« Bipolarity » est typiquement de ces promos qu'on accepte plus pour faire plaisir que par véritable choix du cœur. Pour tout vous dire, j'avais envie de tester le dernier album de
Clampdown - qui a fait pas mal parler de lui en bien - et la contrepartie fut d'accepter la dernière livraison de Saw, groupe issu de la même écurie, j'ai nommé la très active Klonosphere. C'est donc plutôt à reculons et du bout des oreilles que je calai l'album dans mon lecteur, persuadé pour une raison aussi stupide qu'infondée que j'allais être exposé à un modern death sans imagination exécuté par des seconds couteaux de bas étage … A priori débiles parmi les a priori débiles, vous l'aurez compris au vu de la note somme toute rondelette qui trône à droite de cette prose.
Alors quoi, le père cglaume va encore essayer de nous vendre du modern death à la découpe? Mais t'as pas encore compris Papy que sur Thrasho on s'en branle de la saccade débitée au coupe-coupe, des grosses prod puissantes et un peu froides, et des vocaux death/hardcore travaillés au burin? Il nous faut du death cracra old school, du thrash fini au houblon, de l'übermensch black metal, de la technique pour Intelligentsia méprisante ou, à la limite, de la post-émo-chialerie sponsorisée par Vivelle Dop. D'autant que ton Saw là, il apporte quoi de neuf?
De purement neuf, pas grand-chose, il faut bien l'avouer… Avec un 2e album qui continue de faire le tour du fond de commerce de la psychiatrie moderne, dans la continuité d'un « Paranoïa » sorti il y a 2 ans de cela, nos petits français développent un metal qui met le paquet sur la grosse saccade de bûcheron, mais qui n'oublie pas les mélodies qui font mouche, le tout adoptant souvent une approche un peu planante. Si l'on fait le point sur les influences, cette science du ricochet guitaristique, ces cordes en mode télégraphique qui font tomber les notes dans l'oreille comme les lettres de la machine à écrire viennent frapper le papier sur le rouleau, cette froide efficacité dans le riff pointillé rappelle les grands
Decapitated et leur « Spheres of Madness ». La science de la douce et profonde mélodie planante nous vient plutôt de
Textures, et le groove occasionnel (
« Imperfect World », « Beware the Sunlight ») rappelle
Trepalium,
Gojira n'étant pour une fois quasiment jamais explicitement invoqué, ou alors sur un « Set Our Hollow White » tripy et un peu moins enthousiasmant que la moyenne …
Saw est donc de ces groupes qui jouent beaucoup sur la rythmique, et savent faire jaillir des « mélodies » de ces séances de trampoline pour guitares où ces dernières canardent l'auditeur en mode mono-note à des cadences stroboscopiques infernales. Mais là où certains groupes font dans la facilité et se servent de cette approche pour masquer le fait qu'il ne savent jouer que sur 2 cordes, Saw domine son sujet (
« mine » hein, pas « mise » … pauvre sujet!) à la perfection, et fort d'un vrai talent de composition et d'une énergie bouillonnante (
le groupe tape souvent dans le gros death sachant blaster, plus même que dans le core sachant mosher), il nous propose un album bourré de plans jouissifs et même – si si, je pèse mes mots – de tubes en quantité comme on en voit rarement sur un album de ce style. Prenez donc « Colors and Shapes »: certes on y trouve un refrain en « chant clair / écorché » un peu irritant, mais ce bougre de morceau est hyper accrocheur, il commence et se conclut par un passage de gratte tout simplement coup-de-pied-au-cul-esque et a tout du bon gros single pour sampler de mag metal. Enfin il serait le candidat idéal pour figurer sur ce genre de vitrine s'il n'y avait « Beware of The Sunlight », qui combine le meilleur de
Textures,
Trepalium et
Meshuggah en un put*** de tube renversant, qui vous fait jouer au yoyo avec votre nuque et vous commande instamment d'aller bouger votre popotin dans la fosse. Et que dire de « Odonata », instrumental céleste qui vous inonde de sa lumière, de sa grandeur chaloupée et de sa guitare toute en évidence et divine simplicité. Avec trois titres de cette trempe, au nombre desquels on pourrait encore citer « Beneath the Memories », « Imperfect World » ou « Envy As None », on pardonne volontiers des titres moins transcendants et plus rebrousse-poil comme « The Reason » et « Set Our Hollow White ».
Désolé pour les amateurs de calembour viticole, mais « Bipolar » ne va pas me donner l'occasion de placer un
Saw terne pourtant préparé de longue date. Il me faudra au contraire encourager les lecteurs qui ne font pas des boutons à l'évocation du style « modern death », ainsi que ceux qui ont adoré se faire refaire les neurones à la serpe par les saccades incisives de
Decapitated, et ceux qui aiment
Trepalium,
Textures, l'énergie et l'intelligence avançant sur fond de saccades méca-taclysmiques, de tenter l'expérience maniaco-dépressive (
« bipolaire », ça fait trop politiquement correct) du 2e album de Saw, sans écouter les saw-tises et autres saw-rnettes que les anti-modern death ne manqueront pas d'écrire dans les comm' de cette chro…
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