On savait qu’Ulver était un caméléon magnifique, et ce depuis longtemps. Les
Shadows of the Sun ou
Perdition City auront marqué les esprits, à l'instar de
Bergtatt et
Nattens Madrigal dans des genres tout à fait différents. Et pourtant après tout cela, après presque vingt ans d’évolution, le « loup-caméléon » prend une nouvelle couleur avec
The Assassination of Julius Caesar. Pour se fondre dans son environnement ? Non, car le loup solitaire du black metal est toujours là malgré les apparences, et c’est bien connu qu’il fait ce qu’il veut.
Faisant suite à des opus des plus expérimentaux, entre l’élitisme de
Messe I.X–VI.X et l’hermétisme de
ATGCLVLSSCAP,
The Assassination of Julius Caesar prend à contrepied comme rarement, avec un Ulver qui décide de sortir son disque de synth pop, tout simplement. On aurait dû s’attendre à l’inattendu, et pourtant on est surpris. Une surprise très rafraîchissante à vrai dire, surtout après les albums susnommés. Mais toute la réussite de cette sortie réside dans la capacité du groupe à proposer une musique accessible, au pouvoir de séduction immense, et pourtant jamais superficielle. On en vient même à se demander comment un groupe (enfin surtout une personne, Kristoffer Riggs en l’espèce) a pu engendrer l'intransigeant
Nattens Madrigal avant de faire cet album deux décennies plus tard, où chaque notes sonnent comme du velours. Il pourra même animer vos soirées entre non-initiés au metal sans aucune difficulté, nonobstant les multiples petits détails et couches dans les compositions qui pourrait paraître bien inhabituels dans ce style. Et c’est justement là qu’Ulver frappe encore juste : sa musique sonne toujours comme quelque chose de riche et d’intense, même quand il donne l’impression de la simplifier à l’extrême.
Dans le détail, cette pop d’élite et chic, sur-esthétisée même, sonne comme une ballade citadine et nocturne, irrésistible à écouter en voiture. Des chansons comme « Nemoralia », « Southern Gothic » ou « Angelus Novus » nous transportent instantanément dans cette ambiance sophistiquée et rêveuse, à grand renfort de refrains entêtants au possible. Le chant assez fabuleux de Riggs, clair au point d’en être presque irréel, porte ces moments au cran encore au-dessus. Evidemment il ne résiste pas au plaisir de placer quelques bizarreries, quelques changements de ton qui confirment que nous sommes bien face à un album d’Ulver, comme les seconde parties de la grandiloquente ballade au piano « So Fall the Worlds » ou de « Rolling Stone ». Cette dernière, avec ses 9 minutes au compteur et ses chœurs soul envoûtants, s’impose comme la tuerie mémorable du disque. La fin de l’album est un tantinet frustrante avec « Transverberation » et « 1969 », deux titres un peu moins réussi car moins forts et personnels, même si toujours charmeurs et trouvant leurs places sans aucun soucis. Le plus ambiant « Coming Home » dénote un peu, même si en soi clôturer la séance d’écoute par ce genre de morceau (qui reste de qualité) est pertinent.
On est donc face à un paradoxe :
The Assassination of Julius Caesar est sur le coup l’une des sorties les plus surprenante d’Ulver, alors que c’est aussi probablement l’œuvre la plus consensuelle des Norvégiens. Ce mélange de synth pop racée et des récits des tragédies de l’humanité, historiques ou anonymes, prouve qu’encore une fois le groupe parvient à développer un concept et à lui donner sa pleine mesure. Cet album est beau comme un jeune homme de la haute société en costume et cravate à qui tout réussi (tiens cela nous renvoie encore à
Nattens Madrigal…). Comment font ces Norvégiens pour sonner aussi juste à chaque fois ? On nous l’a dit : ce sont de vrais musiciens, ils savent comment faire.
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