Kvelertak - Kvelertak
Chronique
Kvelertak Kvelertak
Kvelertak, c'est l'histoire de cinq norvégiens qui, comme tout bon norvégien, faisaient du black metal. Parce que c'est cool le black metal. Puis ils en avaient marre, la misanthropie et les forêts c'est bien mais faire la fête et rencontrer des filles c'est mieux. Donc ils ont rajouté du punk dans leur black, du punk tendance pied au plancher, à la limite du crust. Parce que c'est cool le punk tendance pied au plancher, à la limite du crust. Et puis, ils ont écouté le Red Album de Baroness et découvert que le groove rock n'roll ça le faisait quand même, et ils ont rajouté du groove rock n'roll dans le punk qu'ils avaient ajouté au black. Parce que c'est cool le groove rock n'roll dans le punk qu'ils avaient ajouté au black. Et puis, ils ont fait un album qui contient tout ça, les styles les plus cools de tous les styles les plus cools. Et cet album, il bute.
Pourtant au début, tu doutes, tu tâtonnes et même t'y vas à reculons car tu penses que c'est beaucoup trop clinquant de partout. Faut dire que le groupe a vu les choses en grand : Kurt Ballou à la production, John Dyer Baizley à l'artwork (toujours dans le style Mucha-psyche-qui-commence-à-gaver-mais-qui-a-la-classe qu'on lui connait) et des guests de folie (Andreas Tylden de JR Ewing et Altaar, Ivar Nikolaisen de Silver ou encore Ryan McKenney de Trap Them et Hoest de Taake !). Enfin, la musique en elle-même parait trop accrocheuse pour être honnête : ce mix black/punk qui passe tout seul, ces refrains « Goldorak Go » abrutissants, ces leads rock qui sentent la planche de surf dans ta Mini Cooper de beau gosse, mon dieu, que c'est taillé pour les stades, que ça dégouline d'opportunisme ! Kvelertak a tout du combo « aussitôt découvert, aussitôt oublié ».
Et une cinquantaine d'écoutes plus tard, le constat est là : c'est du très lourd. Tu te surprends à chantonner avec les nombreux chœurs de marin servant de refrains (« Sultan Of Satan », « Utridd Dei Svake »), à faire des « bweeeee » du Démon devant ta glace (« Ulvetid », « Liktorn ») voire à complètement quitter la terre, la faute à ces guitares aussi catchy qu'épiques (« Fossegrim », le démarrage à fond les ballons de « Ofernatt »). Le chanteur est pour beaucoup dans la rage positive que communique Kvelertak : son chant criard, à rapprocher d'un Tomas Lindberg en mode festif, supporte ses guitares où les temps morts n'existent pas. Car mine de rien, et malgré la facilité d'écoute, ça te tabasse les oreilles bien comme il faut : les blasts de « Liktorn » ou « Ulvetid » soufflent le froid à grand renfort de tremolos avant un embrayage rock n'roll (qui vire parfois jusqu'au délire kitsch ultra-foutraque, la preuve avec les clappements de mains de « Mjød » !) ou un solo fulgurant toutes moto dehors (« Ordsmedar Av Rang» et bien d'autres). Et juste quand tu te dis que non, ça va forcement baisser en intensité, ils vont se viander et patauger, hop, les norvégiens te sortent un bon « UH ! » des familles, un tremolo ravageur ou un solo entrainant relançant la machine.
Alors bien sur, c'est un premier album et à trop envoyer la sauce, le groupe pourra laisser certains sur le bas côté. Pour ma part, je ressens une légère baisse en qualité sur les morceaux « Sultan Of Satan », moins riche en variations, et « Liktorn », dont les parties black metal sont trop prononcées, là où le groupe arrivait jusque-là à proposer une mixture aussi homogène qu'originale. Mais je n'y peux rien, j'ai beau reconnaître l'effet de mode, et même une linéarité certaine rapidement décelable, j'adhère complètement et appuie de nouveau sur lecture une fois le disque terminé. J'ai rarement entendu de chansons aussi positives sans délaisser l'agressivité, de refrains aussi crétins mais virils et fédérateurs, ou de guitares aussi accrocheuses sans tomber dans la facilité (j'insiste, Kvelertak se situe dans un créneau facile d'accès mais ne déçoit jamais : le jour où le guitariste lambda arrivera à pondre des soli comme ceux de « Nekroskop » ou « Ulvetid » , ben euh… il y arrivera).
Bref, Kvelertak c'est le black metal à écouter en été dans ta bagnole, le punk qui accompagne tes séances de air guitar et le rock qui donne envie de courir sur la plage, une bombasse à tes côtés. A toi de voir si ça te dit de faire bronzette sur une musique que l'on pourra considérer comme hype et vide ou entrainante à en être géniale. Moi, j'ai déjà pris ma serviette et mon caleçon de bain.
| lkea 2 Juillet 2010 - 4667 lectures |
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