Fantômas - The Director's Cut
Chronique
Fantômas The Director's Cut
2009 après JCVD. Toute la Gaule est occupée par Video Futur, ces merveilleux supermarchés du film dont l'offre se résume aux dernières purges de Will Smith et Nicolas Cage. Toute la Gaule? Non! Un vidéo club indépendant résiste encore et toujours à l'envahisseur ...
Scarlet Johansson : Dis donc Thomas, qu'est ce que c'est que ce quartier miteux? Si tu cherchais un coin sombre pour me serrer, c'est pas vraiment le pied ...
Thomas Johansson : Le pied? Qu'est ce que c'est que cette histoire de pieds? Les pieds seraient-ils le point sensible des hommes du futur? C'est sûrement dû à un accroissement de la pesanteur
S.J. : Très amusant. Tu vas m'expliquer ce qu'on fait devant cette drôle d'enseigne?
T.J. : Ça ma chère, c'est le dernier vidéo club digne de ce nom que je connaisse. On y trouve de tout! Du catégorie 3 hong-kongais, des films de triades, des vieilleries de la Hammer et l'intégrale Mickael Dudikoff. Et tiens toi bien, ils ont même des films français! Tu m'écoutes?
S.J. : Je suis toute oreille ...
T.J. : Donc nous allons louer un film! Mais un chef d'oeuvre, un vrai, pas comme les daubes que tu as tourné avec Woody ces quatre dernières années. D'ailleurs faudrait songer à soigner ta filmographie parce qu'en dehors de « Lost In Translation » et « Ghost World », tout le reste est limite intenable.
S.J. : D'accord mais je te préviens : ni animaux mutants, ni actioner débile avec un myopathe belge.
T.J. : Alors on va faire dans le classique! David Lynch? Polansky? Coppola?
S.J. : Hum ... il donnait pas dans le porno lui?
T.J. : Non, ça c'est Fred Copula. Ne me dis pas que tu n'as jamais vu « Le Parrain »?
S.J. : Euh ...
T.J. : Twin Peaks? Rosemary's Baby? La nuit du chasseur?
S.J. : Hem!
T.J. : Je vois. Choix cornélien! Par où commencer? Ah! J'y suis. Un petit FANTOMAS ça te dit? Mais le deuxième volet, « The Director's Cut », parce que le premier du nom est tellement raide que tu risquerais de prendre peur.
S.J. : Ça parle de quoi?
T.J. : On va dire qu'il s'agit d'un film somme, qui reprend à son compte les recettes les plus éprouvées du cinoche ricain pour les accomoder à la sauce extrême. Le casting, brillant, est aussi improbable que certains choix de production, je pense notamment à des oubliés de la nation comme « Spider Baby » (aux riffs processionnaires ô combien subjugants) ou « Experiment In Terror », aussi brutal et sensuel que l'irruption d'une femme fatale dans le viseur d'un privé enquêtant sur un meurtre sordide.
S.J. : Lombardo, Patton, Dunn ... non désolé, ça ne me dit rien.
T.J. : Voyons Scarlet, Dave Lombardo! La crème des batteurs thrash ayant ratatiné tout le monde des années durant avec les légendaires SLAYER et passé depuis chez GRIP INC. ou TESTAMENT! Buzz Osborne et Trevor Dunn, des MELVINS, groupe barré s'il en est et qui ne sont pas à une expérimentation près! Mike Patton surtout! Frontman de génie aussi réputé pour ses penchants coprophages que pour ses véléités crooneresques au sein de FAITH NO MORE! Et je ne te parle même pas des délirants MR.BUNGLE, des mystiques TOMAHAWK ou du radio friendly PEEPING TOM, où le grand Mike se permet de faire dire les pires insanités à la chanteuse Nora Jones!
S.J. : C'est bien gentil tout ça, mais ça ne me parle toujours pas.
T.J. : Alors imagine une grande saga familiale, Al Pacino, James Caan, Bob Duvall, la Sicile et le thème inoubliable de Nino Rota repris à la sauce grind/thrash par un gang de barbares jamais à court deyee-haaet autres élucubrations vocales, ce qui n'empêche pas une cohabitation entre orchestrations d'origine et soubresauts métalliques d'une rare justesse. « The Godfather », où comment tirer des larmes aux plus endurcis de la feuille avec du blast et du la-la-la pattonien ! Je lui met au moins 8 sur mon échelle de doigts!
S.J. : Je vois. Encore une ode à la paix et à l'amour de son prochain.
T.J. : Complètement! D'ailleurs on continue dans la violence avec l'incroyable « The Omen : Ave Satani », tirée du film de Richard Donner avec Gregory Peck – Au secours! Y a un peck qui me menace! Il a un gland dans la main!- monstre d'emphase à faire rougir EMPEROR de honte, à passer en boucle le dimanche à l'heure de la messe en faisant des bras d'honneur énergiques à l'attention du curetaille responsable de vos insomnies!
S.J. : Moi aussi il me réveillait aux aurores en sonnant les matines. Mais j'ai réglé le problème.
T.J. : Explique toi?
S.J. : Je suis allé le chauffer dans le confessionnal, puis j'ai hurlé au viol. Comme j'ai l'air d'avoir quinze ans, il a pris perpète.
T.J. : J'adore! Comme le thème fantastique de « Cape Fear », aussi tétanisant que la prestation de Bob De Niro dans le remake de Scorsese, même si certains préfèreront toujours l'original avec Robert Mitchum. Des guitares aussi lourdes que l'atmosphère d'un thriller où rien n'est épargné à Nick Nolte et sa famille, des lignes de chant aussi perverses que la relation qu'entretient Juliette Lewis avec son mentor, tout y est, n'en jetez plus, et surtout pas ce break enjôleur et crépitant à 48 secondes qui précède un climax aussi sec et brutal qu'un film de John McNaughton. McNaughton, puisqu'on en parle, dont on retrouve un « Henry : Portrait Of A Serial Killer » (avec ce bon vieux Michael Rooker) à l'atmosphère lourdissime, étouffante et moite : un titre qui n'aurait pas dépareillé sur le premier album de TOMAHAWK, avec moults samples spaciaux, couinements de guitares et rythmes tribaux, sans omettre bien sûr le chant incantatoire de Patton, parfait de bout en bout. Encore une prestation de classe mondiale pour le général, loin de l'infâme bouillie electro-rap enregistrée en compagnie des X-ecutioners. Avoue que ça fait envie non?
S.J. : Ça donne faim. Tellement faim que je boufferais le cul d'une vache enragée. Où sont les distributeurs de MM'Ms?
T.J. : Je crois qu'ils font d'excellents sandwiches aux boulettes à l'angle de la 19ème. D'ailleurs moi aussi, je commence à crever la dalle. Alors “The Director's Cut, ça te branche? On s'en paye une tranche?
S.J. : D'accord, mais je me garde “La revanche d'une blonde 3” sous le coude comme bouée de sauvetage. Garçon! Combien pour deux DVDs?
Video Boy : J'en prendrais pour 1 dollar! Ahahaha!
S.J. : Qu'est ce qu'il y a de si drôle? Thomas, you 've got some fucked up friends I'm tellin' ya!
T.J. : Hé! Pourquoi tu te met à parler anglais tout d'un coup?
S.J. : C'est juste parce que j'ai extrait cette réplique de film d'un DVD zone 1 qui ne contient que le doublage québécois et qu'en version originale, les lecteurs auront plus de chance de retrouver le film en question, à l'instar des 8 autres répliques soulignées dans cette chronique.
T.J. : Encore une chronique à la con! Une de plus et je gagne un grille pain en inox.
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