il y a quelques lignes de ça, ainsi que les brûlots « HS. 69 », « Fuck The World » et le plus black/thrash « Thrill Of The Pill ».
Allez, débranchez moi un peu ces neurones, sortez le pack de 24, poussez le volume à donf', et allez jouer de l'épaule contre les murs de votre piaule au son de ce « Fuck The World » qui rempli parfaitement son rôle d'exutoire bien gras, mais bien bon (
ma bonne dame).
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