Behexen - Nightside Emanations

Écrire cette chronique me fait mal.

Non seulement parce que j'aime bien Debemur Morti : je considère que c'est un des meilleurs labels français qui sort (presque) toujours de bonnes productions et qui a la délicatesse de toujours nous offrir de beaux objets. Mais aussi parce que j'ai passé de longues heures à écouter du Behexen il y a déjà quelques années. D'ailleurs, « By The Blessings Of Satan » est pour moi l'album emblématique de la vague Black mélodique-finlandais (avec « Satanic Black Devotion » de Sargeist). Le reste de la carrière de Behexen est par contre en dents de scie, alternant le très bon ( l'EP « From the devil's chalice ») et le passable (« My soul for his glory »). Bref, c'était donc sans grand intérêt que j'achetais ce nouveau Behexen (en fait si je me le suis procuré, c'est parce qu'il était inclus dans un pack qui comprenait Manetheren et Blut Aus Nord...). On ne peut pas dire que j'avais de grosses attentes, j’espérais juste passer un sympathique moment de Black Metal efficace, mélodique et un tantinet orthodoxe.

En recevant le disque, j'avoue que j'ai presque poussé un « Woaw » d'enthousiasme ! La pochette pète sa mère et en plus le disque est fourni dans un luxueux digibook qui comprend toutes les paroles. C'est sûr, à 10€ pièce, c'est un des plus beaux rapports "prix/qualité de l'objet" que j'ai vu. Debemur ne se fout pas de notre gueule, ça en jette, c'est complet et on sent ou le groupe veut en venir. C'est donc avec joie que je déballe le CD et que je l'enfourne dans le lecteur.

Mais dès l'introduction... Je suis un peu refroidi par ce choix. Un orgue à la sonorité assez cheap et -qui plus est- ultra-courante dans le genre nous joue un petit air, comme a pu le faire par exemple Ad Hominem sur ses premiers travaux. « Bon, c'est pas grave, ils ne sont pas très inspirés sur l'intro, c'est qu'une intro, nobody's perfect... » me disais-je alors (et avec toute la bonne volonté du monde, vous en conviendrez...) ! Sauf que dès le deuxième titre, je commence à avoir des sueurs froides... « Wrathful Dragon Hau-Hra » démarre certes d'une manière plutôt convaincante, respectant les codes du groupe et sa sonorité particulière. Ceci dit, il se pare de riffs presque thrashy et swinguant d'une façon très décevante. De plus ce qui sert de break au titre est un passage lent et lourd rempli de dissonances aussi bateau que le port du Havre. Bref, ça commence très mal à mon goût, et dites-vous bien que ce n'est que le début...

Le deuxième titre continue ce petit manège en mixant encore une fois des recettes orthodoxes si grosses que même Amadou et Mariam les verraient venir de loin avec une sonorité lourde et grave, tout en saupoudrant le tout de Thrash (cf : le riff médiocre de « Death's Black Light ». Toi, lecteur, si tu as vomi en lisant le mot « Thrash » dans une chronique de Behexen, imagine la souffrance que j'ai enduré en écoutant ce disque pour te donner un avis, afin que tu puisses garder ton argent et que tu puisses du coup offrir un menu Maxi best-of à ta dulcinée Samedi prochain. Cette écoute fut vraiment un calvaire, parce que Behexen continue pendant tout le disque à nous pondre riffs plagiés d'Archgoat et voix claires sensées rendre le tout exalté comme un disque orthodoxe. Sans oublier de nous sortir de temps en temps un solo qui nous renvoie aux grandes heures du Heavy-Thrash et qui est donc parfaitement ignoble... Qui plus est, si la recette est éculée, l'inspiration est à peu près aussi présente dans ce disque que la notion de logarithme népérien dans le cerveau d'une dinde prête à devenir Miss « La Belle Escalope ». La longueur interminable d'un « Circle Me » ou la platitude du riffing de « The Luciferian Will » donne bien envie d'aller se faire une petite session de vaisselle, histoire de s'occuper. Une preuve qui montre à la planète que le Paic Citron est plus intéressant que « Nightside Emanations »...

Parlons aussi de cette ambiance aussi queutée que Julia Channel qui apparaît dans « We Burn With Serpent Fire » (le titre Funeral Mist du pauvre...) ou alors de l'incroyable redondance des titres qui sonnent tous pareils, qui sont tous construits pareils et qui proposent tous les mêmes accords dans un ordre différent. Et vas-y que je te balance de l'arpège dissonant même pas prenant accompagné d'un son de cloche... Pourtant il faut quand même y aller pour ne pas me convaincre, j'écoute quand même des groupes qui font des disques entiers avec des arpèges dissonants bordel de merde ! Mais sans déconner, si certains passages s'en tirent à peu près (« Awaken Tiamat ») comment être ému ou troublé par une technique de composition si mauvaise que celle de « Temple of the silent curses ». Tout sonne faux, déjà vu, bidon... Du petit riff bien Behexen pour dire au chaland « Hey beau-gosse, c'est bien du Behexen t'as vu ? » au petit passage lent qui donne l'impression d'une ridicule messe noire surjouée comme un épisode du « Jour où tout a basculé » (où le groupe a quand même trouvé malin de crier : « Aie, aie, aie Lucifer ! ». Non mais pourquoi pas « Pépito » ou « Caramba » tant qu'on y est... ).

Bon, je vais quand même énumérer les quelques points positifs de ce disque. L'objet dont j'ai déjà parlé, la production qui reste fidèle au son du groupe et le dernier titre « Kiss of our dark mother » qui a le mérite de faire plus de sept minutes mais d'apparaître à l'auditeur comme plutôt bon et bien fait (même si on reste sur du très convenu). En plus c'est le dernier, et ça, ça veut dire qu'on peut (enfin) écouter autre chose !

Vous l'aurez compris, d'un côté ça m'emmerde de dire ça d'un groupe qui m'a toujours paru de qualité, mais « Nightside Emanations » se présente à nous comme l'arnaque de l'année. Un disque à éviter à tout prix : économisez votre argent et payez-vous du Paic Citron ou un film avec Julia Channel...

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