The Chasm - The Spell Of Retribution
Chronique
The Chasm The Spell Of Retribution
Etant actuellement dans une période plutôt productive, je vais profiter de ce temps libre abondant et de cet élan d’inspiration pour vous présenter un des ces nombreux groupes injustement méconnus, oubliés sous une infinité d’autres noms mieux mis en valeur à juste titre ou non par les aléas inhérents au monde de la musique, une de ces petites perles que sait parfois nous révéler sans crier gare notre cher underground métallique. Ne soyez pas immédiatement rebutés par l’immonde pochette qui trône en haut à droite de votre écran ou par la dégaine kitch au possible de nos trois Mexicains, ne faites pas cette erreur car ils sont la preuve même que la persévérance et l’intégrité savent parfois être salvatrices. Sans cesse remettre l’ouvrage sur le métier, l’adage est sans l’ombre d’un doute bien connu chez The Chasm qui, au mépris du certain anonymat dans lequel il a évolué tout au long de sa carrière a laissé quelques pépites à ne rater sous aucun prétexte dans son sillage et c’est tout particulièrement le cas de The Spell Of Retribution dont il est question aujourd’hui.
Formé en 1992 sous l’impulsion du guitariste et chanteur Daniel Corchado qui, après sa participation au sein de Cenotaph a décidé de remettre les compteurs à zéro et d’explorer des horizons musicaux plus larges que par le passé, très vite le groupe qui comptait déjà en ses rangs Antonio Leon qui y officie aujourd’hui encore en tant que batteur donne naissance à un premier album où se profilait déjà l’essence de ce death metal profondément inscrit dans ses racines thrashisantes qu’il ne quittera et ne cessera d’acérer sortie après sortie. Ces dernières s’enchaineront d’ailleurs pendant dix longues années avant que le trio qui avait déjà subit de nombreux changements de line-up ne se voit enfin accorder un contrat et une distribution décente qui leur revenait de droit. Ainsi, il aura fallu attendre 2004, plus d’une décennie et non moins de six albums après sa création pour que cette formation qui avait toute l’énergie et les capacités nécessaires pour réaliser une carrière digne de ce nom et rencontrer un succès légitime apparaisse enfin aux yeux du grand public de manière raisonnable. Grâce au travail fourni par le sous label de Earache, Wicked World Record, et d’un album qui marquera jusqu’à aujourd’hui l’apogée de son talent, le sommet de sa déjà longue discographie allant jusqu’alors croissant qualitativement parlant : l’excellent The Spell Of Retribution que bien des groupes sous le feu des projecteurs pourraient, ou plutôt devraient lui envier. Quoi qu’il en soit, l’histoire étant ce qu’elle est, concentrons nous à présent sur les quelques soixante six minutes que nous propose ici The Chasm qui devrait à n’en point douter en satisfaire plus d’un tant l’hommage permanent qu’il rend ici au death metal du siècle passé est pur et noble, et tant sa singularité, d’un point de vue conceptuel comme musical, me pousse inlassablement à répéter cette expérience mystique et addictive.
Dès l’introduction "From The Curse, A Scourge", le ton est donné et il ne laisse que peu de place au doute, titre instrumental s’étalant tout de même sur plus trois minutes où leads mélodiques d’une force toute particulière viennent progressivement céder la place à un riffing percutant et puissant qui n’aura de cesse d’accrocher l’auditeur tout au long de l’album. Depuis "The Omnipotent Codex" jusqu’à "Eternal Cycle Of Desilusion", rien ne vient altérer l’éclat de ce death metal sur lequel le temps ne semble pas avoir eu d’emprise, ici les premiers noms qui viennent à l’esprit seraient plutôt Possessed, Sadisctic Intent, voire le Slayer de ses débuts que Behemoth, Cannibal Corpse ou Necrophagist qui faisaient pourtant beaucoup parler d’eux en cette même année. Cependant, ce serait faire preuve d’une infinie mauvaise fois que d’enfermer The Spell Of Retribution dans une mouvance revival tant les structures qui composent chacun de ses dix morceaux affichent une modernité indéniable, ne passant que rarement en dessous de la barre des six minutes et s’étalant même jusqu’à presque dix minutes pour son titre le plus long. Par ailleurs, le trio met en place tout au long de cette heure, qui n’aura que rarement semblé aussi courte, une atmosphère d’une profondeur considérable renforçant outre sa cohérence et sa singularité, son concept bien particulier que Daniel Corchado à son rôle de vocaliste développe à travers des thèmes issus de la mythologie et de l’histoire de son pays natal (des titres comme "The Omnipotent Codex" ou "Retribution Of The Lost Years" parlent d’eux même).
D’une richesse incommensurable qui ne cesse de ce révéler à mesure que les écoutes se multiplient, il serait inutile de chercher à mettre en valeur certains morceaux tant ils possèdent tous une personnalité propre et suffisamment de passages mémorables pour figurer en ces lignes. Des mélodies entêtantes qui font leur apparitions dans toute la seconde moitié de "Conqueror And Warlord", au magnifique "Retribution Of The Lost Years" où la basse de Julio Viterbo vient se confondre a un riffing qui se fait parfois blackisant et où quelques passages en acoustiques viennent même sublimer un petit peu plus le tout jusqu’à l’incroyable "The Eclipse : Monument To The Empire", d’un équilibre et d’une maitrise dans la composition époustouflants en vue de ses neuf minutes et demi qui passent en un instant, aucune seconde, aucune note de The Spell Of Retribution n’a pas été minutieusement et savamment réfléchie au préalable par des musiciens définitivement arrivés au sommet de leur art.
Vous l’aurez donc compris, il s’agit ici d’un grand, très grand album à mes yeux, qui retourne aussi régulièrement sur le dessus de la pile de disques qui orne mon bureau que je le conseille à toutes les personnes qui ne l’auraient pas encore découvert. Ainsi, si cela n’a pas déjà été fait, car les chroniques ce sont aujourd’hui multipliées sur la toile bien que ne répondant toujours pas au talent de la formation, je ne peux que vous pousser à grands coups de santiags à vous pencher au plus vite sur son cas car je suis persuadé que nombreux seront ceux qui y trouveront leur compte. Tendant par moment vers un black-death metal à fortes sonorités mélodiques, déployant une énergie qui n’est jamais sans rappeler celle du thrash de la fin des années 80 et en permanence empreint d’un immense respect envers le death metal old school, la musique de The Chasm ne perd pourtant jamais une once de son intégrité et de son identité propre qui fait de lui un groupe définitivement à part, semblant rappeler qu’à l’époque où Venom était encore un groupe extrême (sic), les frontières entre toutes ces écoles aujourd’hui bien distinctes étaient alors difficilement définissables.
| Squirk 12 Septembre 2011 - 2606 lectures |
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