Earthride - Something Wicked
Chronique
Earthride Something Wicked
Désolé pour l'introduction tellement anonyme qu'elle paraît écrite par Les Inconnus mais la question de la différence entre le bon et le mauvais doom s'applique au cas Earthride. Qu'est-ce qui fait que celui-ci est passé d'un groupe que tout le monde respecte, personne n'écoute, à un must-listen de 2010 ? Pourquoi son premier album me parle gentiment, le deuxième moyennement et le troisième ici chroniqué pleinement sans que rien ne semble avoir changé, au point de se demander par quel envoûtement les Ricains ont réussi à transformer leurs riffs qui groovent en riffs qui… ben qui putain de groovent !
La réponse est simple : la différence est le feu animant Something Wicked. Son doom rock n'roll du Maryland devant autant à Motörhead qu'à S.V. ou B.S. et autres formations que tu devines même en acronyme s'est mué en un brasier causant à peu de choses près un plaisir similaire à celui ressenti sur le dernier The Gates Of Slumber, The Wretch : Blues amplifié, immuable et éternel, guitares évidentes et indétrônables façon « le doom s'trop fastoche mais toi t'y arriveras jamais » pour un disque qui prétend pas grand chose et met tranquillement la pâtée, voix au whisky, rauque, cramée et le feu, le feu, le feu, le gracieux feu qui ronge et vit, brûle de sa langue orange la basse de « Make Up Your Mind » devenue danse ancestrale. Le feu tyrannique t'hypnotisant dans l'incendie, qui enfume l'opium et dans sa domination séduisante, t'enlace et te rend libre comme lui par des lignes vocales kingsize dans leur évocation des espaces intérieures (« Make Up Your Mind » ou « Destruction Song » par exemple). Le feu calme en surface, bouillant à l'intérieur, et sa musique, le blues, qui chante de ses enceintes à + 40 ° C contrebalancées par quelques plages cristallines liquides et amères comme la sueur (« Zodiac »). Le feu qui rougeoie mollement, rend esclave le monde par l'enivrement, abonde de craquements jetant les braises haut, haut dans la nuit lors de ce « Watch The Children Play » ardent où tout se rejoint et s'illumine en un morceau si beau qu'il laisse éteint, pris dans un corps incapable de suivre plus longtemps ces combustions possédant la puissance de l'élémentaire. Le feu qui fait de toi son bois sur « Grip The Wheel », terrassant de mélodies en mode Overkill, l'up-tempo allié à la fluidité de la chaleur uniformément agréable. Ça y est : I'm-on-fire !
…
Bon, le dépeuplement de Thrashocore durant l'été permet le mauvais lyrisme sans trop de remords mais pour les quelques-uns qui sont restés, je vais faire mon office en regrettant une fin d'album moins prenante sans pour autant qu'elle dépareille avec le reste : « Supernatural Illusion » dont le refrain déboule de manière un peu hasardeuse malgré l'apparition plaisante de papa Wino (ça s'arrange et renoue avec le bonheur par la suite) et le final « Force Fed Fear » qui aurait mérité d'être en grande pompe plutôt que placide, Earthride lassant en conclusion à force de ne pas aller voir ailleurs. Ceci mis à part, ce dernier arrive sur Something Wicked à dépasser le classicisme inhérent au genre – celui qu'on qualifie souvent de « drogué », « motorisé », « gras », patati patata – pour rappeler, avec son allégeance et son expérience, que le doom classe historique n'est pas qu'harassement et quatrième dimension puisqu'il est avant tout vital.
Rien de nouveau ici, juste la fureur de vivre.
| lkea 20 Juillet 2011 - 1671 lectures |
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