Riot - Immortal Soul
Chronique
Riot Immortal Soul
Dans le genre vieux de la vieille, Riot se pose là. Formés en 1975 (!), les Américains comptent à leur actif 13 albums (dont seulement 3 sont miens, les classiques Fire Down Under (1981) et Thundersteel (1988) et le mi-figue mi-raisin The Privilege Of Power (1990)), ont changé plusieurs fois de style musical, subi des changements de line-up à répétition et se sont déjà séparés en 1984 pour revenir deux ans plus tard. Une histoire mouvementée semée d'embûches entre succès et échecs qui aurait été fatale à la plupart des groupes. Mais Riot est toujours là, plus fort que jamais même. En 2008, le combo new-yorkais se reforme avec le line-up de Thundersteel, soit l'unique membre originel Mark Reale à la guitare, Don Van Stavern à la basse, Bobby Jarzombek derrière les fûts, sans oublier Tony Moore au chant, lui qui partira fin 2009 mais changera d'avis mi-2010. Mike Flyntz, qui suit la formation depuis 1989, complète ce tableau idyllique à la seconde gratte. Fin octobre 2011, Riot sort sur SPV/Steamhammer son 14ème opus Immortal Soul, auréolé d'une jolie pochette. Une fois n'est pas coutume j'ai envie de dire tant les artworks des vieux albums du groupe ornés de sa mascotte Johnny (un phoque star-warsien) faisaient froid dans le dos. Des extraits très prometteurs s'étaient également alliés à la cover classe et au line-up légendaire pour garnir les rangs des raisons d'espérer un retour en fanfare du combo culte. Et une écoute a suffi pour confirmer ce dont on se doutait depuis un moment: Immortal Soul est bien un grand album.
Le morceau d'ouverture, "Riot", donne le ton. Le groupe a attendu 36 ans pour écrire un titre éponyme mais quel titre! Belle mélodie power en intro, grosse accélération thrashy, chœurs jouissifs sur le refrain (What's it gonna take to make you RIOT), solos divins: Immortal Soul commence par une pure tuerie speed ultra efficace qui n'aurait pas dépareillé sur Thundersteel. Logique après tout vu le line-up! Un début en trompe-l'oreille? Pas du tout puisque les New-Yorkais n'ont pas lésiné sur la vitesse sur plusieurs autres morceaux. Si "Still Your Man" baisse de rythme tout en se distinguant notamment par un démarrage maidenien excellent et un refrain imparable (ainsi qu'une référence clin d'œil à Johnny dans les paroles), des compos comme "Sins Of The Father", "Insanity" et surtout l'autre hymne speed "Wings Are For Angels" sont loin de traîner la patte. Ça fait plaisir de voir des anciens avoir toujours la patate et ne pas se contenter de mid-tempos pépères comme beaucoup d'autres. Mais de toute façon, même quand les émeutiers sortent les mid-tempos, c'est du tout bon. J'en veux pour preuve un "Fall Before Me" bien groovy au début puis bâti sur des couplets calmes magnifiques mettant en scène arpèges, basse, batterie et le chant prenant de Tony Moore, la belle "Immortal Soul" très émotionnelle, un "Whiskey Man" des plus catchy, le début ultra mélodique aux touches mélancoliques de "Echoes" et par-dessus tout la géniale "Crawling" et son intro d'arpèges classique mais délectable, son riff énorme à la mélodie orientalisante et son solo bluesy bourré de feeling, le tout porté à nouveau par la voix extraordinaire du frontman d'origine italienne (son vrai nom est Tony Morabito).
Qu'on se le dise de toute façon, il n'y a pas de mauvais morceaux sur cet Immortal Soul. All killer, no filler! La piste la plus "faible" doit être "Immortal Soul", en raison simplement d'un côté un peu trop mou du genou. C'est dire la qualité exceptionnelle de cet album, qui dispose en plus d'une production claire et limpide absolument parfaite pour le style classieux pratiqué par les Américains. Chaque morceau a son âme, son propre caractère, et offre des charmes divers et variés qui font passer les 53 minutes sans qu'on s'en rende compte. Car le moins que l'on puisse dire, c'est que Riot débordait d'inspiration pour la composition de son nouveau joyau. Les cinq vétérans de la scène jouant en plus au sommet de leur art, la concurrence devient vite déloyale. Don Van Stavern a bien compris comment devait se comporter une basse, non seulement en soutenant les guitares mais aussi en restant toujours à l'affût pour prendre les devants en quelques occasions. Quant au batteur Bobby Jarzombek qu'on ne présente plus, on l'a connu plus technique (Spastic Ink) mais il fait exactement ce qu'il faut et même plus sur un album de heavy/power, à savoir envoyer la sauce sur les parties rapides et se montrer plus groovy sur les mid-tempos. Après tout, il a l'habitude dans ses autres groupes Fates Warning et Halford. Le bonhomme se fait toutefois plus impressionnant sur quelques séquences plus élaborées comme le début de "Wings Are For Angels" en offrant du groove et une habilité qui force le respect. Mais ce sont comme toujours les guitaristes et le chanteur les vraies vedettes. La paire Mark Reale/Mike Flyntz est juste incroyable, alignant les riffs en acier trempé, les belles mélodies mémorables, les leads envoûtantes et les solos à tomber. Le travail en lead s'avère vraiment somptueux, l'une des nombreuses qualités de Immortal Soul. On regrettera néanmoins la trop courte durée de l'interlude instrumental "Majestica" de toute beauté qui s'interrompt avant la minute alors qu'on l'aurait bien vu s'étirer davantage. Enfin, difficile de ne pas évoquer le cas Tony Moore tant son chant rayonne et sublime des morceaux déjà savoureux. Bien sûr, il faut aimer les voix heavy et les intonations haut perchées. Personnellement j'adore et quand il monte bien haut, j'en ai des frissons tout partout! Ce mec a un don pour trouver des mélodies de voix captivantes, des rythmiques de chant dynamiques et des refrains qui hantent l'esprit. Moore se paye même le luxe d'être un remarquable parolier et c'est un véritable plaisir que d'écouter l'album au casque tout en suivant les paroles du livret. Un plaisir que ne pourront jamais procurer de simples MP3! La performance du frontman ne fait cependant "que" frôler la perfection à cause de quelques petites maladresses comme le refrain de "Wings Are For Angels" (uniquement constitué du titre de la chanson chanté très haut) trop nian-nian, des backing vocals aigus discrets mais parasites sur le refrain de "Crawling" ou encore les superpositions de chant à différentes hauteurs comme sur les chorus de "Fall Before Me" ou "Believe". Des refrains au demeurant excellents qui n'ont pas besoin de ces artifices pour faire vibrer l'auditeur.
Ces défauts en restent heureusement au stade de broutilles inoffensives noyées dans un océan de merveilles heavy metal où l'on aimerait se baigner des heures durant. Plus j'écoute Immortal Soul, plus j'en suis accroc. Riot n'a pas déçu. Mieux que ça, il sort là une œuvre qui arrive à rivaliser avec Thundersteel, l'album culte des émeutiers. Vraiment dommage que le combo ait dû annuler sa participation à la tournée de HammerFall en novembre dernier tant on aurait aimer entendre des titres comme "Riot", "Crawling", "Fall Before Me", "Sins Of The Father" ou "Insanity" en live. Difficile de savoir si les Américains pourront planifier une autre tournée européenne cette année mais vu la situation actuelle, ça m'étonnerait, malheureusement. On se consolera en écoutant encore et encore cet Immortal Soul fabuleux, l'album heavy de l'année avec le The Scourge Of The Light de Jag Panzer et un indispensable pour tous les amateurs du genre. Je crois qu'on appelle ça la grande classe!
| Keyser 8 Janvier 2012 - 2106 lectures |
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