Laurent Ruquier : « Ce soir dans On n'est pas couché nous recevons Christopher Lee, célèbre acteur dans d'innombrables films de qualité moyenne, et qui aujourd'hui prête sa voix à Charlemagne, un projet qui lui tient apparemment à cœur. Passez dans le fauteuil monsieur Lee. Parlez-nous un peu de cet album,
By The Sword And The Cross.
Christopher Lee : C'est en effet un projet qui me tient à cœur, car hormis mon métier d'acteur, j'ai longtemps pratiqué diverses formes d'art, notamment la musique. Je souhaitais retrouver la joie de mes vingt ans, où un homme visionnaire résidant en Allemagne dirigeait d'une main de fer une bonne partie de l'Europe, et j'ai donc participé à ce concept album sur Charlemagne, narrant son histoire, de sa naissance à sa mort. Comme vous le savez sans doute, j'ai déjà apposé ma voix sur quatre œuvres de Rhapsody (Of Fire), mais je tenais à prolonger cette agréable expérience avec un groupe à part entière qui reposerait sur le seul prestige de mon nom.
Laurent Ruquier : Et bien voyons maintenant ce qu'en ont pensé nos critiques, Zemmour et Naulleau, les deux zigotos du PAF.
Éric Zemmour :
By The Sword And The Cross est un album tellement hallucinant de maladresse, de facilité et de prétention que je ne sais pas par où entamer l'exécution qu'il mérite. Mais puisqu'il faut bien que je dise mon quota de gentillesses, je m'attarderai sur la thème de ce concept album : la vie de Charlemagne. C'est loin d'être une mauvaise idée et vu sous cet angle, l'effort est louable, étant donné que l'histoire n'est pas le fort du metal en général, et du heavy metal en particulier – qui rappelons-le, est une sous culture musicale qui a tout plagié sur le rock des années 60. Mais cette idée de narration musicale est probablement la pire que j'ai jamais entendu dans le genre. On a l'impression d'écouter un mauvais cours d'histoire déclamé sans conviction, ce qui est plutôt embêtant quand on sait qu'on est censé écouter un album de musique…
Christopher Lee : Vous exagérez un peu monsieur Zemmour.
Éric Zemmour : Mais pas du tout ! La quasi-intégralité de l'album n'est pas chantée, mais déclamée, ce qui pour un album de qui se revendique d'influences heavy metal fait plutôt doucement rire. Mais bon, c'est sans parler de « l'orchestration », si l'on peut bien appeler ça comme ça, qui parcourt ce morceau de pure épouvante que vous n'auriez pas renié dans votre carrière cinématographique. C'est épuré, minimaliste ou putassier, moche ou au mieux affreusement banal. D'ailleurs je me demande quel est votre cœur de cible, car les fans de musique dite classique vont hurler quand ils entendront les guitares électriques se mélanger à l'orchestre, surtout quand on entend la différence de production entre les deux types d'instruments. Pour bien illustrer mon propos je prendrai le début de l'album : après l'ouverture qui demeure passable, on a le droit à un « Act I : Intro » où la narratrice nous trace le portrait de Charlemagne pendant une minute et demie… À ce moment là on se dit que
By The Sword And The Cross peut enfin commencer alors qu'en fait « Act I : King Of The Franks » est pareillement déclamé par vous-même (donc Charlemagne) et Pépin Le Bref. Il faut attendre la troisième minute pour entendre un chœur et enfin le premier chant de l'album, sachant que la narration monotone reprend 30 secondes plus tard… Voilà l'image que renvoie
By The Sword And The Cross : quelques secondes de musique noyées sous plusieurs minutes de blabla sur fond de violons à l'entrain qui feraient passer Benjamin Biolay pour un choriste du grand orchestre du Splendid ! Mais bon, le paroxysme de l'horreur ne sera atteint qu'avec « Act V : Starlight », et votre duo avec Hildegard qui donne une place bien trop importante à ce vulgaire être féminin tout juste bon à garder les enfants et épouser le premier monarque venu !
Laurent Ruquier :Oh la, vous vous emportez Zemmour ! Voyons voir ce que Naulleau en a pensé.
Eric Naulleau : Je trouve
By The Sword And The Cross très intéressant car il participe de cette tendance actuelle des « peoples » à s'adonner à une activité artistique autre que celles qui les ont fait connaître, avec plus ou moins de succès. Et là je dois vous le dire, ça tient du niveau qu'ont atteint Tony Parker en s'essayant au rap ou Harry Roselmack et Annie Lemoine aux romans, d'ailleurs je me demande si vous ne les avez pas contacté en secret pour leur demander leur recette. Pourquoi diantre vous fourvoyer dans cet ersatz musical qui relève bien plus de la farce que d'un concept album digne du sujet sur lequel vous vous êtes lourdement appesanti ? Il n'a rien à sauver de ce que j'ai pu entendre, et croyez-moi, j'ai fait l'effort surhumain de l'écouter plusieurs fois, ce qui m'a coûté de précieuses heures de ma vie. Je m'interroge déjà sur le fait d'avoir engagé des musiciens de metal alors qu'ils sont totalement sous-employés ! J'ai relevé leurs apparitions : d'abord dans l'ouverture quelques secondes, puis brièvement « Act II : The Iron Crown Of Lombardy », et leur survenance est tellement grossière et maladroite que le passage en devient encore plus hilarant que le reste, puis sur « Act III : The Bloody Verdict Of Verden » qui est peut être le moins mauvais morceau de l'album malgré son orchestration putassière, ensuite sur « Act Iv : The Age Of Oneness Out Of Diversity » avec un accompagnement de violons que n'aurait pas renié André Rieu, mais qui n'est pas non plus sans faire penser à une pub pour une célèbre marque de nourriture canine… Tout cela jusqu'à un « Finale » anecdotique où les guitares se contentent encore du minimum syndical. Il faut écouter cette monstruosité en entier pour se rendre compte du ridicule profond de
By The Sword And The Cross, et c'est sans parler du son horriblement cheap des guitares que j'obtiendrais sans problème avec un ampli gagné dans une tombola monoprix, ou du magnifiquement foiré « Act V : Starlight » où les deux voix arrivent à ne pas être coordonnées tout en chantant la même chose …
Christopher Lee : Mais vous n'en avez retenu que ça ?
Eric Naulleau : Oui, ça et « I Shed The Blood Of The Saxon Men », le seul refrain qui rentre en tête sur les 62 minutes de
By The Sword And The Cross, sûrement parce qu'il est répété au moins une bonne quinzaine de fois en un peu plus de six minutes. Mais si vous voulez on peut aussi parler des deux bonus tracks : « Iberia » qui ne fait que reprendre des passages déjà entendus sur les autres morceaux en ajoutant des samples de bataille probablement enregistrés lors d'un spectacle au Puy du Fou, ou bien de « The Bloody Verdict Of Verden » en version instrumentale, qui a le mérite de passer un peu mieux que l'original mais laisse bien percevoir le ridicule de ce morceau tellement facile et probablement composé sur un coin de table par un metalleux et un chef d'orchestre bourrés au pub du coin.
Christopher Lee : Vous y allez peut être un peu fort mes jeunes amis, vous dites ça parce que vous n'êtes pas le cœur de cible de Charlemagne !
Éric Zemmour : Non mais en même temps on est en droit de s'interroger sur le public que vous visez ! Et je ne sais pas quels sont vos relais de promotion mais il semblerait que vous ayez envoyé ça à des webzines spécialisés dans le metal, ce qui est tout de même une grave erreur !
Christopher Lee : Mais le cœur du problème c'est que c'est une musique novatrice, c'est pour ça que vous n'avez pas les codes pour l'apprécier.
Eric Naulleau : Oui, enfin bon, novateur ça ne veut pas forcément dire bon, et là on ne peut que se rendre à l'évidence : c'est extrêmement mauvais. Pour moi ça ne vaut pas ce petit musicien roumain totalement inconnu que j'ai signé il y a quelques mois et dont j'ai édité…
Laurent Ruquier : Merci Naulleau, on a compris !
Éric Zemmour : Non mais en fait le vrai problème c'est que vous voulez mélanger deux cultures différentes en les faisant cohabiter. Vous voulez intégrer la culture metal à une base plus classique sans prendre le temps au préalable de l'intégrer pleinement à la culture dominante. Avec des bases aussi branlantes, forcément, le résultat est catastrophique. J'ai bien expliqué pourtant dans mon dernier livre le rôle prépondérant de l'assimilation des sous-cultures à la culture dominante…
Laurent Ruquier : Tatatata, on va s'arrêter là ! Un dernier mot les deux Eric ?
Éric Zemmour : Vous êtes à la musique ce que Raymond Domenech est au football : un génie incompris.
Eric Naulleau : Si Nanowar faisait un concept album, il serait tout aussi drôle, mais ce serait volontaire.
Laurent Ruquier : on pourra au moins dire qu'en parlant de Charlemagne, les deux Eric auront été Francs !!!!
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