Rimfrost - Veraldar nagli
Chronique
Rimfrost Veraldar nagli
Quand on a seize ans tout juste sonnés et qu'on arrive à tenir un instrument à peu près droit, on se met souvent en tête de trouver d'autres camarades aux cheveux mi-longs et gras pour monter un groupe. Bon, la musique on s'en fout, c'est juste pour les filles et les bières gratos quand on joue dans un bar, alors hop, on recopie trait pour trait les gimmicks de ses groupes préférés et on trouve un nom clichesque mais évocateur, histoire que tout le monde sache dans quelle cour (de récré) on joue. C'est un peu l'histoire de Rimfrost, groupe formé par des minots de 14 ans en 2002, et que j'ai découvert en 2005 avec A Journey To A Greater End. À l'époque j'avais trouvé leur pastiche de Immortal assez bien fait, car malgré le manque d'originalité, la musique était tout de même bonne – après tout la copie d'un tableau de maître demeure un bel objet. Bonne au point de me procurer l'EP suscité et le premier album des suédois, A Frozen World Unknown, qui continuait à verser dans l'hommage appuyé aux norvégiens. Trois ans après ce premier essai et une signature chez Season Of Mist plus tard, il y a clairement du changement, et Rimfrost est enfin parvenu à digérer un peu mieux ses influences… dommage que le reste ne suive plus !
Quand je vous dis que Rimfrost faisait du Immortal je verse même dans l'euphémisme, j'avais plutôt l'impression d'entendre des chutes de studio de Damned In Black et Sons Of Northen Darkness, du son des guitares jusqu'à la voix, des riffs heavy-black classieux jusqu'aux glaciales arpèges d'un des tous meilleurs albums de black metal de tous les temps : At The Heart Of Winter. Mais, ô surprise, Veraldar Nagli montre enfin un visage plus personnel de Rimfrost, qui se manifeste en un virage sensible vers un black/thrash de la vieille époque, et la voix ne prend plus que très rarement des intonations à la Abbath, pour se concentrer sur des vocaux assez graves et profonds. Le changement est sensible, et le groupe a enfin laissé la place à d'autres influences, les jeunots s'étant enfin décidés à explorer ce que le metal offrait avant Diabolical Fullmoon Mysticism : Metallica, Iced Earth et Bewitched en particulier ressortent tous nettement au détour de quelques riffs. Le titre d'ouverture, éponyme, en est le parfait exemple puisque après quelques arpèges de rigueur, il évoque tour à tour ces quatre groupes. Pas de black metal furieux, sombre et possédé au programme donc, Rimfrost joue plus la carte du riff efficace thrashisant et de la mélodie easy-listening du heavy metal. Le côté black metal s'est donc amenuisé, et un « The Black Death » évoquant Damned In Black ou « The Raventhrone » aux accents de Reinkaos font plus penser aux vieilles gloires qui s'étaient déjà écartés des codes du style.
Le tableau est a priori prometteur et Veraldar Nagli a tout pour être un sympathique album, manque de bol le groupe pêche dans une réalisation approximative (le placement laisse parfois à désirer) et franchement peu inspirée. Passés les deux premiers morceaux cet album devient particulièrement chiant et redondant, et hormis un ou deux riffs sympas (notamment un des premiers sur « Scandinavium ») il n'y a strictement rien à en retenir. Mention spéciale à un Legacy Through Blood qui ne décolle jamais et tombe totalement à plat, suivi d'un Moutains Of Mana (non, pas « might ») ignoblement soporifique.
Au-delà de compositions moisies, même la production laisse à désirer, hormis un son de guitare encore très proche des derniers Immortal, la production est horriblement crue (c'est à se demander où est passée la post-production) et la batterie beaucoup trop en avant. Non content d'être mauvais, Veraldar Nagli nous casse aussi les oreilles...
Poussif, évoquant plus un thrash bas de gamme qu'un digne successeur de Bewitched, Rimfrost déçoit malgré sa légère prise de risque (un album Immortal-like de plus aurait tout de même été un pur foutage de gueule). La démarcation des suédois de leur influence principale ne leur a donc clairement pas souri : j'avais quitté Rimfrost comme un honnête cover-band, je le retrouve comme un énième groupe de black/thrash chiant. Dommage, j'ai cru l'espace de quelques années que ce groupe avait du potentiel, mais j'ai peut être été fourvoyé par leur duplication quasi-parfaite d'une recette excellente bien que déjà vue cent fois. Et aux éternels râleurs se plaignant du fait que je critique une fois de plus l'évolution d'un groupe, je ferai remarquer que passer d'un groupe efficace bien que non original à un groupe à la fois nul et peu original n'est pourtant clairement pas ce que l'on peut qualifier de progrès.
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo