Morowe - Piekło. Labirynty. Diabły
Chronique
Morowe Piekło. Labirynty. Diabły
Premier album d'un groupe dont les membres proviennent de différentes formations (CSSABA, Furia, Nuclear Vomit, Ulcer Uterus et j'en passe), Piekło.Labirynty.Diabły a été l'occasion de berner le post-chroniqueur que je suis. Vendue comme un album de post black metal et forte d'un morceau disponible sur myspace sentant bon le Cobalt, cette galette polonaise s'est avérée déroutante à plus d'un titre et j'ai du mettre au placard mes références toutes prêtes à Altar Of Plagues ou Wolves In The Throne Room !
En effet, Piekło.Labirynty.Diabły est plutôt à ranger dans la case du black metal expérimental. On pense certes à un Cobalt en plus primaire à l'écoute de «Tylko piekło, labirynty i diabły » et des quelques dissonances parcourant l'album, mais on se situe le plus souvent entre un Shining pour le riffing réfléchi, un black progressif à la Enslaved ou Fleurety période Min Tid Skal Komme et des touches black n'roll pouvant rappeler les derniers Satyricon. Bref, Morowe évoque plein de chose et semble bouffer à tous les râteliers. À tout cela s'ajoute une voix de bucheron polonais qui a tout de la gueulante bourrée à la vodka.
Cette surabondance d'expérimentations rend les premières écoutes difficiles, le côté fourre-tout donnant l'impression d'écouter un disque sans queue ni tête où des morceaux hétérogènes s'enfilent comme on compte les minutes. Si des compositions comme « Tylko piekło, labirynty i diabły » ou « Głęboko pod ziemią » (non non, ce n'est pas une maladie, c'est du polonais) accrochent tout de suite l'oreille avec leurs guitares catchy pour l'une, poignantes pour l'autre, « Czas trwanie zatrzymać » questionne et finalement ennuie. Morowe ne semble pas contrôler totalement ses virages prog' et préfère empiler des riffs bizarres plutôt que de « simplement » envoyer du bois (« Wężowa korona »). De plus, les structures sont éclatées et les guitares sortent souvent la carte du tremolo senteur « déjà-vu » ou de l'arpège lassant à trois notes.
Et puis, le temps aidant, le charme présent sur cet album commence à opérer. Bien que le manque de cohérence de l'ensemble soit rédhibitoire, le jeu des doubles guitares de « Komenda » finit par fonctionner et l'auditeur courageux trouvera par-ci par-là des passages sympathiques, voire bien trouvés (la conclusion tribale « Zakończenie », le démarrage apocalyptique de « Jego oblicza » ou « Czas trwanie zatrzymać » et son final blasté (et qui fait hurler « enfin, du blast ! », tant le reste est aussi chiant qu'un dimanche après-midi en famille)). Mais cela n'empêche pas de se dire que certains moments auraient mérité un développement plus long ou plus court, que la voix originale montre vite ses limites… une somme de défauts qui font penser que Morowe se cherche encore.
Piekło.Labirynty.Diabły est un premier essai intéressant et aussi difficile à cataloguer qu'à juger. Si les bons moments sont là et bien là, le groupe peine à captiver de bout en bout et la course aux idées qui font mouche est trop présente pour dire que cet album est à écouter. Cependant, la prochaine œuvre des polonais est à surveiller et peut nous surprendre, à condition que les différents éléments proposés soient plus maitrisés. En attendant, je dois dire que Morowe est pour moi plutôt Morose.
Hohoho.
| lkea 28 Juin 2010 - 2071 lectures |
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