Kveldssanger, le folk nu. Coincé entre
Bergtatt, le black-folk dru, et
Nattens Madrigal, le true-black cru. Pause champêtre les gars, sortez vos flûtions, je vais vous conter une histoire triste. L’histoire de pourquoi tant de violence et pourquoi pas la nuit, pourquoi pas les âges, pourquoi pas la pluie. Au fond on a beau se démener, mais l’essence de notre propos se trouve aussi là, dans un folk d’ascète avec sa guitare toute seule, toute mouillée, toute penaude au coin de son tout petit feu.
Du folk de rien du tout, qui perd la fougue et ne garde de juvénile qu’une idée du raffinement vue au travers d’yeux adolescents, appliqués et consciencieux. Oh, comme c’est bien fait se dit-on, et plein de joliesse avec ça. Voyez comme, malgré la maladresse d’une interprétation bancale, ces jeunes gens assument le chant lyrique aux accents traditionnels. Lorsque l’un s’y met l’autre le rejoint, si bien qu’une pâle grandeur finit par s’en dégager, qui parvient à évoquer l’errance forestière et la nostalgie d’un soir d’hiver venteux et humide. Autrement dit tout ce qu’Empyrum saura reprendre de manière plus subtile, plus étoffée et, disons le clairement, plus mieux. Mais nul besoin de bouder notre plaisir, car à raison de deux ou trois motifs par chanson,
Kveldssanger déballe ses arpèges nocturnes, jusqu’au bercement dans la brise froide. Treize titres courts, c’est tout le répertoire du voyageur transi, qui dit la ballade du couchant (« Østenfor Sol Og Vestenfor Maane »), le songe mystérieux (« Kledt i Nattens Farger », « Ulvsblakk »), ou la route pastorale et ses pâturages (« Halling », « Utreise »). À la nudité du duo guitare/chant viennent se greffer violoncelle (« Nattleite ») ou flûte (« Naturmystikk »), donnant corps à la nature morte qui se charge d’un peu plus d’intensité dramatique. Le chant, effacé au profit des instruments, troque parfois la parole contre des vocalises polyphoniques dont l’esprit grégorien accompagne la contemplation du paysage. La pureté des mélodies emprunte également à la musique sacrée tantôt médiévale, tantôt renaissance, mais sans surenchère. Ici, c’est avant tout le romantisme de la nature qui prévaut, dans la tradition de la peinture nordique et de son culte de la ruine antique consommée par les siècles. Enfin, aucune percussion à l’exception du roulement d’« Ulvsblakk », qui jalonne discrètement un final où Ulver s’enfonçe toujours plus profond dans la
sehnsucht si chère à ses cousins teutons.
Les metalleux « forever » diront de
Kveldssanger qu’il est le parent pauvre de l’illustre trilogie épique. Mais s’il dénote par rapport à ses acolytes tous deux bien différents déjà, c’est qu’il relève de la même démarche : poser dans un style définit une pierre angulaire qui l’étalonnera par la suite. Le génie de cet album est qu’il s’y emploie tranquillement, en toute humilité.
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