Sordid Leader - Serpent Aeon
Chronique
Sordid Leader Serpent Aeon (EP)
Mon confrère Niktareum mettait récemment en avant notre peu d'empressement (voire d'enthousiasthme) à cuisiner les newcomers non signés sur Thrasho dans sa chronique du groupe de hardcore D.C.A., dont la présence en ces pages tenait en partie de l'assiduité de Nathan sur le forum. Le copinage, dernière rampe de lancement pour les petits groupes avides d'exposition, une démo sous le bras et toutes les peines du monde à faire parler d'eux ? Il semblerait bien que oui, à en croire les dires de Slo, guitariste de SORDID LEADER (et ami de longue date, mieux vaut annoncer la couleur) qui s'étonnait des difficultés à se faire disséquer la rondelle par les webzines de France et de Navarre, malgré un premier EP sur support physique bien plus alléchant que du Mp3 immatériel qui commence à fatiguer tout le monde dans l'équipe. La nouvelle stratégie de labels préférant inonder le marché d'œuvres médiocres plutôt que de défendre bec et ongles des disques qui en valent la peine y est sans doute pour quelque chose ainsi qu'une certaine réticence, pour ma part, à chroniquer du hardcore/deathcore/metalcore, genres pour lesquels nous sommes souvent sollicités en vain par ici.
Une fois n'est pas coutûme, SORDID LEADER fraye dans des eaux sensiblement plus troubles que la moyenne de ses compatriotes en tapant là où ça fait mal tout en faisant du bien, à savoir dans un thrash death d'obédience scandinave aux tempos élevés (toupa toupa et blasts de rigueur) et au chant d'écorché vif qui ne fait guère de doute sur l'une des principales influences du combo d'Aix en Provence ; les amateurs d'AT THE GATES sont donc conviés à suivre un chef de file en devenir plutôt bien en place rythmiquement parlant, même si le jeu du batteur Sam souffre encore quelques légères approximations. Un défaut compensé par une variété de jeu appréciable, au même titre qu'une production très équilibrée de Théo aux Oddwave Studios permettant de percevoir la basse de Stéphane avec distinction, même lors des passages les plus extrêmes. Un chanteur aux basques de Tomas Lindberg donc, toutes tripes et rage dehors, dont le souffle hardcore se fait parfois sentir et des passages rapides typiquement suédois pour les parties brutales (avec des relents black bien sentis aux niveau des guitares), judicieusement réparties sur les cinq titres de ce « Serpent Aeon ».
Car pour le reste, une fois passée l'image furtive et assez peu justifiée d'un énième tribute band aux frères Björler – les américains font ça très bien, et avec 15 ans de retard – apparaît très vite la véritable influence d'un groupe qui ne s'est visiblement pas remis du split de BURST, immense groupe à multiples facettes rayé des tablettes après un frustrant « Lazarus Bird ». Heureusement pour nous, pas de stoner languissant à attendre chez SORDID LEADER mais des riffs hardcore torturés qui feront le bonheur des fans de « Prey On Life », album auquel on pense souvent sur un title track à la fièvre hardcore contagieuse. Et si la sauce prend un peu moins sur une « Those Rivers » un poil plus bancale au démarrage (mais superbe final post qui aurait gagné à être prolongé), la barre est sensiblement réhaussée sur « Widow Hands » et « Atlas », malgré un chant clair un peu timide à 1 :35 sur cette dernière. BURST restant un groupe à part ayant régulièrement basculé d'un genre à l'autre, on prendra donc pas mal de plaisir à replonger dans un univers musical délaissé par les suédois sur leur dernière sortie, d'autant que les français n'ont vraiment pas à rougir face aux maîtres en termes d'exécution et d'inspiration. Ainsi, on termine l'écoute de « Serpent Aeon » sur un arrière goût de frustration incitant à remettre rapidement le couvert, ce qui est plus que bon signe ! S'attaquer au répertoire burstien n'étant pas à la portée de tout le monde, la cheville des géniteurs du fantastique « Origo » est donc à portée de hurlements et de riffs dissonants pour SORDID LEADER, pour peu que ses membres parviennent à tuer l'image du père et à éviter l'écueil du chant clair émo à deux francs six sous, du ralentissement généralisé et des cuivres jazzy dignes d'un porno italien qui s'en suivent généralement dès qu'on cause affirmation de personnalité.
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