Celeste - Nihiliste(s)
Chronique
Celeste Nihiliste(s)
J'avais suivi avec intérêt la sortie de la première offrande des lyonnais, attendant une suite au regretté groupe de screamo Mihai Edrisch, dont le chanteur (Johan) et le guitariste (Guillaume) avaient fait parti. Autant dire que la surprise a été grande, car là où j'attendais des larmes et des fleurs de cerisiers, je me suis retrouvé avec des yeux rouges et de la chiure de pigeon plein les oreilles !
Celeste, c'est un son massif difficilement définissable. On pense à tout ce que l'on s'est déjà enquillé d'oppressant et d'urbain, Breach, Shora, les premiers Cult Of Luna, mais au final les lyonnais s'envolent et développent leur propre cage où tu te retrouves pris en otage, en plein syndrome de Stockholm. La froideur des riffs sludge, la batterie sourde deviennent tes bras qui arrachent et ton cœur qui bat au rythme du sang coulant dans tes tempes. Les premières écoutes finissent sous efferalgan tant la pression des notes écrasent tes tympans. Dans ce marasme, la voix reste le seul repère, possédant encore les intonations pleureuses de Mihai Edrisch.
Celeste, c'est des textes de mépris claqués entre deux verres de vin dans un bar aussi bondé que ta cervelle. Tout y passe : le savoir, l'amour, la religion, l'Homme. Le feu des phrases est dénué de l'outrance trouvable dans les albums suivants. Détruire, méthodiquement et sèchement. Il faut avoir écouté les paroles de « Perdre tout espoir à vingt ans » alors que t'as justement vingt piges et du dégout ras la gueule pour comprendre à quel point ces mots dégueulasses balancés sur un ton monocorde te parlent.
Mais Celeste, c'est surtout monotone, mono-expressif et monolithique. Si l'on comprend vite que l'on a affaire à un sludge transformé, plus post et hardcore à la fois, la musique jusqu'au-boutiste n'offre aucune porte de sortie, aucune mélodie entêtante, rien à mémoriser. La principale difficulté est de comprendre qu'il n'est pas question ici de plaisir musical au sens classique du terme mais de bande son à ta propre haine. On pourrait citer les huit minutes d'assaut de « Pour maintenir encore une fois la distance », l'introduction qui prend à la gorge de « Perdre tout espoir à vingt ans », s'emporter sur les blasts de « Mais encore faut-il pouvoir renier tout un programme », ce serait tromper sur la marchandise. Malgré les écoutes répétées, on ne retient rien ou presque de Nihiliste(s), seulement les battements d'un crâne qui appelle à l'aide. C'est ce qui fait que, malgré la qualité et l'originalité, il est difficile de dire que le premier album de Celeste est marquant. Il prend toute sa saveur dans l'élan, celui qui te fait détester soudainement tout et tout le monde et te pousse à mettre le disque dans le lecteur. La galette que l'on sort pour les grandes occasions, le costume sur la peau et le flingue dans la main.
Celeste, c'est aussi une éthique. Leurs disques sont disponibles en téléchargement légal sur la toile, chose que Mihai Edrisch avait déjà mis en place, avant les Radiohead et autres Nine Inch Nails. Il est cependant possible de soutenir le groupe en achetant des supports physiques de qualité (je parle en connaissance de cause), par un don ou en allant les voir en concert. Aussi n'as-tu aucune excuse pour te jeter dans le bain de clous rouillés qu'est Nihiliste(s).
Car Celeste, c'est de la haine. Ta haine.
| lkea 4 Juin 2010 - 3391 lectures |
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