Eïs - Wetterkreuz
Chronique
Eïs Wetterkreuz
Vous connaissez le point commun entre RHAPSODY OF FIRE, THE KOVENANT et EÏS ? Facile ! L’obligation de changer de nom suite à des réclamations de groupes. Pourtant il y a certains groupes qui parviennent à s’ accommoder de partager une appellation comme SHINING ou ARKONA (vive les Polonais !). Mais bon, GEÏST a perdu et est devenu EÏS en 2010 parce qu’un groupe de rock alternatif est venu chouiner. Pourquoi avoir choisi d’enlever le G et T pour devenir EÏS ? Pourquoi ne pas avoir opté pour LUNAR AURORA ? Pourquoi ? On en reparle plus tard ! En tous cas, ce changement de patronyme a été l’occasion de ressortir en 2011 les deux premiers albums ainsi que de faire un sacré tri dans le lineup. Sur les 6 musiciens apparaissant sur l’album précédent, Galeere, il n’en reste plus que deux : Marlek et Alboîn. Ce premier se cantonne toujours à la batterie alors que le deuxième est passé de simple bassiste à « bassiste, guitariste, claviériste, chanteur » ! Enfin la possibilité pour lui de faire tout ce qu’il veut sans que des avis perturbateurs viennent tout gâcher en voulant ajouter un petit riff par là, un petit cri par ci !
Ce rétrécissement d’effectif n’a cependant pas affecté l’esprit du groupe, et l’on reconnaît sans aucune difficulté le black de nos anciens amoureux de la mer. L’album est pratiquement une copie du précédent, à commencer par le nombre de titres (5) et leur durée, toujours supérieure à 8 minutes. La musique est encore une fois marquée par le savoir faire à l’allemande avec une production claire et des compositions écrites avec un souci de cadre rigide... Ça, on ne peut pas reprocher à EÏS d’avoir baclé son album. Tout est à sa place, chaque note est réfléchie, tout est d’un fluide et d’une logique implacable... Une qualité ? Oui, si vous aimez le Fluide Black Metal. Vous serez encore plus aux anges si votre genre de prédilection est l’atmosphérique énergique avec des pointes de mélancolie ! Ce n’est pas assez clair... Bon bah, tiens : vous vous souvenez de LUNAR AURORA période Mond ? C’est proche mais avec moins d’intensité et moins de surprises. Il y a beau y avoir quelques instants magiques sur ce nouvel album, ils sont trop rares et épars, perdus au milieu de couplets sans grande saveur. C’est à un point où l’on peut facielement énumérer ce qui transcende :
1. l’éruption de sensibilité dans les riffs apparaissant autour de la 8ème minute de « Wetterkreuz »
2. le final tourmenté d’« Am Abgrund » avec un son qui devient volontairement sourd
3. les bonnes mélodies en boucle sur « Mann Aus Stein » ainsi que ses incrustations efficaces de déclamations en allemand
4. l’intro ambiance BO de film de « Auf Kargen Klippen »
Tout le reste est bon, ce n’est pas le problème, mais insuffisamment marquant et bien trop poli. C’est beau mais incite finalement plus à ressortir la discographie de LUNAR AURORA qu’à être réécouté en boucle.
Alors on ne peut nier qu’EÏS a bien grandi, et sait construire des morceaux aux ficelles qui maintiennent l’attention. L’impression d’amateurisme des deux premiers albums est bien loin, mais on perd finalement en émotion, surtout si comme moi on se sent plus touché par ce qui est imparfait, par ce qui tatonne et se cherche encore. C’est pourquoi cet album a beau être « meilleur » que Patina ou Kainsmal, il ne tournera pas autant que ceux-ci. Sans avoir de gros reproches à lui faire, il ne prend ni à la gorge comme un « Wanderer bei Fels und Fjord », ni au coeur non plus comme « Kainsmal ». En conclusion, GEÏST a perdu le G de « goût » et le T de « touchant », il reste avec les lettres EÏS pour un groupe qui devra faire plus concis la prochaine fois afin que l’inspiration qui ne l’a pas quitté soit mieux mise en avant.
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