Le précédent opus des maîtres occultiste Américains, premier volet d’une trilogie annoncée
« Absu », « Abzu », « Apsu », m’avait laissé une impression très mitigée. Trop mou, trop vide d’agressivité, de hargne, trop long, trop moyen. Il en résultera une chronique en demi-teinte, certes parfaitement rédigée (par votre talentueux serviteur !) mais peu élogieuse il faut l’avouer.
Fidèle lecteur de Thrashocore et évidemment soucieux de mon contentement, Prospcriptor, à la fois vexé et interpellé par ma prose acerbe mais ô combien juste, décida donc d’offrir une nouvelle peau à son projet en formant illico un nouveau trio magique qui devait me séduire. Ainsi, Ezezu tiendra la basse et Vis Crom aura la lourde tâche d’être l’usine à riffs censée faire tourner le moteur black thrash du groupe à plein régime. Bon joueur devant cet artiste qui se remet en question pour mon bon plaisir, reconnaissant devant l’effort consenti, je revois mes positions et laisse sa chance, l’oreille fraîche, à cette nouvelle offrande. Grand bien m’en a pris !
Je découvre Absu le véloce que l’on attendait plus, agressif, vif et mortellement précis. Absu le sauvage, la brute qui latte avec subtilité au rythme de la dentelle finement martelée par Proscriptor, batteur fabuleux et créatif qui dynamise, habille, orne de cliquetis brillants, de frappes sèches, et variées. La ride scintille, virevolte, les toms descendent les mesures avec une légèreté désarmante le tout avec un son trop naturel pour être malhonnête (et dieu que cela fait du bien en ces temps de règne infâme du trigger Roi et du kit en plastique qui fait poc poc) . Compositions cinglantes, fouillées, nerveuses, je paye mon manque de foi, Absu me corrige et chaque titre qui défile accentue mon repentir.
Absu le rustre qui ne s’étale pas inutilement, le propos est concis mais il est dense, il est intense, le groupe ne traîne pas en route, il gonfle ses compos aux stéroïdes, à l’acoustique, aux idées qui foisonnent, aux plans qui se font concurrence en haut de l’affiche. Ça gicle de partout, à chaque coin de mesure LE riff qui tue t’attend sournoisement avant de se faire laminer par le suivant. Ça palm mute avec une virtuosité que je ne connaissais pas au groupe, ça blaste impérieusement sans crier gare, ça riff sans relâche, ça break, re-break, ça fourmille d’idées, de plans, ça déborde d’énergie, de fougue, de feu. Pas de temps morts, pas de temps faibles, «Abzu» est enivrant et passionne. Black dynamité au thrash, thrash ambiancé au black, les Américains appliquent une recette enfin savoureuse qui offre au mélange l’une de ses plus belles réussites.
Vous l’aurez compris, mon manque d’enthousiasme est balayé d’un revers de riff explosif ! J’en prends plein les dents et j’en redemande, alors le groupe m’en remet une pour la route, et une 5 étoiles, quenelle magnifique de 14 minutes divisées en 6 parties distinctes. Longue extase épique qui varie encore les plaisirs. Thrash frétillant, dédale de plans frénétiques, solis bouillonnants et même post black façon Deathspell Omega en mode posé, magnifique. « Abzu » m’a essoufflé et n’aura eu besoin que de 36 petites minutes pour me convaincre pleinement.
Le Absu d’
«Absu » ne m’avait guère donné envie de laisser le moindre embryon de chance à ce Abzu qui lui me donne foutrement envie de me jeter sur le prochain Apsu d’Absu ! Surprise du chef.
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