Jack / Yattai - Unsheathe And Grind
Chronique
Jack / Yattai Unsheathe And Grind (Split-CD)
Ce qui m'éclate avec le grindcore, c'est le petit côté auberge espagnole qui ressort souvent dans le milieu, où l'alliance improbable sous forme de split CD entre un obscur combo hongrois et des frenchies tout aussi furibards sur un label brésilien n'a au final rien d'incongru. C'est chez Kasamata Records que ça se passe et vous pouvez d'ores et déjà oublier l'habituel défilé de transexuels sud américains ayant raté leur transfert à l'Olympique Lyonnais ou le long métrage de Cédric Klapisch car à moins de coller Alex De La Iglesia derrière la caméra pour une troisième campagne de pub Erasmus, on restera très loin ici du gentil petit périple de Romain Duris et ses petits amis étudiants!
Mais commençons la dissection du bestiau avec JACK, groupe hongrois déjà responsable d'un split avec AGATHOCLES. Des joyeux drilles à n'en pas douter, comme en témoigne cette introduction invraisemblable au carrefour de Blanche Neige Et Les Sept Nains et d'une réunion d'ivrognes sur le parking du Leader Price local. Le stratagème habituel pour mieux mettre en valeur la déflagration sonore qui va suivre, sorte de revival « Mass Appeal Madness » cuit à l'étouffée d'une production à la limite de l'ignoble, digne des pires exactions thailandaises de Brute Productions mais qui, au final, ne s'avère pas si dérangeante. Car malgré le crachin basse/guitares qui a bien du mal à s'extirper de la masse, il faudrait vraiment faire la sourde oreille pour ne pas reconnaître à JACK d'évidentes qualités, comme ce sens de l'explosivité jamais démenti, ces riffs massifs et ces mosh parts dévastatrices qui, combinée à une fièvre hardcore omniprésente, font de ces rejetons d'un NAPALM DEATH première époque un groupe à suivre car armé d'un son ne serait-ce que correct, JACK pourrait vraiment faire très mal à l'avenir!
On grimpe d'un bon cran niveau conditions d'enregistrement avec YATTAI, des compatriotes rompus aux joutes split (avec GASTRICK BURST, GRUNT GRUNT et FANTASTIKOL HOLE, entre autres) et dont le caractère abrasif et noisy des guitares l'éloigne du registre maousse costaud de JACK au profit d'un grindcore sauvage et débridé, les hurlements du chanteur Gautier évoquant le registre hystéro d'une Mel Mongeon (FUCK THE FACTS), y compris musicalement lorsque YATTAI joue la carte de l'accalmie malsaine limite postcore sur « The Common People Lifetime ». On pense aussi pas mal à GRIND-O-MATIC pour l'étrangeté de certains breaks et la sécheresse de la production qui donne le sentiment d'avoir avalé un sac de litière pour chat, YATTAI ayant manifestement un fond de jeu suffisament varié pour faire mal sur plusieurs plans, l'agression frontale d'une « Stefany Is The Queen Of Roller Derby » ou de « Back From The Grave » achèvant un programme trop court qui donne furieusement envie d'entendre la suite, sûrement sous la forme d'un split à venir avec TREPAN DEAD – le groupe est actuellement en recherche d'un label dans le cadre d'une coproduction – et d'un CD discography reprenant l'ensemble des morceaux enregistrés jusqu'au split avec FANTASTIKOL HOLE, à paraître prochainement … en Indonésie !
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