Eh non, perdu: Slit n'est pas, contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser, un groupe australien. Cette histoire de Slit kangourou vous aura manifestement induits en erreur (
hum … On passe). C'est de Malte – sa croix, son faucon, son Corto Maltese – que nous viennent ces fiers et furieux gaillards. Et si le groupe a récemment réussi à se frayer un chemin jusqu'à nos oreilles, ce n'est pas parce que Anticulture s'est mis en tête de promouvoir un metal aux origines exotiques, ni même parce que l'île a rejoint l'Union Européenne il n'y a finalement pas si longtemps que ça, mais bien parce qu'en dépit de la faible production locale, ce petit carré de terre a réussi à produire avec « Ode to Silence » un bon gros pavé de metal aussi intéressant qu'il est énergique.
En même temps ce n'est pas si étonnant car, si l'on met de côté les considérations géographiques, on se rend compte que Slit ne débarque pas soudainement de nulle part. En effet le groupe a déjà 10 ans d'activité sous le coude, ainsi que 2 démos et
« Cronaca Vera », un premier album passé un peu inaperçu par chez nous (
Et non par contre, désolé: a priori pas de slit-cd, même avec leurs compatriotes de Beheaded). Côté style, le créneau dans lequel s'ébattent nos 4 maltais a le mérite d'être clair, et on ne peut plus honorable: on nage ici dans la tradition power metal popularisée par
Pantera (
genre également appelé « groove metal » en ces contrées où l'on mélange mayo et ketchup et où l'on noie le tout sous des litres de liquide sucré et pétillant). C'est criant: entre les intonations de Frank, qui s'en vont régulièrement taquiner le registre Anselmien, et ces passages typiques qui ressuscitent parfois carrément le phoenix texan (
à 2:30 sur « Omerta », on se croirait sur « Cowboys from Hell ». Et ce riff vicelard à 2:50 sur « White Shotgun » …), Slit contribue à rendre un petit peu moins assourdissant le silence laissé par la disparition de cette tête de pont du metal des 90s.
Mais si je vous balançais dans le chapitre précédent un « honorable » sans justification apparente, c'est que Slit utilise cette influence non comme une fin, mais comme un moyen, un socle sur lequel il empile ses propres briques pour tenter de – et réussir à – bâtir un style bien à lui. Ainsi le groupe, fort d'un excellent batteur qui s'épanouit dans le blast comme dans les plans plus ambitieux et chargés en polyrythmies, nous offre à intervalles réguliers des épisodes lorgnant vers la folie mathcore (
écoutez-moi le début de « Omerta » ou encore celui de « La Mano Nera »). En maintes occasions, il se révèle ainsi bien plus échevelé et adepte de galipettes technico-houleuses que ce à quoi nous ont habitués les célèbres texans. Et puisqu'on en est à évoquer des apports stylistiques annexes suffixés en –core, on ne pourra passer sous silence le fait que Slit a largement badigeonné ses influences initiales de généreuses couches de hardcore. La gorge de Frank expulse ainsi régulièrement ces aboiements typiques des bad boys en short. Et puis ces mosh parts, cette rage très urbaine et un « The Bleeding Rose of Fate » caractéristique du genre sont sans ambiguité quant à cette autre influence majeure du groupe.
Mais si on en restait là, l'émancipation des Slit boys vis-à-vis de leurs influences resterait bien pauvre, l'injection de hardcore dans la sauce metal étant carrément à la mode ces dernières années. Heureusement, le groupe va bien plus loin. Ainsi il n'hésite pas à se faire plus death (
cf à 1:58 sur « … Of Serprent »), voire à donner dans le pig squeal (
cf. à 3:28 sur « Down the Gut ») – ce que n'aurait sans doute pas renié le Philou, ni même les amateurs de la plus récente scène brutal deathcore. Mais plus risqué encore, le groupe s'offre des aventures indé-rock noisy et intimistes (
« Catharsis »), de l'exercice free style à la basse (
« Il-Halfa ») et même une parenthèse space-rock Floydienne (
sur « White Shotgun »). Mais on avouera quand même que c'est quand Slit arrose la voisinage à la sulfateuse qu'il arrive le mieux à toucher notre petit cœur fragile de grosse brutasse, notamment sur l'exceptionnel « To Blood And Vendetta », mais également sur les virulents et fédérateurs « Omerta » et « Final Stance ».
Pour ceux qui n'auront pas eu le courage de lire le blabla ci-dessus dans son intégralité, résumons: « Ode to Silence » c'est 60 bons pourcents de pur
Pantera, et pour les reste un metal plus moderne, plus technique et plus « core », le tout saupoudré d'expérimentations lors desquelles le groupe se fait plaisir (
… ce qui a pour effet de foutre la banane à Slit - comme dirait Lio). On pourra regretter un penchant un peu trop hardcore, ainsi que quelques exercices plus convenus – ou en tout cas moins ébouriffants – mais cet album n'en reste pas moins à la fois hyper efficace et relativement original, se payant même le luxe de proposer quelques hymnes en puissance. Bref, ce n'est pas encore aujourd'hui que je pourrais finir ma chro sur un « Echec et Malte » mérité …
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