Malleus Maleficarum - Nothing Left to Fight For
Chronique
Malleus Maleficarum Nothing Left to Fight For
Avec un nom comme ça, il serait simpliste de s'imaginer un groupe de Black Metal à l'ancienne et respectant ses pairs. Et à vrai dire, ce ne serait pas tout à fait faux puisque l'opus le plus connu du groupe « Des bibles, des hymnes, des icônes » (leur deuxième) évolue carrément dans un Black assez traditionnel. Une production plutôt raw, une voix éraillée et des guitares en trémolo quoi, mais ceci dit avec une petite touche personnelle venant du riffing et surtout du chant en Français. Bref, un disque émaillé d'un bon nombre de perles et de réjouissances même si malheureusement assez peu connu de la faune Black Metal, la faute peut-être à cette personnalité finalement un peu timide.
Alors ne vous attendez pas à un gros Black Industriel à la Aborym, car s'il est judicieux de parler d'industrialisation dans le cas présent, nous sommes plus proche d'un aspect martial (par exemple, le break du titre « Écorchés », un peu comme celui des derniers Ad Hominem, que d'un Black 100% industriel. Quelques passages comme l'introduction sont 100% à base de bruitages façon machineries, mais ça s'arrête là. Malleus Maleficarum garde pour le reste les ossatures typiques du Black Metal (guitares, batterie, basse, chant et les techniques qui vont avec...). Mais par contre, on remarque que la formation mets un peu d'eau dans son vin (par exemple sur le titre « Les vestiges de mon amertume » arborant un aspect très posé avec une guitare sèche...).
On peut donc dire que les français reviennent plus riches qu'ils ne l'étaient, mais la magie est-t-elle pour autant toujours là ? Si « Des bibles,... » ne brillait pas forcément par une originalité sans limites, on peut quand même dire que l'émotion était présente au rendez-vous, et rassurez-vous, « Nothing Left To Fight For » se paye même le luxe d'être meilleur que son prédécesseur sur ce point. Il suffit par exemple d'écouter le riff très prenant de « Les Traces » pour vous rendre compte que l'émotion est ici décuplée.
De même, la production sert bien le disque avec un son de batterie assez métallique qui rend justice au jeu du batteur nettement plus tranché et vif que sur les précédents efforts du combo. La basse et les guitares empruntent également ce rendu métal -en y ajoutant un accordage plutôt grave-, pour que le son s'imprègne d'un forte odeur de limaille de fer. Finalement, seulement la voix du hurleur apportera un tant soit peu d'humanité déchirée à l’œuvre (sur le titre éponyme par exemple qui forme une excellente clôture militariste et imposant, soit dit en passant...). Tout ceci nous gratifie d'un rendu sonore très propre qui ne dessert pas du tout les compositions même si nous perdons forcément un peu de violence en optant pour un tel choix. On peut aussi noter un apport bien plus conséquent d'arpèges et de parties lentes ce qui raccorde l'univers industriel et le côté désabusé de ce « Nothing left to fight for » (titre qui porte décidément bien son nom...).
Viscéralement désespéré, profondément rempli de haine et totalement allumé, voilà en gros la synthèse de cet opus au grain spécifique. Primitif sans être primaire, sobre sans être basique, voilà ce qui fait clairement la réussite de cet album. Un disque adulte et mature pour un groupe qui ne l'est pas moins et indubitablement la plus belle réalisation de la bande, en attendant un digne successeur à ce dernier...
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