Appeler « Silence » un tel album, c'est un peu comme appeler « Groove Party » un album de
Burzum ou « Blasting Violence » le dernier
Florent Pagny: c'est la foire à l'oxymore! Parce que s'il est vrai que le festival de frénésie grindesque proposé par Massive Charge sur les 27 minutes de son 1er opus peut imposer le silence à nombre de groupes qui se la jouent tough boys, diffusé en musique d'ambiance dans un monastère bouddhiste de la banlieue de Lhassa, ça risque de couler plus d'un bonze ...
Massive Charge, qui moule ses blasts lorrains à la louche depuis 2003, rajoute avec cet album une brique de choix à l'édifice grind national, pesant de tout son poids dans la même balance que ses voisins
Blockheads,
Inhumate et Warscars (
pour étirer un peu la notion de voisinage) afin de faire basculer définitivement le centre de gravité de la scène grind hexagonale dans le Nord-Est. Sur les 13 titres de "Silence", le groupe adopte une optique majoritairement axée sur le « retour aux sources ». En effet le 1e feeling qui s'impose à nous à l'écoute de ce concentré de sauvagerie musicale, c'est la similarité – dans l'esprit et la démarche du moins – avec les premiers
Napalm et toute la clique de ces groupes qui nourrissaient abondamment leur hargne aux sources du punk. On retrouve donc ici quelques brûlots à la touche résolument punk/crusty, comme « Tribute », « Bipolar » ou « Aggressive Grinding Terror », ainsi que des morceaux typiques de l'époque, avec une structure hyper simple, mais à l'efficacité proportionnellement décuplée, comme sur « Grunt », « Silence and Noise » ou « I'm the Same ». Le format pratiqué, vous vous en doutez, c'est la mandale qui dure entre 1 à 2 minutes. La batterie oscille entre blasts et beats punk gavés au speed, alors que côté vocaux, on a le droit au traditionnel duo grunt death rocailleux / aboiement hardcore hystérique et teigneux.
Mais si le cœur des Massive Charge est résolument tourné vers le old school, l'exécution ne fait pas l'impasse sur les progrès réalisés par la dernière génération de grindeux en short. Ainsi la prod', sans être non plus hyper léchée – on n'a pas l'impression d'écouter du
Nasum hein – est très bonne, et si le son des grattes cultive un minimum l'habituel rendu dit du « gros bouillon de lave », tous les instruments trouvent leur place sans mal dans le mix final, y compris la basse qu'on arrivera à entendre sur les quelques échappées qu'elle s'offre sporadiquement. Mais le point qui me séduit le plus, c'est que le groupe ne s'adresse pas uniquement qu'aux amateurs de machines à laver en mode essorage: hormis les morceaux punky, plutôt simples mais dans la dynamique desquels il est facile de rentrer, le groupe propose des titres aux plans relativement variés. Tantôt des décélérations mid calment le jeu et nous laissent respirer quelques instants (
sur « Tribute » à 1:04, sur « Body Grind » à 1:25 …), tantôt une injection de death - groovy ou baveux, c'est selon - interpelle l'auditeur (
à 0:32, 1:03 … en fait tout le long de « Last Jump », au début de « My World », à 1:54 sur « Help ! ») quand ce n'est pas un mosh rock'n'roll syncopé (
à 0:58 sur « Silence And Noise ») ou une glouglouterie goregrind gag-esque mais grotesquement good (
Bo-bobobobobobobo-bobobobobo à 0:58 puis à 1:36 sur « Bipolar ») qui vient pointer le bout de son nez entre deux brutasseries sauvages.
Bref, moi qui ne suis habituellement pas très client du sympathique bordel grind (
hormis quand il s'agit du premier Brutal Truth ou des derniers Nasum), qui apprécie occasionnellement un
Regurgitate, un
Blockheads ou un peu des premiers
Sublime Cadaveric Decomposition sans pour autant y revenir très souvent, je me suis bien éclaté à l'écoute de ce « Silence », et il est certain qu'il reviendra régulièrement faire la bise à ma platine laser … Bravo les gars !
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