Pandemonium - Misanthropy

On avait croisé Pandemonium sur son Promo 2010 qui nous présentait deux titres de son prochain album Misanthropy. Deux titres corrects qui, sans émerveiller, donnait envie de voir plus loin. Nous voilà en 2012 et l'opus sort d'ici quelques jours sur Pagan Records. Malheureusement, l'écoute de celui-ci n'a pas vraiment été une partie de plaisir.

Les six nouveaux morceaux sont-ils différents de "The Black Forest" et "God Delusion" repris ici en ouverture dans des versions légèrement remaniées, notamment au niveau du chant, mieux maîtrisé? Non, et c'est justement ça le problème en ce qui me concerne. On rappelle que les Polonais qualifient leur style de satanic dark metal. Dans les faits, une sorte de death/black ou black/death atmosphérique qui se focalise davantage sur les ambiances que sur la vitesse d'exécution. Ça passe sur deux titres et moins de dix minutes mais sur près de trois quarts d'heure, croyez bien que j'ai baillé plus d'une fois. Pandemonium ne connait que les mid-tempos plus ou moins appuyés et les rythmiques lentes et lourdes. Des accélérations? Quelques unes sur "Necro Judas" (2'31) et sur "Everlasting Opposition", piste la plus rapide (la moins lente devrais-je dire) du lot. Mais ça ne va pas très loin. Moi, quand j'écoute du metal extrême, j'aime bien que ça bourre un minimum, surtout que la brutalité n'est absolument pas incompatible avec une ambiance. Les Slaves préfèrent eux l'aspect hypnotisant des tempos modérés et des riffs simples, soit dissonants soit catchy, qu'ils font tourner en boucle. Parce que non seulement le quintette reste bloquer en seconde mais il ne varie aussi que rarement sa trajectoire. Résultat: ce Misanthropy est mou et chiant.

Pourquoi ai-je quand même mis la moyenne? Parce que paradoxalement, il n'est jamais mauvais, à part sur l'énorme faute de goût de "Everlasting Opposition" à 2'20 quand le combo se met à saccader comme un vulgaire groupe de metalcore alors que tout le reste se fait dans un esprit old-school. Et parce que l'ambiance sombre et hypnotisante se révèle bien retranscrite. On oubliera par contre les longs et nombreux samples inutiles qui introduisent la plupart des compos et renforcent l'aspect chiant de l'œuvre. Là où la formation se montre le plus à son avantage, c'est au niveau du travail sur les leads puisque Pandemonium nous propose souvent de belles mélodies. On l'avait déjà noté sur "The Black Forest", le meilleur morceau et sa lead finale somptueuse en tremolo et le groupe nous le démontre à plusieurs reprises comme sur "Everlasting Opposition" (3'15), un "Only The Dead Will See The End Of War" orientalisant et planant à 4'33 et surtout un "Misanthropy" (1'35) assez prenant, qui nous offre une bonne surprise avec du chant féminin aérien, également présent sur "Stones Are Eternal", interprété par la Grecque Androniki Skoula (Chaostar, ex-Septicflesh, guest sur le dernier Rotting Christ). D'ailleurs le chant, que je mettais plutôt dans la case "défauts" sur le promo, tombe ici dans une catégorie plus reluisante. Les growls et shrieks s'avèrent en effet plutôt originaux, notamment les shrieks dégoûlinants, et la superposition fréquente de différentes intonations donne un côté hanté qui colle bien à l'atmosphère.

Ces belles leads, cette ambiance dark palpable, ces parties de chant assez personnelles et même un batteur qui tire son épingle du jeu malgré la simplicité apparente de l'ensemble (excellent jeu de cymbales vers la fin de "Necro Judas" entre autres) n'arrivent cependant pas à faire oublier les défauts les plus handicapants d'un Misanthropy linéaire et amorphe. Si vous arrivez à passer outre les rythmiques de tétraplégiques et le manque de variété, l'album pourrait peut-être vous parler car comme on l'a vu, il n'est pas non plus dénué d'intérêt. Pour ma part, ces défauts sont rédhibitoires, surtout pour un groupe venant d'une scène polonaise qui m'a habitué à davantage d'extrémisme. Je ne connais pas le reste de la discographie de Pandemonium mais si elle est du même acabit, je comprends mieux pourquoi, malgré une formation en 1990, le groupe reste méconnu.

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