La haine grasse de Jean-Marie Le Pen dans le corps bandant de Scarlett Johansson, c'est Celeste ! Les lyonnais reviennent un an après
Nihiliste(s) prêcher l'apocalypse devant une horde de fanatiques déjà acquis à leur cause. Le changement n'est pas vraiment à l'ordre du jour avec
Misanthrope(s) et je pourrais faire une chronique express en sortant l'équation «
Nihiliste(s) + Black Metal = Mange tes dents ». Seulement, vous seriez déçus, il vous faut des lignes, alors je vais me sortir les doigts et m'étaler.
Étaler c'est bien le mot. La musique se fait plus rampante et les guitares égrènent leurs notes maladives avec lenteur.
Nihiliste(s) est l'annonce soudaine du péril, hurlée avec une force empêchant tout raisonnement tandis que
Misanthrope(s) caresse ta nuque pour mieux t'étouffer. Résultat : tu te payes une érection de pendu à l'écoute de « Que des yeux vides et séchés » ou « Comme pour leurrer les regards et cette odeur de cadavre » (« moisiiiiii… flétriiii ») et ce jeu grouillant, sorte de sludge nécrosé, plus lourd et noir, plus… black metal. En effet, Celeste est plus grandiloquent à tous les niveaux. La voix criarde et glaireuse crache une bile proche d'un surréalisme horrifique, la preuve avec « ...Anesthésié vos membres dans une orgie d'enthousiasme » (qui se termine par « J'espère qu'on te fera bouffer toute la merde que vous avez chiée ». Dans le genre, voilà un concurrent sérieux au texte de la chanson « Le gala des gens heureux » du groupe de black dépressif Gris !). Les instruments appuient ce discours aussi artificiel que décadent, à grands renforts de passages plombés et majestueux comme les huit minutes de « Mais quel plaisir de voir cette tête d'enfant rougir et suer». Mais cela n'empêche pas la charge oppressante, où le cadavre se réveille et cogne violemment (« Toucher ce vide béant attise ma fascination », « Il y aura des femmes à remercier et de la chair à embrocher » ou « A défaut de te jeter sur ta progéniture »).
Seulement, arrêtons de chercher la petite bête, c'est globalement la même chose : même production, même alignement sans fond ni forme de riffs qui hypnotisent et acculent l'auditeur et même démarche, que ce soit dans l'artwork (une belle photographie déclinée sous plusieurs formes et lesparolesécritessansespaceshistoirequet'enchiespourleslire) ou le téléchargement libre de l'album. Enfin, si la frappe est plus marquée, on a toujours le sentiment de s'en être pris plein la tronche sans forcement se souvenir du massacre.
Misanthrope(s) est tout aussi monolithique que son prédécesseur et c'est là le problème. On a été prévenu et même conquis mais quel intérêt de sortir un album aussi proche de
Nihiliste(s) ? Certes, cette tournure vers un dégoût plus froid est une évolution intelligente et même naturelle, mais c'est un apport bien maigre comparé à la surprise qu'a apportée
Nihiliste(s) à sa sortie. C'est pour cette raison que ce deuxième album est celui que j'écoute le moins : à choisir entre deux recettes de forêt noire, je préfère celle qui me rappelle ma première bouchée.
Je pense que vous avez compris et je ne vais pas vous faire une aquarelle, surtout que parler de monochrome peint à la chiasse leur va mieux.
Misanthrope(s) s'inscrit dans la ligne directe de
Nihiliste(s) et si ses quelques atouts ont fait qu'à sa sortie j'en étais pleinement satisfait, le long terme relègue ce deuxième jet au rang des « ouaispasmalmaisquandmêmejesaispasilmanqueuntructuvois » (pour reprendre une nouvelle fois la typographie du groupe). Reste un bon album qui apporte le plaisir du cannibale, prêt à bouffer de l'humain misérable au kilomètre. Alors, ne faisons pas les fines bouches !
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