A défaut de pouvoir chroniquer des promos de qualité en cette fin d’année morose, les vieilles perles obscures continuent encore d’alimenter notre vénéré webzine. Un plaisir authentique à chaque découverte. En 2011, Puteraeon m’aura présenté le guitariste et chanteur « biker » Jonas Lindblad (« Lindblood » pour son nom de scène). Suivra ainsi le death metal bigarré et redoutable de Thorium (voir ma chronique de
Ocean Of Blasphemy). Voici cette fois Taetre, le premier véritable groupe du bonhomme (compositeur principal attitré). Formé en 1993 à Göteborg, Taetre compte aussi dans ses rangs Daniel Kvist (ex-Nighshade, ex-Sacrilege, ex-Dragonland) à la basse et au chant pour les fins gourmets, le reste des membres n’ayant aucune affiliation connue. Deux démos naîtront puis les Suédois partiront au Los Angered d’Andy La Rocque pour accoucher de leur premier album
The Art sous la bannière danoise DieHard Music.
Enième groupe de death/thrash mélodique générique étiquetée « from Gothenburg » ? Certainement pas. Je ne me serai pas forcé à chroniquer une telle chose. Certes la base est clairement inscrite dans le metal mélodique (death, thrash et black) de Göteborg (ville d’origine du groupe) du milieu des années 90, il suffit d’écouter les innombrables riffs death/thrash typés At The Gates, les leads et riffs mélodiques glaciales (les leads anticosmiques de « When Winter Came » ou ceux baroques de « Prince Of Many Faces » aux faux airs d’un Dark Tranquillity-old) ou bien les passages acoustiques parsemés (l’outro ne pouvait pas rendre plus hommage à Dissection/Unanimated). Tout ceci dans l’atmosphère typique de ces années là. Qui se lassera de cette ambiance froide et dépressive ? Sauf qu’à la manière de Thorium, Jonas piochera à d’autres râteliers. Le death metal de Stockholm est aisément reconnaissable (premier amour de Jonas), plus particulièrement les penchants mélodiques d’un Desultory et thrash d’un Seance ou d’un Merciless ici. Un jeu de batterie lourd et des riffs triples épaisseurs pour narguer leurs voisins parfois en manque de testostérones.
Le rendu final est probant. Jonas a réussi à pondre des compositions à la fois riches (claviers inclus), fluides et surtout accrocheuses en y plaçant chacune de ses affinités. Tout ceci englobé dans une approche peu subtile : un tempo excité sans temps mort (le batteur est excellent) pour une musique agressive de bout en bout. Difficile de ne pas penser à un groupe du même label, je parle de Centinex : les adeptes apprécieront ! Ne connaissant que le timbre guttural de Jonas, le gaillard se démène tout aussi bien dans les cris écorchés (la dominante ici). Epaulé des hurlements de Daniel Kvist (à la prestation excellente sur
Wielding The Scythe) et de quelques virées dans les graves, la musique gagne en dynamisme et en intensité. Alors oui,
The Art n’est évidemment pas parfait, on notera quelques baisses de régime en milieu d’album et des compositions qui ne révolutionneront en rien le genre. Pourtant nous ne sommes qu’en 1997 (année d’enregistrement) et les quelques hits à la fois mélodiques, frissonnants et brutaux auront le dernier mot. « My Lament », « Prince Of Many Faces », « The Halls Have Eyes » et « Into The Dawn » sont imparables.
The Art peut sans l’ombre d’une hésitation compléter votre étagère suédoise.
Death/thrash mélodique aux sonorités death de Stockholm et black metal,
The Art fait partie de ces albums poussiéreux trop méconnus qui nous feront regretter les glorieuses années 90. Oubliez les aspects « gentillets » trop souvent associés à la scène de Göteborg, Taetre déverse ses mélodies gelées dans un socle relativement violent. Redoutable. Un premier album à part, la suite de la discographie étant assez convenue mais plutôt honorable. Prenez votre Swiffer et agrippez donc ce brûlot, vous ne serez pas déçus.
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08/11/2011 07:57