Burial - Relinquished Souls
Chronique
Burial Relinquished Souls
C'est cool les rééditions. Elles permettent de découvrir des groupes méconnus oubliés par le temps ou restés dans l'ombre des grands, et de ne pas se ruiner sur e-Bay. On remerciera cette fois le label espagnol Memento Mori d'avoir exhumé des bas-fonds de l'abondante scène néerlandaise le seul et unique album de Burial, Relinquished Souls, sorti à l'origine en 1993 sur West Virginia Records (Deathrow, Holy Moses, Incubator...), et d'y avoir inclus en bonus la démo de 1992 Frigid Cold. Le son n'a en plus pas été retouché, seules les couleurs de la pochette ayant été remises au goût du jour. Personnellement, je n'avais jamais entendu parler de cet opus, ne connaissant que son homonyme américain. Et pourtant, ce Relinquished Souls bute des culs à la douzaine et on se demande bien pourquoi les Bataves n'ont pas eu davantage de succès.
Le manque de personnalité peut-être? Le retard par rapport aux autres? Il est vrai qu'à cette époque, la plupart des grands classiques du death metal sont déjà sortis et que la concurrence est rude. Et on ne peut pas dire que Burial fasse preuve d'une originalité débordante. Car le death ultra classique du combo est sous grande influence américaine, en particulier floridienne avec une admiration non dissimulée pour Massacre et Death. On mettra donc la réédition de Relinquished Souls dans le même panier que celle de l'unique album d'Electrocution ou du premier full-length des vétérans de Valgrind.
Cela dit, absence d'originalité n'a jamais été synonyme de médiocrité. Surtout pas dans le death metal en tout cas, pour celui qui, comme moi, apprécie surtout la version pure et originelle du style. Relinquished Souls en est une preuve incontestable tant les neuf morceaux qui le composent, produits avec brio par un certain Andy Classen, s'apparentent à une véritable démonstration de riffing inspiré, sombre, brutal et aux mélodies discrètes mais travaillées, sorte de petit manuel illustré du death metal old-school. "The Second Coming", "Failure Of Technology", "Traumatized", "No Existence", "Inner Hostility", je pourrais citer toutes les pistes puisqu'il n'y a que du lourd ici. All killer, no filler comme on dit! Burial maîtrise à tous les étages, change régulièrement de rythme (entre mid et up-tempo), fait évoluer intelligemment ses riffs et pas un instant on ne s'ennuie. Comment piquer du nez de toute façon avec des accélérations thrashies à la old-Pestilence aussi jouissives!? Car s'il y a une chose qui me fout la gaule sur Relinquished Souls, ce sont bien les grosses touches thrash et ses tchouka-tchouka énergisants comme sur "The Second Coming" (0'47), "Failure Of Technology" (2'30), le début de "Traumatized", "Abhorence Within" (0'52), "Untimely Demise" (au feeling presque d-beat) ou encore "Pitiful God" (4'33). On retrouve aussi cet esprit thrash sur les nombreux solos rapides chaotico-mélodiques souvent torturés au vibrato. Là aussi, Burial fait du bon boulot.
N'y a-t-il donc aucun coup de mou? Hé bien non, la qualité reste constante tout au long des quarante minutes et ce dans tous les domaines, que ce soit la brutalité (pas de blasts mais ça bourre bien), le groove (mid-tempos, basse), la technique (rien d'impressionnant mais on sent la maîtrise collective), la mélodie (riffs et leads) ou le chant du guitariste Stefan Verdoom aux growls là encore très classiques mais convaincants, avec un coup de cœur pour ces longs cris déchirants qu'il affectionne ("Failure Of Technology" à 4'14, "No Existence" à 0'55 et 4'10, intro de "Frigid Cold", "Inner Hostility" à 3'29, "Pitiful God" à 1'32 et 2'41). Le seul petit souci en fait (si on peut vraiment parler de souci!), c'est la démo Frigid Cold en bonus. Pas qu'elle soit mauvaise bien au contraire puisque ses quatre morceaux (sans vraies paroles) figurent également sur le full-length ("Perpetual Demise" devenant "Untimely Demise") mais justement, sa présence en bonus n'était pas nécessaire hormis pour l'aspect collection et fait passer la durée du disque à plus d'une heure, longueur excessive pour du death, si bon soit-il.
Mais ne faisons pas la fine bouche face à ce remarquable travail d'archéologie de Memento Mori qui nous déterre là un groupe talentueux injustement oublié. Exactement le genre de vieux death que j'affectionne, rapide, brutal, encore marqué au fer rouge par le thrash et faisant preuve d'un sens pointu de la mélodie sombre et du riff acéré. Burial a donc de quoi contenter tous les amateurs de death US à l'ancienne et pourra, je l'espère, se payer une petite cure de jouvence avec cette réédition judicieuse. Ou au moins un bon coup de publicité puisque le groupe, séparé depuis 1994, s'était reformé dès 2001 et avait sorti en 2006 une démo, Resurrection, dans l'indifférence générale.
| Keyser 15 Décembre 2012 - 2138 lectures |
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