Bent Sea - Noistalgia
Chronique
Bent Sea Noistalgia (EP)
Amateurs de blasts et d’une certaine idée du grind à l’ancienne, levez-vous ! L’intitulé de ce premier EP de BENT SEA, pour l'heure uniquement dispo en version digitale sur le site officiel, parle de lui-même : les nostalgiques d’une époque bénie où user sa K7 de « Extreme Conditions Demands Extreme Responses » jusqu’à la corde offrait des perspectives d’écoute pour le moins inédites (le bruit immonde à 1 :27 mn est-il l’œuvre de Kevin Sharp ou la bande magnétique a-t-elle définitivement rendu l’âme ?) sont naturellement conviés à la fête du bpm organisée par Dirk Verbeuren (SCARVE, ABORTED, SOILWORK, DEVIN TOWNSEND) sur une autoproduction appelée à sortir en vinyle début 2012.
Et en galante compagnie s’il vous plaît pour ce qui prend rapidement des allures de all star band sur le papier, les illustres Devin Townsend et Sven De Caluwe émargeant au casting d’un « Noistalgia » ne faisant pourtant aucun chichi. Ceux qui fantasment d’ores et déjà sur l’équation SCARVE + STRAPPING YOUNG LAD + ABORTED = meilleur groupe de tous les temps peuvent continuer à rêver, là n’est pas le propos d’un projet 100% Dirk Verbeuren, la présence de ses deux illustres compères étant davantage une question de circonstances (le chanteur prévu à l’origine finalement indisponible, un coup de fil à l’ami Sven, Devin qui passait par là et hop ! Line-up de malade). Passé à la guitare rythmique pour l’occasion, en plus des parties blastées de rigueur (Rick Allen n’était pas dispo ?), Dirk trouve là un terrain de jeu propice au décrassage, lui qui composait déjà quelques riffs pour SCARVE le temps des deux premiers albums du groupe. Nul besoin d’avoir le niveau technique d’YNGWIE MALMSTEEN pour faire bonne figure ? Ça tombe bien, BENT SEA a autant à voir avec le néoclassique que Jean Pierre Pernaut avec le journalisme. Et dans un contexte extrême façon VENOMOUS CONCEPT (« Noistalgia », première salve frontale), autre combo à caractère récréatif où aucune pression n’est de mise, les réminiscences à la scène grind des late eighties/early nineties sont nombreuses, de REPULSION à TERRORIZER en passant par EXTREME NOISE TERROR (la reprise bonus de « Bullshit Propaganda » figurera sur la version vinyle), sans oublier les incontournables NAPALM DEATH, dont l’ombre plane sur les riffs de n’importe quel groupe de grind qui se respecte. Mené avec l’intention évidente de se faire plaisir, « Noistalgia » s’appuie sur des automatismes ayant fait leur preuves, le duo Dirk Verbeuren/Sven De Caluwe étant passé à la postérité depuis l’immense « Goremageddon » que tout le monde adore. Ça cogne donc bien dur (malgré une production du Die Crawling Studio qu’on aurait aimé encore plus sèche, le son de gratte rondouillard étant assez inhabituel pour le genre), BENT SEA pouvant compter sur des tirs de barrage appuyés par l’équarrisseur en chef Svencho, auteur une nouvelle fois d’une performance de premier choix ; ou la revanche de cochonou sur Patrick Sébastien, la réponse du bâton de berger à l’infâme interprète du petit bonhomme en mousse, noyé sous une épaisse couche de vocaux érigeant le gras en art de vivre, quand Dirk n’a pas l'excellente idée de ressusciter NAILBOMB le temps d’un raid éclair (« Deadmeat ») où Sylvain Coudret se prend pour Andreas Kisser, soli de guérillero à l’appui ! Bien sûr, tout n’est pas que sentiment d’urgence ou vitesse d’exécution et BENT SEA donne aussi dans le pachydermisme le temps d’une « In One Word » rigolarde pas si éloignée des premiers délires de STRAPPING YOUNG LAD de « Heavy As A Really Heavy Thing » mais le meilleur dans tout ça, c’est cette ferveur grind emportant tout sur son passage dès 9 secondes passé un démarrage typiquement suédois (qui a dit DEATH BREATH ?) sur « A Common Affliction ». Pour autant, Dirk a sans doute gardé quelques cartouches en réserve car malgré son attachement à la scène grind scandinave, on ne peut pas dire que la filiation à NASUM ou ROTTEN SOUND saute droit aux oreilles, même si ce premier EP de BENT SEA séduit pleinement lors d'inombrables excès de vitesse. Si les riffs à découvert mid tempo restent à parfaire, ce grindcore à corps spontané et beaucoup trop court appelle bien d’autres combats, pourquoi pas avec une pointure différente derrière le micro, un peu comme l’avaient fait les deatheux de COMECON au début des années 90 ?
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