La Division Mentale - L'eXtase des fous
Chronique
La Division Mentale L'eXtase des fous
Il me ferait presque peur.
Je me demande déjà si après un nombre d’écoutes assez impressionnant, mon esprit est capable de comprendre ce disque. Et si effectivement j’ai tout compris, ce n’est pas dit que j’arrive à ressortir ça sur le papier. Mais d’un autre côté, je me dois de rendre justice à cet opus et je ne me sens pas de priver Thrashocore d’un tel chef-d’œuvre.
« La Division Mentale ». Boum ! Rien que le nom claque des portes et incite à découvrir le groupe. La Division Mentale est un projet répartit grosso-modo quelque part entre la Moselle et Dijon. Composé de Mriik (aux voix), mais surtout de Cypher, mastermind du groupe, La Division Mentale se fout royalement des autres. « L’eXtase des fous » est un disque complètement frappé, allumé au sens propre du terme, marqué au fer rouge par l’industrie lourde mais aussi par la camisole de force. Il est bon de signaler que le groupe disperse aussi dans son disque des samples ambiants effectués par deux groupes du style : Absent et Babylone Chaos.
Décrire le groupe musicalement parlant, c’est compliqué. On pourrait faire le chroniqueur de base et dire que c’est du Black Metal avant-gardiste, industriel avec de nombreux passages ambiancés et électroniques, etc… Mais non, parce que Le Division Mentale, c’est bien plus que ça, c’est la bande-son de l’asile psychiatrique. Les chambres capitonnées, les voix dans la tête, les délires maladifs, les cachets, les menottes, les trois seaux, l’explosion et l’annihilation totale de la conscience, voilà ce qu’est réellement La Division Mentale.
Vaste programme me direz-vous et vous aurez bien raison. Surtout que rien ne prédispose l’auditeur à ce déferlement de sensations toutes plus malsaines et tordues les unes que les autres. L’artwork peut certes éveiller un peu le doute, avec cette fillette masquée façon « Horror Show ». Ce n’est pas non plus la réputation du groupe qui nous aura avertis, La Division Mentale n’étant une formation que trop peu connue. Et en plus de ça, le groupe est incomparable. Hormis Wolok (et c’est plus une histoire de timbre vocal que d’autre chose), on ne peut rapprocher La Division Mentale de rien. Qui met du Xylophone dans son Black Metal (cf : « Le Tout Indivisible ») ? Qui ajoute des voix de fillettes aux allures de gentilles illusions de notre esprit ? Qui utilise le son d’un encéphalogramme comme base rythmique (cf : « La gale de mon passé ») ? Qui met de la derbouka en fond rythmique (cf : « Illusions décharnées ») ? Qui saupoudre une longe mélodie finale de chant ethniques (cf : « Discipline ») ? Personne, excepté La Division Mentale.
En ce sens, le groupe a poussé le vice très loin. Les paroles peuvent être interprétées de manière différente selon chacun. Des métaphores aussi complexes que variées ponctuent le tout. Le livret est d’ailleurs bien construit, dans un mélange de gris/blanc immaculé qui permet de bien situer l’univers du groupe et lire les paroles en écoutant le disque. La production très propre fait paradoxalement ressortir le bordel très organisé de l’œuvre. Les guitares sont très propres, légèrement en retrait avec un grain très saturé, très Black Metal en fin de compte. La boîte à rythme se fend parfois de rythmes électroniques, mais conserve quand même une ossature en majorité centrée sur l’imitation d’une batterie organique. Cette dualité sert plutôt bien le rythme, encore renforcé par les différentes gimmicks éléctro-indus.
Mais on remarquera plusieurs détails qui font de ce disque une réussite totale. Déjà, malgré cette affluence de variété, le disque reste très cohérent, surtout grâce aux nombreux interludes qui lient les titres entre eux. Deuxio, on observera que chaque riff est finalement extrêmement efficace. Chaque mélodie, aussi tordue soit elle, se retient et revient nous hanter des heures après l’écoute. Le dernier point est sans doute le plus important. C’est très passe-partout comme phrase, mais il y a « quelque chose » dans ce disque, quelque chose de plus fort qu’un simple goût de reviens-y. Une puissance qui nous pousse à l’écouter en boucle, en dépit de toute sa difficulté d’accès. D’ailleurs, j’ai pas mal séché pour écrire cette chronique. La Division Mentale me dépasse en terme de qualité, me transcende et j’ai vraiment du mal à trouver le pourquoi du comment dans cette histoire. Et du coup, j’ai également du mal à trouver les mots pour décrire précisément cet album.
Ce dont je suis sûr par contre, c’est que vous devez absolument écouter cet album, vous le procurer, et en être fier. Si vous êtes suffisamment fous, l’extase devrait vous tomber dessus comme un piano sur la tête de Georges Clooney. Un (très) très grand disque, de (très) très grandes émotions, et une (très) très haute note sur Thrashocore.
« Une splendeur globale, quel beau matériel, un regard abyssal et la douceur du miel », peut-être est-ce juste ça, La Division Mentale ?
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