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Domination Through Impurity - Essence Of Brutality

Chronique

Domination Through Impurity Essence Of Brutality
Joe Payne, ce son nom parle à tous les amateurs de death metal qui suivent les potins mondains et la presse metal people depuis quelques années. Cet homme a eu son quart de gloire quand, à même pas 21 ans, il a rejoint Nile pour la tournée de Annihilation Of The Wicked. Mais ce qui l'a vraiment fait passer à la postérité, c'est surtout cette interview de Karl Sanders par notre ami Keyser, qui a contribué à foutre encore un peu plus le boxon par forums interposés. Quand l'ami Sanders (Karl, pas Cindy) parle de Joe Payne sur le plan musical, il le fait en des termes élogieux, car il est effectivement très talentueux, mais quand il parle du bonhomme, il le décrit comme immature. Etrangement, ce sont aussi les deux principales facettes de Domination Through Impurity.

Domination Through Impurity est un jeune groupe américain rassemblant Joe Payne (qui a aussi officié chez Lust Of Decay, Lecherous Nocturne, Divine Heresy et donc éphémèrement Nile), et Jordan Varela (de Lust Of Decay, Lividity et Cespool of Vermin pour ne citer que quelques groupes), et formé en 2004. Alors que Jordan martèle ses fûts, Joe s'occupe de tout le reste : guitares, basse et chant, et le moins que l'on puisse, c'est que les deux garçons tiennent plus du virtuose que du manchot, on ne s'étonnera donc pas que le groupe verse dans un brutal death ultra technique, très varié et changeant.
Sorti un mois tout juste avant que Joe ne parte avec Nile en tournée, le premier album de Domination Through Impurity, Essence Of Brutality, a de quoi laisser pantois d'admiration n'importe quel musicien. Les premiers riffs de l'album annoncent la couleur : lead sweepé exécuté ultra rapidement et avec une propreté phénoménale qui s'enchaîne avec le refrain du morceau lui-même extrêmement technique, mais ultra accrocheur… Tout cela a de quoi mettre sur les rotules et faire baver d'envie. Et ce niveau de technicité ultra élevé reste constant tout au long de l'album, qui s'avère de ce côté-là aussi savoureux que prenant : les solos sont magnifiques, les parties de batterie superbement maîtrisées, dosées, pesées, pensées… et surtout, l'ensemble est extrêmement varié. Les plans s'enchaînent à une allure folle, les variations de tempo sont légion, de ce point de vue, Domination Through Impurity est non seulement très original, mais se démarque nettement de la concurrence en matière de brutal death technique. Seulement il y a un « mais », et il est de taille.

En effet, là où le groupe a de quoi faire un brutal death technique ravageur et réellement impressionnant, on a le malheur de voir le soufflet pourtant très alléchant retomber dès la 47ème seconde du titre éponyme, qui est le premier morceau. Domination Through Impurity tombe en effet la tête la première dans le grand tort du brutal death américain : le bon ralentissement pachydermique qui alterne inlassablement deux accords seulement pour bien souligner l'aspect lourdeur… C'est aussi exécuté avec beaucoup de talent (la subtilité de la batterie sur ces plans y est pour beaucoup), mais le mal est fait. Ce qui fait le génie d'Origin, et ce qui en fait de loin le meilleur groupe de brutal death du monde au passage, c'est de ne jamais incorporer ces immondes ralentissements dans une composition, d'avoir compris que ce type de passage n'est d'aucune pertinence dans le brutal death technique, car il ne sert qu'à laisser les musiciens se reposer entre deux accélérations, et ne comporte par conséquent pas la moindre trace de brutalité. Dommage quand on fait un album qui se nomme Essence Of Brutality. Bon, les dégâts pourraient être limités si ces riffs ne venaient qu'une fois par morceau, mais en l'occurrence, nos deux gaillards ont préféré en mettre un toutes les 30 secondes. Voilà comment faire de ce qui aurait pu être un album monstrueux un album à moitié intense, et donc seulement à moitié bon.
Mais, le tableau n'est pas encore totalement noirci. Il faut bien sûr ajouter au rang des déceptions le chant de Joe Payne vraiment beaucoup trop profond pour les canons du style, manquant parfois carrément de puissance, et une production très claire mais trop compacte, assez clinique, manquant de puissance et de relief, qui lisse encore un peu plus des compositions auxquelles il n'est pas toujours facile de se raccrocher.
Et bien sûr, cerise sur le gâteau, Essence Of Brutality est d'une durée carrément honteuse, digne de celle d'un EP : 26 minutes. Alors que normalement j'écris mes chroniques le temps de l'écoute d'un album, j'ai eu le temps de l'écouter trois fois pour écrire celle que tu es en train de lire cher petit lecteur. Un bon quart d'heure, voire vingt minutes en plus, n'auraient franchement pas été de trop.

Talentueux, nos deux musiciens le sont assurément, et leur musique le prouve. Rarement j'ai eu l'occasion de jeter une oreille sur un album de brutal aussi technique, aux riffs changeants et à l'intensité si variée. Les premier et dernier riffs de l'album sont de surcroît excellentissimes, et malgré un net passage à vide pendant six morceaux tous à peu près au même niveau, Essence Of Brutality a le mérite de laisser de bonnes première et dernière impressions.
Seulement, les trop nombreux passages lourds, la voix qui ne colle pas au style et la production qui met plus en avant les qualités techniques des musiciens que l'âme des morceaux démontrent aussi une certaine immaturité. Bien qu'il soit original, le style de Domination Through Impurity est encore trop proche des canons du brutal death US pour pouvoir prétendre au statut d'album référence. Mais quand on voit que les deux jeunes musiciens passent visiblement plus de temps à s'autocongratuler de leur niveau technique irréprochable, jusqu'à se mettre en premier dans les remerciements du livret, qu'à se remettre en question, on se dit que Karl Sanders n'a pas du se montrer si injuste que ça envers Joe Payne. Espérons qu'avec le nouvel opus intitulé Masochist, prévu pour ce printemps, le groupe aura gagné en maturité, tant dans l'attitude que la composition, car pour l'instant il est encore assis le cul entre deux chaises, celle vieille moche et pleine d'échardes du brutal death US commun, et celle sur laquelle tout le monde a envie de s'asseoir car elle est belle et confortable du brutal death technique. En attendant un nouvel essai peut être salvateur, je retourne écouter Origin.

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Domination Through Impurity
Brutal death technique
2005 - Comatose Music
notes
Chroniqueur : 6.5/10
Lecteurs : (3)  6.17/10
Webzines : (3)  6.67/10

plus d'infos sur
Domination Through Impurity
Domination Through Impurity
Brutal death technique - 2004 - Etats-Unis
  

tracklist
01.   Essence Of Brutality
02.   Pinned To A Guardrail
03.   In Rat We Trust
04.   Self Destructive Malevolence
05.   Terminal Gluttony
06.   Bit by a Rat
07.   Cleanse The Flesh
08.   Wahnsinn

Durée : 26:08

line up
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