Gravity - Noir
Chronique
Gravity Noir
Si pour de très nombreuses personnes GRAVITY est le film aux sept Oscar d’Alfonso Cuaron sorti en 2013, peu en revanche connaissent la formation Montpelliéraine pourtant en activité depuis presque une décennie et au long vécu artistique. Mais si tout avait démarré sur les chapeaux de roue avec une démo et deux albums en à peine plus de trois ans d’existence il a fallu être patient pour enfin avoir droit à une suite, car depuis 2012 et la sortie de « Eutheria » le combo de l’Hérault s’était fait beaucoup plus discret et a pris son temps pour lui donner un successeur. Il faut dire qu’entre-temps celui-ci a changé de label, et a vu son projet d’enregistrement reporté suite à une campagne de financement participatif qui n’a pas atteint les objectifs escomptés, mais tout cela a été un mal pour un bien car aujourd’hui il est plus mature et pousse plus loin sa musique hors des sentiers battus. Car si au début celui-ci évoluait dans un Metalcore assez basique il a depuis mûri et aujourd’hui a étendu ses influences vers le Deathcore, le Death Mélodique et le Progressif, et se fait dorénavant plus difficilement classable, tout en gagnant en accroche et en durée de vie.
Nul doute en effet que ce troisième opus est le meilleur réalisé par le désormais quartet, qui bénéficie à la fois d’une production en béton qui rend grâce aux instruments, et d’une grande maturité artistique et philosophique. On se rend vite compte de cela dès la première compo qui est également le morceau-titre, car on est immédiatement envoyé dans l’espace via des notes planantes et discrètes de synthé en arrière-plan qui se placent entre un léger chant d’opéra derrière cet ensemble, le tout naviguant sur du riffing syncopé typique au genre moderne. Cependant l’ensemble n’hésite pas à se faire à la fois lourd et rapide, permettant ainsi de voyager entre constellations sublimes et trou noir inquiétants, ce qui permet donc d’obtenir une idée de base de ce que va être le ton général de cette galette, à savoir violence maîtrisée, mélodie légère et paroles en raccord. Si des traces de la première période du groupe subsistent encore ici et là avec les massifs et classiques (sur le fond comme sur la forme) « Le Premier Eclat » et « Noctifer – Démonarque I », ou encore l’ultra-court et brutal « Noctifer – Démonarque II », c’est bel et bien la nouvelle orientation des Sudistes qui est mise à l’honneur et qui se révèle être la plus intéressante.
Cela est flagrant avec le très bon « Noctifer – De L’homme Au Loup » où toute leur palette technique est mise en avant, via un gros boulot sur la batterie qui propose de nombreuses variations et cassures, tout comme la guitare qui se fait plus mélodieuse et aérienne quand il le faut, sans compter la prestation de haute tenue de la chanteuse qui se fait virulente et énervée. C’est d’ailleurs un point fort présent tout du long, car au niveau de la voix elle a énormément progressé et offre dorénavant un éventail plus large qui va du growl pur et dur à des tessitures plus claires, posées et parlées qui ne tombent pas à plat, et s’éloignent des excès inhérents au Metalcore de base. On se rend compte encore de la qualité du boulot fourni avec « Noctifer – Le Porteur De Nuit » qui montre toutes les influences de la bande entre brutalité et mélodie, sans jamais perdre le fil conducteur (malgré quelques petites longueurs évitables), à l’instar de « Noctifer – Ogres » où l’infini du vide sidéral se mélange aux passages remuants et à ceux plus énergiques (où quelques blasts sont là pour donner l’impression d’une explosion en vol). Pour « Dune » et « Hypérion » le constat est identique, à la différence qu’ici la construction est plus directe et simple même si là-encore ça fait mouche, on s’aperçoit que même en étant allégée la formule est réellement bien trouvée.
Cependant à vouloir trop en faire on décroche un peu avant la fin, il faut dire que l’on a tendance à retrouver un peu trop fréquemment les mêmes plans et riffs quand le groupe passe à quelquechose d’assez énergique, et ça n’est pas « Indigence I », « Indigence II » et « La Dernière Empreinte » qui vous contredire ce point de vue. Loin d’être ratés ces trois ultimes titres n’amènent pas grand-chose et souffrent également d’une certaine monotonie et linéarité, accentuées en cela par une durée d’écoute déjà importante vu qu’à ce moment précis on en est déjà à plus de cinquante minutes effectives. Du coup cette conclusion s’écoute un peu en dilettante et d’une oreille distraite, et l’on ne peut que le regretter tant l’ensemble homogène aurait mérité une meilleure fin. Mais malgré cela il ne faut pas oublier tout le travail fourni en amont par le quatuor qui a bien fait de prendre son temps avant de revenir, et qui s’est éloigné du Metalcore aseptisé des débuts, pour défricher de nouveaux horizons musicaux plus qu’intéressants et qui méritent que l’on s’y attarde.
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