Disconnected - White Colossus
Chronique
Disconnected White Colossus
On sait depuis longtemps que la relation franco-américaine est un des piliers du monde occidental tant au niveau historique que politique, mais on peut aussi l’appliquer au domaine musical qui a réciproquement et énormément inspiré les artistes et groupes des deux côtés de l’Atlantique, qui ont mélangé habilement leurs influences et styles respectifs. Cela correspond bien à la musique du quintet qui renferme en son sein des musiciens expérimentés (qui ont joué notamment dans MELTED SPACE, SATAN JOKERS, ZUUL FX, HEAVY DUTY) dont chacun à un genre de prédilection, et dont le résultat ratisse large sans jamais se perdre en route. Car depuis sa formation en 2012 celui-ci lorgne aussi bien du côté du Metal moderne américain (DEFTONES, ALTER BRIDGE) que de groupes nationaux relativement récents (GOJIRA, HACRIDE), le tout avec un soupçon de Metalcore, de Hard-Rock et de mélodie afin de donner une densité supérieure à sa musique. Du coup ce premier album est riche de l’expérience accumulée par ses créateurs, et va surprendre (voire étonner) plus d’une fois, tout en se faisant particulièrement accessible, plaçant ainsi le côté mélodique parmi ses priorités.
Car sans être d’une mollesse totale ce disque laisse beaucoup de place au chant calme et aux nappes de synthé, tout en possédant une base rythmique plutôt en mid-tempo et en y incorporant de nombreux passages syncopés, comme cela est le cas avec « Living Incomplete » qui ouvre les débats et va montrer l’éventail technique du groupe. Entre parties remuantes d’obédiences Djent et d’autres plus posées et aériennes, ce titre de départ n’hésite pas à faire l’aller-retour entre ces deux opposés tout en n’oubliant pas la voix claire particulièrement réussie, qui permet ainsi de démarrer tranquillement tout en donnant le ton général de cet opus, ce qui va être confirmé avec « Blind Faith », suite logique mais aussi plus pêchue. Bien que reprenant les mêmes éléments il est cependant un peu plus agressif et énergique, montrant également quelques accélérations énergiques ainsi qu’un solo de toute beauté afin de montrer la patte apaisante de ses membres. Celle-ci va aller crescendo via le duo« Wounded Heart » et « White Colossus » où les sentiments de tristesse et de voyage vers les étoiles ne sont jamais loin, mais heureusement l’ensemble n’oublie pas de s’alourdir afin de conserver sa puissance et de ne pas avoir ainsi un sentiment de répétition trop important (mais qui est néanmoins présent sur le premier d’entre eux, à cause d’une durée un peu trop longue).
Cependant si l’ensemble tient la route jusqu’à présent, il n’évite pas la sortie de piste avec l’ennuyeux et raté « Feodora » dont on se demande ce qu’il vient faire ici, même s’il sert de transition entre les deux parties de cette galette. En effet on a plus l’impression d’avoir affaire à du MUSE période actuelle et à tous ces pseudo-groupes branchés Electro-Rock, qu’a du Metal sous toutes ses formes. Ici on a carrément droit à de la boîte à rythmes sur les couplets, tout en sonnant globalement hyper synthétique et calibré pour les radios (même si le refrain tente de s’agiter un peu). Autant dire qu’on est donc bien loin des grosses guitares et des amplis saturés et qu’on ne voit pas l’intérêt de la chose, mais heureusement la suite va revenir aux fondamentaux et être plus intéressante, avec tout d’abord le sympathique et accrocheur « Losing Yourself Again », qui ne pousse pas trop le train (et tourne un peu en roue libre) mais garde le cap sans coup férir. « Blame Shifter » s’enchaîne quant à lui facilement avec son prédécesseur tant il lui ressemble (même si le growl est plus présent) car on retrouve ce rythme assez pépère agrémenté de quelques parties brise-nuques bien agréables.
La suite et fin continuera dans cette voie avec les très bons « The Wish » et « Armageddon » qui passent vraiment bien le cap des écoutes où l’on retrouve les éléments majeurs et de qualité que l’on entend depuis le départ. Finalement seul « Fall All Our Sakes » va se différencier du reste par des ambiances à la fois orientales et aborigènes (via du didgeridoo) en introduction, tout en se faisant par la suite plus rapide et violent, avec même l’apparition de la double pédale. Surfant entre spiritualité et envie d’en découdre cette compo est incontestablement une des plus intéressantes de ce disque bien sympathique qui passe comme une lettre à la poste. Alors oui ça a tendance à se répéter sur la durée, on y retrouve plus ou moins la même trame et ça aurait gagné en densité en étant un peu plus raccourci, tout cela est exact … mais malgré ces petits défauts on se laisse prendre volontiers à l’univers étonnant et éthéré de ces vétérans (rejoints depuis par l’ex SILVERTRAIN Florian Merindol, en remplacement du guitariste rythmique Romin Manogil parti depuis la fin de l’enregistrement vers de nouvelles aventures). Ceux-ci d’ailleurs ne tombent pas dans les excès typiques du son actuel entre mur du son sans âme et production en plastique, mais réussissent à redonner de l’intérêt à un genre qui a du mal à éviter les clichés et les expérimentations hasardeuses, grâce à un potentiel plus qu’intéressant et une maîtrise certaine de leurs instruments. Autant dire que le projet fondé par le soliste Adrian Martinot (qui s’est également chargé de la production, et a réalisé tout du long une prestation impeccable et tout en finesse) est une curiosité à découvrir, et qu’il saura apprendre de ses petites erreurs afin de revenir plus fort la prochaine fois, et il y’a fort à parier que ça sera le cas.
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