Kraanium - Post Mortal Coital Fixation
Chronique
Kraanium Post Mortal Coital Fixation
Pour une fois je vais essayer de faire court. Pourquoi? Tout d'abord parce que j'ai sous le bras des albums beaucoup plus intéressants à chroniquer, que le temps me manque et surtout parce qu'il y a à la fois beaucoup et rien à dire à propos de cet album. Et puis merde on parle de brutal slam death là! Pas le genre de galette à décortiquer dans les moindres détails pendant trois pages.
Voici donc le troisième album des Norvégiens de Kraanium et premier album physique du groupe en ma possession. J'avais bien déjà écouté quelques titres du quintette sur le net mais rien qui ne m'avait emballé plus que ça, en tout cas pas au point d'acheter un de leurs deux précédents efforts. Soyons clair, cet album est purement destiné aux fans de slam death tant Kraanium semble en être l'archétype même : riffs chuggy plombés sur 7-cordes, rythmiques aussi lourdes que des blagues d'Omar et Fred s'entremêlant de blasts, basse grondant en arrière plan et bien évidemment vocaux jusqu'au-boutistes typiques. Brisons d'entrée de jeu l'emballement de certains (sait-on jamais) l'écoute de ce « Post Mortal Coïtal Fixation » vous sera gâchée par un son de caisse claire Tefal absolument horripilant (même si l'oreille, organe merveilleux, finit par s'en accommoder) et en partie responsable de l'un des principaux défauts que l'on peut faire à cet album. Quel est-il? Tout simplement la difficulté qu'a Kraanium à convaincre dans ce qui est pourtant l'intérêt même du style à savoir la brutalité et la lourdeur. Sabotés par ce son de caisse claire, les blast beats tombent dès lors totalement à l'eau, finissant par être un véritable supplice lorsque Mitch Rider s'essaie à quelques gravity. Quel dommage d'avoir un vrai batteur pour un tel résultat! Et c'est d'autant plus regrettable qu' hormis cela la prod dans sa globalité est plutôt bonne, les guitares bien puissantes, la basse audible et le mix équlibré. De même les breakdowns s'affalent pour la plupart dans un rendu plus pataud que véritablement assommant. Les scandinaves ayant qui plus est choisi de se limiter aux fondamentaux sans une once de variété, comment éviter l'écueil tant redouté de la redondance? Le principal reproche régulièrement fait aux sorties du style trouve ici un exemple parfait. Rien ne venant apporter un peu d'air aux compos, difficile de ne pas décrocher au bout de cinq titres tant ils se ressemblent tous... Des riffs en tremolo? Pourquoi faire? Un peu de mélodie? Certainement pas! Vous aurez là onze titres de pur brutal slam death (plus une reprise de... Abominable Putridity. CQFD). Si encore les vocaux permettaient à Kraanium de sortir par le haut... Malheureusement si le growl le plus guttural et caverneux de Martin Funderud est assez convaincant et fort à propos, le growl forcé auquel il s'adonne par moment finit par être agaçant de même que ses pig squeals peu utiles ou autres variations peu probantes. Restent heureusement quelques passages qui raviront malgré tout les drogués du slam, tout n'étant évidemment pas à jeter. Kraanium parvient par moment à éviter ces défauts et à instiller un peu de groove et de brutalité à sa musique, mais trop rarement pour réellement sauver l'album d'un sentiment d'ennui profond.
Le problème c'est que Kraanium compile à lui tout seul tous les défauts du style. Brutalité dont l'excès ne prend finalement pas, lourdeur virant au pataud, vocaux frisant parfois le ridicule, totale prévisibilité et finalement un manque cruel d'ambiance (non messieurs, quelques samples éculés ne suffisent pas)... et je ne vous parle même pas de cette pochette photoshopée immonde, je me demande sincèrement comment on peut oser sortir sciemment un tel artwork en 2012. En choisissant de totalement cloisonner leur style les Norvégiens ferment la porte à un nombre considérable d'auditeurs qui iront très certainement se jeter, après trois ou quatre titres, vers quelque chose de nettement plus recommandable. Dans le style optez donc plus volontiers pour le premier effort des allemands de Chordotomy, leurs confrères d' Acranius ou dans un style justement moins verrouillé l'excellent « Ingesting Putridity » de Visceral Disgorge.
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