2010 aura été signe d'amertume pour les partisans des grosses cylindrées (comme moi) de l'écurie Sumerian Records (rayon « deathcore mélodique technique » : Veil Of Maya, Conducting From The Grave et After The Burial), seule une n'avait pas encore effectué son retour : Born Of Osiris. Le deuxième album
A Higher Place avait su confirmer l'engouement autour de ces jeunots têtes à claques de Chicago (tout juste la vingtaine). Même si ce dernier n'avait rien d'exceptionnel, la galette était fichtrement efficace et avait accompagné une grande partie de mon été 2009 (de bons souvenirs en somme). Curieux donc d'entendre la suite ! Les revoilà déjà un an et demi plus tard, armés d'un nouveau guitariste et désireux de convertir d'avantage d'auditeurs à leur deathcore assez original dans le milieu (suffisamment rare pour le signaler) et des plus ravageurs sur scène (les vidéos live sont très alléchantes). Place à leur troisième opus
The Discovery (à l'artwork « majestueux » qui capte de suite l'attention).
Inutile de vous tartiner trois pages, Born Of Osiris met cette fois les bouchées doubles… Plus de 50 minutes dans la besace (soit deux fois la durée de
The New Reign) ! Une heure de deathcore ?! Vous voulez me tuer ? Pas vraiment. Born Of Osiris réussit à encore mieux marier ses aspects progressifs, mélodiques et rentre dedans. Préparez bien l'ibuprofène en suppositoire (dès les premières secondes de « Follow The Signs »), la rythmique ultra syncopée monte sérieusement d'un cran et ira faire passer les camarades de Sumerian Records pour de la polyrythmie bon enfant (même face à After The Burial qui avait clairement accentué la chose sur
In Dreams). Le niveau du batteur est tout autre, exposant ses plans tordus et sa vélocité (la double pédale musclée et la frappe lourde d'un « Devastate » ou d'un « Dissimulation ») de manière frontale. La production rudement synthétique et imposante n'y est pas étrangère mais elle sied parfaitement à ce deathcore « moderne ». Car effectivement, le claviériste (et hurleur) n'est plus qu'un simple « soutient » et devient désormais l'un des piliers de la bande. Le bonhomme placera moult effets et nappes planantes sur chaque titre de ce
The Discovery, comme en témoignent les interludes électro rafraîchissants (« The Omniscient » est splendide). Evidemment selon les goûts de chacun, certains feront la moue sur quelques passages (« Singularity » et « Two Worlds Of Design » personnellement).
The Discovery est un album plutôt paradoxal par rapport à ses prédécesseurs car il est certainement le plus direct mais en même temps le plus subtil. On retrouve toujours ces titres condensés dans un format de poche (2 minutes et quelques) mais aussi d'autres nettement plus longs et expérimentaux. Sur un même morceau vous aurez ainsi droit à un déluge de riffs/frappes saccadés et d'hurlements encore plus graves de Ronnie (toujours appuyé de son claviériste pour le criard) suivis par un solo complexe ou une mélodie éthérée (riff/nappe). Ce contraste était déjà présent sur
A Higher Place mais l'écart sur
The Discovery est encore plus flagrant. La tête pensante Lee Mckinney toujours accompagnée de sa sept cordes osera d'avantage, avec en ligne de mire la conclusion bluffante « Behold » (une préquelle pour la suite des évènements ?). Born Of Osiris n'avait jamais poussé sa technicité aussi loin. La présence du monstrueux Tosin Abasi (Animals As Leaders) en tant que guitariste live ou les concerts avec de gros calibres techniques ont peut être influencé leur tournure musicale.
Le potentiel des ces mioches est étonnant et on sent qu'ils peuvent faire encore beaucoup mieux,
The Discovery laisse sur la faim… Difficile après un nombre d'écoutes important de bien différencier chaque titre, les Américains utilisant quasiment toujours le même pattern pour l'introduction de leurs morceaux (gros riffs et rythmique saccadée) ou les passages plus virils. Le fossé entre ce deathcore « basique » passéiste et cet autre deathcore « progressif » passe laborieusement dans mes oreilles. Oreilles d'ailleurs habituées à un Born Of Osiris plus mémorable, les mélodies ravageuses et les breaks crucificateurs étant malheureusement bien trop rares ici… Mais ouf ! Contrairement à Conducting From The Grave, After The Burial ou la nouvelle recrue Periphery, Born Of Osiris ne tente pas (encore ?) de refrains immondes au chant clair à s'arracher les cheveux malgré une frayeur sur l'interlude « A Solution » (Linkin Park ?) et une timide percée sur « Regenerate »…
Born Of Osiris a mûri et distance ses collègues en demi-teintes de Sumerian Records. En un an et demi à peine, les jeunes Américains font un pas conséquent vers une musique plus progressive et technique. Le groupe n'en efface pas pour autant son deathcore moins raffiné pour titiller la nuque. Dommage que ces passages soient encore trop basiques et bien peu homogènes avec le reste. On regrettera aussi les mélodies ou les breaks indécrottables de leurs précédents efforts. En tout cas si Born Of Osiris continue en ce sens (sans tomber dans la facilité et le FM), la suite s'annonce des plus prometteuses (ah « Behold » !). Rendez vous en mai pour un concert en compagnie de Gorod, The Faceless et Veil Of Maya.
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