Mike Scheidt - Stay Awake
Chronique
Mike Scheidt Stay Awake
On peut remercier le ciel que dans les trois cent soixante-six jours qu’a compté cette année bissextile (une manière de célébrer l’évènement, là-haut ?), un de ses envoyés ait trouvé le temps de quitter son éternité d’après-vie pour nous pondre une œuvre comme celle-ci.
Un longue-durée qui craint comme pas permis au premier abord : Mike Scheidt prenant sa meilleure guitare acoustique et sa meilleure mine de John Lennon rescapé d’une semaine dans un squat punk pour nous sortir six compositions d’apo-barbu-folk, bah ! Comme si pomper Neurosis sur le dernier Yob n’avait pas suffi pour nous faire comprendre ce qu’il pouvait avoir d’idolâtrie pour ces autres shamans que sont Steve Von Till et Scott Kelly ! La raclée prise n’en devient que plus appréciable : Stay Awake est à 2012 ce que le Smiling Dogs de Man’s Gin fut à 2010, à savoir un fier album de metaleux allant à confesse, balançant dans nos pleines faces son spleen de clodo avec l’allégresse rustre d’enfin pouvoir tout déballer sans concours à la plus grosse distorsion ou maquillage cosmique. « Putain de belle » comme de bien entendu – mais d’une beauté qui fait peine à entendre, crève d’entrelacs de guitares sèches et leads interminablement soyeuses passant et repassant au point que l’épiderme se trouve ensanglanté par une peau de chamois aussi coupante qu’une lame (l’ironiquement nommée « Breathe ») –, l’expérience en solitaire prend au pied de la lettre sa dénomination et laisse l’homme, seul, s’agripper à la poussière des choses autrefois solidement possédées, se déloquer des restants d’idées voyant cet essai comme un refuge ou une éloge de la fuite (Comme tu auras envie de fuir quand les fantômes ici présents t’auront agrippé !) pour laisser trois vérités batailler : l’Amour, la Mort et combien ça fait mal d’être coincé entre les deux, entre la niaiserie qu’est « In Your Light » et la souffrance lui conférant la tendresse des bercails qu’est « The Price », entre la quiétude des tornades qu’ont les papillonnantes guitares de « When Time Forgets Time » et la froideur du squelette de « Until The End Of Everything » ou enfin, lors de ce morceau-titre concluant le disque comme un appel intimiste à une guerre en devenir – soit une préparation à quelconque sinistre prophétie où le chant implore et aboie dans le même temps, donnant un nouveau sens à l’expression « avoir du chien ».
Ces visions-là, il fallait bien une voix pour les amener toutes et, dans les ténèbres, les lier ! Mike Scheidt n’a plus rien à prouver dans ce domaine (Brrrr le dernier titre de The Great Cessation de Yob...) et arrive pourtant encore à étonner par ses capacités vocales. Que son chant se fasse élevé ou plein d’une rocaille alarmante de blues, il est ce qui touche en premier et pour longtemps ici avec ses lignes paresseuses s’endormant sur la cendre comme dans un champ de fleurs. Le hippie a également eu la bonne idée de piquer à Leonard Cohen son goût pour les voix spectrales ajoutant par leurs apparitions lointaines la dose de regret nécessaire à faire déborder n’importe quel vase lacrymal. Peut-être que Monsieur Scheidt n’a pas traversé d’autres horribles épreuves que celles communes : il en est cependant ressorti monté d’un sacré cœur d’artichaut ainsi qu'avec la bonhommie et la détresse se cachant derrière son visage de Jésus Christ amateur de Black Sabbath le plaçant dans la catégorie des mecs « pas comme les autres ».
Nostalgique si l’on veut, mais d’une nostalgie qui n’a pas oublié la multiplication dans ce que les souvenirs embellissent et font regretter le vécu une fois celui-ci disparu, Stay Awake est en vérité un grand disque de miraculé après l’enterrement, étouffant de vie malgré l’absence de battements intérieurs. Logiquement, un disque miraculeux.
| lkea 2 Janvier 2013 - 2088 lectures |
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