La French School of Modern (
Death) Metal n'en finit pas de ne pas vouloir décliner. Prenant leur source dans les eaux vives des débuts de
Gojira et de
Trepalium, plaçant leur foi dans les guides spirituels
Meshuggah et
Pantera, et se regroupant parfois au sein d'institutions spécialisées de renom comme la Klonosphere, de nouveaux groupes hexagonaux s'évertuent années après années à déverser leurs offrandes dans les bacs, entretenant par là même la flamme d'un genre qui allie le chaud d'un groove épais, le tiède d'atmosphères relaxantes et le froid d'exercices rythmiques aussi peu naturels que méticuleusement millimétrés (
Putain, j'ai réussi à finir cette phrase sans me prendre les pieds dedans. Béni sois-tu St Proust, ô bien aimé patron des bavards du web et d'ailleurs …). Vous l'aurez compris, la nouvelle sensation issue de cette prolifique scène, vous l'avez sous le nez (
Mais non, restez concentrés que diable: Mustasch c'est suédois!): Clampdown nous vient du nord, et il livre avec « Vision of Splendor » un premier album enthousiasmant placé sous le haut patronage de la sus-nommée Klonosphere, ainsi que de Season of Mist pour la distribution.
Et pour le coup, Clampdown est l'archétype même du groupe de la FSOM(
D)M: assumant pleinement leurs influences, les lillois mêlent avec talent les caractéristiques des grands frères qui les ont précédés, notamment
Gojira,
Hacride /
Meshuggah et
Textures. En effet ce phrasé écorché, ce déhanché puissant et ces décalages tout en souplesse fleurent bon le pin des Landes. Les froids et mécaniques effets de stroboscope guitaristique, le hachoir rythmique saccadé et les grincements dissonants dégagent quant à eux le fumet caractéristique de la bande à Thordendal. Et ces guitares nébuleuses qui égrènent en arrière plan – ou loin au-dessus du reste – arpèges feutrés et mélodies paresseusement étirées en longs chapelets de notes esseulées, ça ne vous évoque pas une fameuse formation de l'autre pays du fromage?
Copie conforme alors, Clampdown? Disons plutôt que le groupe pratique un melting pot réalisé avec amour, savoir-faire et une patate grosse comme ça. Bien que très homogène, peu aventureux (
en dehors du cadre stylistique décrit précédemment j'entends …) et ultra compact, « Vision of Splendor » réussit à être fin, intéressant et accrocheur. A l'image de leurs camarades de chambre Klonosphériens de
Mistaken Element sur leur dernière livraison, le groupe réalise un très bon album sans pour autant avoir vraiment réussi à développer une personnalité bien trempée. Il faut dire que l'impact des titres est assez immédiat et que les plans de nature variée s'enchainent avec intelligence de manière à maintenir l'intérêt et à faire jouer les effets de contraste. Qui plus est le groupe a la présence d'esprit de ne pas abuser du poil à gratter musical que sont les dissonances, cassures contre-nature et autres riffs vrille-nerfs, mais serait plutôt du genre à distiller en continu un groove et une hargne qui seront familiers des amateurs de
Pantera et consort.
Sur les 5 premiers titres de l'album, Clampdown tape très fort, distillant régulièrement des plans propres à foutre le feu en concert (
les ratatatatam à 3:30 sur « Returnity », la montée de pression appelant au pogo/headbang à 1:35 sur « Ghost of Purity …), transfigurant – au bout d'une minute – un titre au début lancinant en un tube au refrain imparable (
« I'm li-qui-fy-iiiiiiiiiiiiiiiing, from the in-side!! » sur « Faded »), lâchant du blast quand les pieds vous démangent et de la mosh part meurtrière pile-poil au moment où votre nuque vous crie son envie de faire du yoyo. Par contre c'est vrai qu'après la douce interlude « Outside », la fatigue commence à se faire sentir, et on se surprend à avoir peur que l'intérêt ne s'émousse à l'écoute d'un « The Dirge » qui peine à renouveler le propos du groupe. Mais avec « Times of Tragedy » la pente de l'inspiration reprend brusquement sa course ascendante, le final du morceau étant tout bonnement hallucinant de puissance (
calez-vous à 3:32, et préparez-vous à une bourrasque de parpaings en pleine tronche. Non seulement ça pleut de la saccade-couperet, mais en plus les guitares viennent rehausser le tout de majestueux élans lead dès 3:52, l'ensemble allant crescendo jusqu'à ce que s'échappent des 6 cordes des chapelets de bulles expérimentaux …).
Les amateurs du genre qui frétillent encore au souvenir des derniers
Hacride,
Mistaken Element ou autre
Om Mani n'auront pas d'autre alternative que de se jeter aveuglément sur ce « Vision of Splendor » providentiel. OK, l'originalité n'est peut-être pas tout-à-fait au rendez-vous, mais le savoir-faire, la patate et l'efficacité sont ici présents à un degré tel que je peux vous garantir entière satisfaction sans vraiment prendre de risque. De plus, avantage sur certains de leurs congénères, la propension du groupe à faire baigner sa musique dans un bain de groove et de hargne power metal laisse entrevoir la possibilité de prestations live ravageuses. Allez les d'jeunes, on arrête de ne donner ses pépettes qu'aux frères Duplantier et on va un peu s'intéresser à ce qui se passe dans le nord, plus vite que ça!!
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