Insidious Disease - Shadowcast

Deux semaines seulement après la sortie du « Witchkrieg » de WITCHERY, on tape à nouveau dans le all star band chez Century Media avec le premier méfait d'INSIDIOUS DISEASE, formé en 2004 par Jardar et Silenoz, jadis réunis sous la bannière de MALEFIC – en 1992 tout de même – avant de former respectivement OLD MAN'S CHILD et DIMMU BORGIR. Rapidement rejoints par deux baroudeurs de la scène extrême en la personne de Shane Embury (NAPALM DEATH, VENOMOUS CONCEPT) et Tony Laureano (NILE, ANGEL CORPSE), nos deux Norvégiens ont surtout eu la riche idée de rappeler derrière le micro Marc Grewe, légendaire frontman de MORGOTH qu'on avait également aperçu du côté de COMECON sur « Fable Frolic » (1995). Gros cast, grosse prod (Russ Russell et Cyrus de SUSPERIA aux manettes) pour un premier album logiquement attendu compte tenu des forces en présence, d'autant que la promesse d'un « Shadowcast » lorgnant plus du côté groovy et malsain de la force death avait de quoi attirer le chaland en rupture de surenchère technico-brutale.

Des espoirs légitimes battus en brèche dès les premières mesures de « Nuclear Salvation », opening track plutôt fadasse à la note d'intention hasardeuse ; à cheval entre death old school évoquant les premiers pas de DEATH, MORGOTH ou encore BOLT THROWER et des artifices extrêmes appelant à plus de modernité (riffs limite hardcore par moments, blasts de rigueur censés dynamiser l'ensemble), INSIDIOUS DISEASE semble ne jamais vouloir choisir son camp et jongle en permanence entre lourdeur maladive bonifiée par des leads lugubres à souhait (l'ombre du jeune PARADISE LOST plane à de nombreuses reprises sur « The Essence Of Neglect » et « Boundless ») et une violence plus ou moins soutenue suivant le bon vouloir d'un Tony Laureano dont toute la verve ne suffira pas à extirper INSIDIOUS DISEASE du bas côté. L'alternance de passages sombres et doomy, de up tempo thrashy typique des vieilles productions death de la fin des années 80 (le démarrage caractéristique de « The Desire ») et d'adjuvants rythmiques plus extrêmes est à ce point mal gérée que le sentiment de patchwork de plans plus ou moins accrocheurs prédomine, le duo Jardar/Silenoz ayant toutes les peines du monde à faire cohabiter les différentes facettes de jeu d'INSIDIOUS DISEASE. Pour ne rien arranger, les riffs sont d'une insigne faiblesse, les transitions pataudes et les solis, quoique d'une meilleure tenue, ne débouchent sur rien de franchement mémorable, suscitant au mieux la nostalgie d'une certaine époque où l'ambiance morbide prédominait sur le bagage technique des musiciens. Qui dit death old school dit également guitares bien grasses et de ce point de vue là, outre la nullité affligeante de certains plans, la déception est assez totale avec une production certes équilibrée mais dénuée de puissance, à tel point que même lorsque les guitaristes se reposent sur du travail d'orfèvre en la matière (« Leprosy » de DEATH, qui dit mieux ?), le résultat ne souffre aucune contestation. Scott Burns et Chuck Schuldiner vainqueurs par K.O. !

Bien sûr, tout n'est pas aussi consternant que cette bien pâle reprise sur ce disque, le numéro de mimétisme vocal de Marc Grewe sur ce même titre donnant presque à croire que l'ami Chuck est revenu d'entre les morts et même si l'allemand a un peu perdu de sa superbe avec les années, son chant abrasif à mi chemin entre un jeune Schuldiner et John Tardy reste assez convainquant, à l'instar de la prestation d'un Tony Laureano qui fait ce qu'il peut pour sauver ce piètre « Shadowcast » de l'anonymat. Direction artistique hésitante (que vient foutre ce pitoyable instrumental en plage 9 ?), manque de personnalité évident malgré le lourd CV de ses instigateurs, ce premier full length d'INSIDIOUS DISEASE n'est donc au mieux qu'une aimable curiosité, un festival d'actes manqués et d'idées (le terme est trop élogieux en la circonstance) ô combien mal exploitées. N'est pas BLOODBATH qui veut !

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