Sektemtum - Aut Caesar, Aut Nihil

La révélation de Sektemtum, projet de Montpellier, au grand public a été un mini-tsunami dans la sphère Metal. Jouant sur une image pleine de symboles mais aussi sur ce fameux vidéo-clip de la chanson éponyme (montrant la débauche de trois jeunes filles) qu’on peut qualifier de savant mélange entre "Baise-moi" de Virginie Despentes, une publicité Dior et une jeunesse plus ou moins dorée qui s'amuse.

Il faut bien dire que ce "super" groupe (Willy de Mütiilation/Hell Milita, Prck de Zoldïer Noïz, ainsi que des membres ou anciens membres de Arkhon Infaustus, Doctor Livingstone...) a su faire parler de lui. Les détracteurs ont fait tourner le clip pour permettre à leurs connaissances de rire un coup et les admirateurs ont fait tourner le clip pour montrer leur nouvelle trouvaille. Bref avec cette imagerie provocante Sektemtum tape dans la fourmilière du Black Metal traditionnel et fatalement tout le monde s'énerve sur le monticule de terre qui reste.

Si la pochette était connue bien avant la sortie de l'album, je me demandais bien comment le groupe allait présenter l'objet. Image chocs ou sobriété apparente ? Il est désormais clair que c'est dans la deuxième réponse que se présente visuellement cet opus. Livret sobre avec quelques dollars imprimés en fond (comme un énième coup de pied au cul de ceux qui critiquaient la teneur "commerciale" du projet) et les paroles parfaitement lisibles. Parlons-en des paroles : Construites, réfléchies, dévouées. Non, décidément, si l'on s'en donne la peine, le concept du groupe que l'on peut comprendre avec les textes (et avec les interviews de Prck, qui apportent quelques éclaircissements sur la démarche du groupe) se tient. Il y a du fond en d'autres termes mais par contre, s’il n’est pas forcément nécessaire d’avoir fait l’ENA, il vaut mieux avoir lu l’ONA pour comprendre. Passons sur cette blague réservée aux initiés, mais constatons simplement un fait : Sektemtum ne ment pas, Sektemtum croit en Lui, et Sektemtum ne joue pas les hypocrites en simulant les codes traditionnels du Black Metal, vu qu'ils ne le sont pas (traditionnels). C’est un parti pris qui se défend.

Musicalement, définir le style Sektemtum est quelque chose d'assez complexe, puisque le groupe ratisse dans plusieurs jardins. Le Black Metal bien sûr, mais aussi des soupçons de Death, des instants Hardcore et un grosse dose de rock'n'roll. Un melting-pot moderne donc, qui apporte un certain cachet à la musique de Sektemtum et une énergie qu'il sera difficile de contredire. Efficace dans les passages Black ("Dead Whore Fragance" et son côté « le riff qui tue ») comme dans les rythmiques "béton-armé" de certains titres comme "Exquirsis" (le break de ce titre est d’ailleurs excellent). L’efficacité est un des maîtres-mots de cet opus. L'album est régulier et n’affiche pas de véritables faiblesses, il est également servi par une production tout à fait précise ce qui permet d'apprécier au mieux le travail de composition.

On notera la meilleure des inspirations sur des titres comme "To dead ends, with holes in your pockets", le posé "218", "Faded" ou "Conférence catastrophe" qui sont tous arborés de passages tout bonnement jouissifs. On passe un bon moment sur Sektemtum en appréciant la musique, l'énergie et la dévotion du groupe. La sincérité et l'authenticité sont bel et bien présentes ici mais sous une forme peu habituelle tout simplement. L’album bénéficie aussi du fait qu’il ne lasse pas, et ne prendra donc pas la poussière sur l’étagère quelques semaines après son achat.

À titre personnel, je vois en Sektemtum le peintre du tableau d'une certaine frange de la jeunesse actuelle qui écoute du Black Metal mais ne s'empêche rien à cause de ce dernier. Prend de la drogue parce que c'est banal, vole son whisky parce que c'est banal, pisse sur un parking parce qu'elle est trop bourrée pour trouver les chiottes et parce que c'est banal, et serre de la pouffe au kilomètre parce que ça aussi, c'est banal. Une jeunesse dont je fais partie. Ma jeunesse. Finalement que dire ? Sektemtum livre tout simplement un bon disque qui ravira une frange plutôt variée d’un public qui est tout sauf prédéfini. Un disque qu’il est conseillé d’écouter même si il est évident qu’il ne ravira pas tout le monde.

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