Abyssal - Novit Enim Dominus Qui Sunt Eius
Chronique
Abyssal Novit Enim Dominus Qui Sunt Eius
Une fois encore, le label Profound Lore semble avoir eu le nez creux. Passé relativement inaperçu malgré un premier album pourtant fort intéressant, les Anglais d’Abyssal viennent récemment de créer la surprise en sortant Novit Enim Dominus Qui Sunt Eius. Un deuxième album qui tente de faire la nique bien comme il faut à des groupes comme Portal, Impetuous Ritual, Antediluvian, Vasaeleth, Mitochondrion et même Blut Aus Nord.
Paru le 1er janvier 2013 sous la gouvernance directe d’Abyssal, Profound Lore s’est rapidement empressé de mettre la main sur ce nouvel opus pour ainsi en proposer une seconde version disponible depuis le mois d’avril dans un joli digipack limité pour l’occasion à mille exemplaires. L’intérêt porté envers ce jeune groupe étant grandissant, signalons également que les Polonais d’Hellthrasher Productions viennent de rééditer Denouement, premier album des Anglais paru l’année dernière.
Massacrez-les, car le seigneur connaît les siens. Voilà peu ou prou comment l’on peut traduire le titre de cet album mystérieux. Mystérieux car on ne sait finalement que peu de chose au sujet de ce trio encapuchonné qui aime à poser dans l’obscurité d’une église que même le seigneur aurait abandonnée. D’où viennent-ils ? Qui sont-ils ? Que font-ils ? Autant de questions qui demeurent en suspend et auxquelles nous n’aurons probablement jamais de réponses. Hormis l’artwork confié à Industrie Chimère Noire (studio ayant déjà travaillé auparavant avec Portal), tout ici a été fait par le groupe, de la musique en passant par l’enregistrement. Un processus lourd et complet qui s’étale concrètement sur presque une heure de musique obscure et quasi impénétrable.
Caractéristique majeure pour l’essentiel de ces quelques groupes cités un peu plus haut, c’est effectivement l’aspect monolithique et particulièrement dense de cette musique qui définie une fois de plus Abyssal. Un groupe sale et organique, intense et étouffant, radical et intransigeant… Et en même temps beaucoup plus accessible qu’il n’y paraît. Une lisibilité qui se manifeste grâce à une production plus chaleureuse et une place faite à chaque instrument. Même si cette impression d’énorme matière organique impénétrable semble transparaître tout au long de ce Novit Enim Dominus Qui Sunt Eius, quelques écoutes attentives au casque suffisent pour se rendre compte que l’exercice sera probablement moins ardu qu’il n’y paraît. Un bon point qui permet à l’auditeur d’assimiler avec moins de difficulté un album qui affiche pourtant plus de cinquante neuf minutes au compteur. Ce travail d’assimilation est également rendu plus « simple » grâce à plusieurs interludes/titres instrumentaux qui viennent parsemer l’écoute de ce nouvel album ("Forebode", "Elegy Of Ruin", "Elegy Of Staves" et "Created Sick, Commanded To Be Well"). Un moyen d’aérer l’ensemble sans pour autant sacrifier à l’ambiance lourde, maladive et oppressante qui y règne. Enfin, on peut remarquer également qu’Abyssal n’hésite pas à jouer sur le tempo pour créer davantage de relief et rompre avec une éventuelle sensation de monotonie. Le groupe jongle ainsi avec une certaine aisance entre parties soutenues et intenses grâce à une double pédale volontaire, des (semi) blasts aliénants et des riffs presque dissonants et à l’inverse des passages beaucoup plus lourd et étouffants sublimés par un chant profond et extrêmement guttural qui n’a rien à envier à Craig Pillard ou John McEntee.
Si nous avons déjà évoqué la production dans son ensemble, impossible pourtant de passer sous silence le son de guitare très synthético-industriel qui en appel à un certain Vindsval de Blut Aus Nord. Des sonorités aériennes quasi identiques qui, si elles manquent certainement de personnalité, viennent pourtant apporter un soupçon d’audace, de nouveauté mais aussi et surtout d’harmonie à un genre relativement nouveau (principalement enfanté sur les terres impies d’Australie et du Canada) qui risque pourtant de se mordre la queue d’ici peu vu la profusion de groupes s’y engouffrant. Les guitares sont habituellement noyées dans ce type de Death Metal par une production dense et opaque. A l’inverse, elles apparaissent ici très clairement et sont probablement même l’élément majeure de cet album. Un détail qui permet à Abyssal de se distinguer assez clairement.
Sans pour autant bouleverser la donne, Abyssal propose ici un album fort intéressant qui réussi à faire le pont entre l’univers froid, implacable et pourtant mélodique d’un Blut Aus Nord et le côté justement abyssal, dense et obscure d’un Portal ou d’un Mitochondrion. Moins impénétrable qu’il n’y paraît malgré une durée peut-être effrayante, Novit Enim Dominus Qui Sunt Eius pourrait faire office de bon compromis pour ceux qui d’habitude n’arrivent pas à rentrer dans ce genre de Death Metal. Me concernant, il s’agit en tout cas d’une excellente surprise.
| AxGxB 23 Mai 2013 - 2501 lectures |
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