Klang!!! - After The Silence

En fans de metal chevronnés que vous êtes, vous en aviez déjà vu passer des vertes et des pas mûres. Côté ponctuation par exemple, on vous avait déjà fait le coup des points d'interrogation (c'est d'ailleurs dans l'hexagone que ça se passe, avec ????), des points de suspension (...and Oceans), des deux points (avec V:28), des comparateurs (avec <code>) … Et voilà maintenant que des français viennent remettre les points d'exclamation à l'honneur (oui, « remettre », parce que les tchèques avaient déjà tenté l'aventure avec !T.O.O.H.!). Klang!!! qu'ils s'appellent donc les zoziaux, voilà, c'est ça, même que je ne suis pas obligé de mettre une majuscule à « qu'ils » bien que le mot suive un point d'exclamation – c'est dingue non, on s'éclate comme des bêtes quand même sur Thrasho!

Klang!!! donc, parce que ce bruit évoque un choc métallique, et que c'est là la volonté du groupe, de créer un choc, et métallique, du moins dans notre acceptation musicale du qualificatif. On écouterait du « black éponge » et du « death éponge », le groupe aurait galéré un max pour se trouver un nom. Ils ont eu du bol quand on y pense. Bon, trêve de digressions oiseuses: quelle espèce de décibels se tapit dans le boîtier de « After the Silence »? Eh bien un nouvel (un Nième pourrais-je écrire, tant le genre est prolifique par chez nous ces derniers temps) album de French modern / math / zébulon / chaotic / core metal. Je suis sûr que vous aussi vous avez déjà reçu cette carte postale audio. Si si, les copains nous envoient toujours la même: au premier plan on y voit un sosie de Meshuggah en caleçon de bain, sur le sable, allongé à côté d'une blonde platine mélodique à chant clair. Au loin sur la Grande Bleue, un surfeur se fait bringuebaler par des vagues saccadées et des courants syncopés. Sur la plage, un vendeur ambulant aboie de sa voix corisante la plus écorchée à destination de vacanciers auxquels il aimerait refourguer ses cabrioles techniques, ses contretemps et autres cassures. Dans son sillage, une sarabande de mioches excités bondissent, chahutent et trépignent, donnant à la scène des allures de boxon chaotique parcouru de continuels spasmes zébulonesques. Heureusement, la blonde est bien mise en valeur sur la photo, histoire que la douceur de ses formes fassent passer la pilule du bordel ambiant.

Bon, rassurez-vous: malgré le ton de cette peinture sarcastico-caricaturale, tout cela est très bien fait. D'ailleurs l'écrin du mixage (from F.Nordstrom @ Fredman Studio) et du mastering (from Finnvox studio) permet de bien mettre l'ensemble en valeur. C'est le tiroir-caisse qui a du faire Klang!!! lui aussi d'ailleurs… L'album démarre sur deux morceaux dynamiques et habilement dosés, qui savent maintenir l'intérêt et qui rappellent parfois dEFDUMp de par la texture du chant clair. Il nous (enfin, « me »!) casse ensuite un peu plus les bonbons sur un « Siamese » donnant dans une veine plus « vénère modern core » standard. Puis on repart sur du bon avec un « L(ea)ving Room » plus franchement pêchu, puis un instru de bon goût, « Luminole », qui nous rappelle la dernière livraison de qualité du genre, je veux ici parler du premier Om Mani. Ensuite, de « Oktober » à « Twenty 7 », le baillomètre recommence à s'agiter, entre passages trop émo et coreries trop chaotico-matho-dissonantes, le tout donnant l'impression d'avoir déjà été entendu maintes fois. A noter quand même un riff moshy de mammouth à 1:38 sur « Inhibitions » (mais ça dure bien trop peu!) et un riff entêtant sympa au tout début de « Twenty 7 ». Et on finit bien heureusement sur deux bons petits morceaux des familles. Un « Enjoy The Wheelchair » tout d'abord qui, en plus d'un nom excellent, capitalise sur un putain de passage bandant et groovy en diable. Puis un « Göteborg » qui n'essaie pas de cacher le pourquoi du comment de son appellation, vu que la mélancolie, les mélodies et certaines rythmiques – bien que moderncorisées un poil quand même, faut pas déconner – font assez clairement dans l'hommage à la frange la plus septentrionale de la grande famille du metal européen (c'est bon, c'est bon: je sais que Bergen est situé bien plus haut que Göteborg, pas la peine de vous exciter!).

Amateurs de casse-tête bien foutus et de coreries sauvages tempérées par des lignes de chant clair mignonnettes, Klang!!! est fait pour vous. En ce qui me concerne, après une année bien chargée sur ce créneau stylistique pas toujours hyper digeste, je continue de préférer le dernier Hacride, voire le dernier Om Mani. A vous de voir.

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