« Abyss, ça glisse, au pays des murènes
Putain, Cyril, tes intros m'font d'la peine … »
Bah quoi? Francky Vincent donne dans la musique des îles, Abyss dans la musique d'entre 2 îles – du bon gros modern mélodeath de boucanier qui ne renâclera pas à écluser des chopines de rhum lors d'une future escale antillaise – … bref, ça le fait non? Oh je vous vois venir: ça commence à bien faire la thématique « Pirate des Caraïbes », les Alestorm, Battleheart, Swashbuckle et autres Za Piratz … Toujours à recycler les derniers gimmicks à la mode, les métalleux! Sauf qu'Abyss pratiquait déjà le moussaillon metal en 2006, lors de la sortie de sa démo
« Silent Depths » – chroniquée en son temps et ces lieux par $am (
… le pirate. Ah ah, top fun la blague) – à une époque où seul Running Wild osait hisser le pavillon noir. Et si l'on voulait être tout à fait exact, il faudrait rectifier le tir et préciser qu'Abyss semble plus s'intéresser aux bébêtes des grands fonds (
le Kraken étant le dernier du bestiaire à avoir les honneurs de la pochette) qu'aux bachi-bouzouks de marins d'eau douce.
Que nous disait $am du style pratiqué par le groupe en ses prometteurs débuts? «
… oscillant d'un death/thrash varié à des parties plus stoner […] le tout dans des proportions d'un groupe de prog, …». Sans être passée violemment du néo-goth au goregrind le plus glaireux, il est vraisemblable que la musique du groupe a du légèrement muter, les compos livrées aujourd'hui pouvant certes encore vaguement se ranger bon gré mal gré sous ce descriptif, à condition toutefois de n'être pas non plus trop regardant. Non, à vrai dire les compos de « Against the Sea » sonnent plus comme du mélodeath de bonne facture, la sauce ayant toutefois été allongée d'une grosse louche de modern death à la mode de chez nous, que l'on plante avec une voix aboyeuse bien power/core qui donne la toux, que l'on plante avec du riff saccadé et de la mosh part (
bien dosée) qui secoue. En fait l'impression dominante qui ressort de l'écoute de cet EP c'est quand même que le groupe a laissé une grande place à la Suède dans son coeur. A la Suède de Göteborg tout d'abord, avec ces twin guitares mélodiques qui pinguent et qui ponguent à longueur de leads, mais aussi à la Suède des batteurs qui maltraitent leur kit sur des cavalcades échevelées à la mode death/black furieux (
à 3:21 sur « Beyond the Lighthouse », à 0:28 sur « The Navigator » …), ainsi qu'à la Suède des neurasthéniques qui ont la mélodie dark, la pointe épique et le violon occasionnel mais présent (
cf. la fin de « Beyond the Lighthouse », « The Navigator » vers 2:36 …).
L'aspect modern death est-il ici rédhibitoire? Disons que les caractéristiques du genre sont bien présentes. Tout dépend de votre tolérance au chant rauque aboyé, à votre degré d'acceptation du riff qui fait tchac/tchac/tchac sur une note unique et à votre amour pour le mosh le plus groovy et puissant (
à noter un très bon défouloir à 2:17 sur « The Navigator »). Les amateurs retrouveront même un plan typiquement
Trepalium-esque (
cette pulsation joyeuse à 0:59) répété à intervalle régulier sur « Descent in the Nile », bien que ces remue-fesseries soient à mon sens assez éloignées, dans l'esprit, des ambiances de nuit passées sur un pont battu par les vagues à lutter contre les tentacules empoisonnés d'un calmar nourri aux hormones de mammouth.
Puisqu'il faut bien finir par mon avis donner (
et hop, pirouette inutile), je vous dirai que j'aime bien le résultat de ce mélange
Darg Tranquojirien, même si je ne raffole pas des grognements écorchés d'Alex. La performance des gratteux me botte bien, mais j'avoue qu'au final, peu de choses restent durablement imprimées dans le mou de mon bulbe rachidien (
rien à voir avec une quelconque excroissance végétale de l'épicier du coin de la rue). C'est d'ailleurs principalement à cause de ce manque du petit je ne sais quoi insaisissable qui parfois nous scotche sans que l'on sache bien pourquoi que la note attribuée ici stagnera entre deux eaux. « Against the Sea » est donc un EP tout à fait recommandable, pourvu que l'on adhère aux genres cités plus haut.
« Abyss, ça glisse, au pays des berniques
La chro, finit, sur ce refrain merdique … »
3 COMMENTAIRE(S)
15/12/2009 15:26
15/12/2009 14:02
15/12/2009 13:53
Un endroit où trouver pour pas cher les enfants?