DECAPITATED? Groupe à fort potentiel. Voilà ce qui pourrait définir le plus équitablement un combo polonais actif depuis 1996 et à qui l'on doit quelques réussites du genre death comme
« Winds Of Creation » (2000) ou
« The Negation » (2004). Les espoirs les plus fous suscités par le niveau technique impressionnant du guitariste Vogg (alias Waclaw Kieltyka) et de feu son frère Witek derrière le drum kit –
on ne reviendra pas sur les circonstances tragiques de sa disparition, que tout le monde connaît – remontent donc à loin, d'autant que le virage moderne opéré sur
« Organic Hallucinosis » avait de quoi en laisser quelques uns circonspects. Aujourd'hui épaulé par Krimh (batterie, THORNS OF IVY, MONDSTILLE), Philip Halucha (basse, UNSUN, MASACHIST) et Rafal Piotrowski (chant, KETHA, FORGOTTEN SOULS), Vogg n'a pas pour autant changé son fusil d'épaule et comme on pouvait s'y attendre au vu d'une setlist majoritairement orientée sur
« Organic Hallucinosis » lors de la tournée de l'année dernière avec BEHEMOTH, « Carnival Is Forever » reprend les choses en l'état, à la virgule death près.
Car si DECAPITATED reste clairement un groupe extrême et dégage toujours pas mal d'intensité sur le plan rythmique, le death metal à l'ancienne façon élève doué de VADER s'est clairement fait la malle et seuls quelques rares riffs ou solis rattachent encore les polonais à la chapelle old school. Désormais bien plus proche d'un FEAR FACTORY vénère qui aurait fait une indigestion de MESHUGGAH, DECAPITATED use et abuse d'une alternance de plans syncopés suivis d'un déluge de blasts avec un acharnement qui frôle le systématisme, au point que les séquences les plus rapides deviennent limite imbuvables passé trente secondes de vaine molestation auditive. On note bien quelques timides tentatives pour ambiancer un brin la chose (le démarrage en douceur de « A View From A Hole »), histoire que l'affaire « Carnival » ne vire pas au concours de marteau piqueur mais lorsque le groupe lève enfin le pied, c'est pour nous infliger une purge de huit minutes –
un title track qui brise net tout dynamisme dans le tracklisting - encore plus indigeste que la déjà bien pénible « Revelation Of Existence (The Trip) » de l'album précédent. Monocorde dans tous les sens du terme, régulièrement planté par des compositions ineptes (le riff principal de « 404 » est une hérésie à ce niveau) malgré quelques sursauts qualitatifs à intervalles plus ou moins réguliers, « Carnival Is Forever » prolonge en plus les tares de ses aînés avec en vrac : un programme trop court de huit titres gonflé artificiellement par un instrumental incongru en bout de course, un clone de Covan au chant qui n'en finit plus de faire regretter le départ de Sauron et qui donnait bien plus le change sur scène -
avec son chant thrash death anémié, Piotrowski n'aurait pas passé le cut d'une audition chez HATESPHERE, pour situer - et un guitariste tellement pressé d'enfoncer le clou de l'évolution stylistique opérée en 2006 qu'il en garde trop sous la pédale.
Plus qu'un coup d'épée dans l'eau, « Carnival Is Forever » tient malheureusement du concours d'escrime organisé vingt mille lieues sous les mers tant les sources de satisfactions sont rares pour les vieux de la vieille sevrés de death metal de rang depuis de longs mois (Keyser a déjà fait le décompte des disparus dans sa chro du dernier SUPREME PAIN). On sauvera tout de même du naufrage deux premiers titres percutants bonifiés par d'excellents solis ("The Knife", "United"), une instru spleeny qui n'a rien à faire dans le secteur mais qui plaira aux fans de DEVIN TOWNSEND période « Ki » et surtout une relecture planante du CORONER de « Grin » sur « Homo Sum » qui se pose en alternative plus souhaitable que l'impasse parkinsonienne dans laquelle DECAPITATED se complaît depuis deux albums. Bref, malgré toute l'indulgence dont on a envie de faire preuve compte tenu des circonstances dramatiques qui ont brisé net l'ascension des polonais il y a quatre ans, l'absence de véritable classique dans leur discographie (un
« The Negation » aux allures d'EP et un
« Nihility » au cul entre deux chaises rythmiques ne peuvent prétendre au statut de chef d'œuvres malgré leurs grandes qualités) et l'énorme potentiel toujours inexploité à ce jour pèsent plus lourds dans la balance. Et Vogg la galère pour un DECAPITATED désormais amputé de ses meilleurs éléments (Krimh est loin de faire oublier le regretté Witek) et piloté à vue par un leader aveuglé par l'appel des sirènes d'un modern death bien fade …
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