Allez savoir pourquoi, il m’a fallu presque deux ans pour que je me décide enfin à jeter une oreille au successeur du pourtant excellent
Antikatastaseis. Les raisons de ce désintérêt (qui d’ailleurs n’en est pas vraiment un) ne sont pas à chercher du côté d’Abyssal et de la qualité de ses productions mais plutôt de ma tête de linotte qui parfois me fait oublier certaines choses dont des sorties qui pourraient pourtant m’intéresser au plus haut point... Bref, me voilà donc aujourd’hui devant vous avec quelques mois de retard pour vous parler enfin de cette oeuvre imposante et magistrale qu’est
A Beacon In The Husk, quatrième album du multi-instrumentiste anglais Gregg Cowell.
Sorti en juin 2019 sur Profound Lore Records, ce dernier est superbement illustré par l’artiste Elijah Gwhedhú Tamu (Guðveiki, Haunter, Lykhaeon, Midnight Odyssey, Spectral Lore, Temple Nightside...) qui signe ici une oeuvre architecturale évoquant habilement ces méandres interminables et insaisissables que l’on devine à l’écoute de ce Black / Death torturé, imposant et particulièrement dominateur d’Abyssal. Pour ce nouvel album qui n’a donc plus rien de nouveau aujourd’hui, Gregg Cowell a fait appel aux services du batteur Alex Micklewright (Perversion, ex-Abhorrent Decimation...) pour une prestation qui n’a rien à envier à celle de son prédécesseur, le Finlandais Timo Häkkinen.
Seul maitre à bord depuis les débuts du groupe en 2011, G.D.C. a pris une fois de plus à sa charge l’intégralité du processus de production, s’occupant ainsi de l’enregistrement, du mixage et du mastering. Comme on pouvait s’y attendre, celle-ci s’inscrit bien évidemment dans la continuité des précédents travaux d’Abyssal puisqu’
A Beacon In The Husk est une fois de plus marqué par une production d’une impeccable lisibilité et cela malgré toute la densité du propos. Une production qui va permettre de saisir dès les premières écoutes les nombreuses subtilités qu’offre le Black / Death d’Abyssal tout en participant naturellement à la construction de ces atmosphères infernales dans lesquelles baignent ces neuf nouvelles compositions.
Moins suffocante qu’un Portal ou un Impetuous Rituel, moins exigeante qu’un Antediluvian dont le nouvel album intitulé
The Divine Punishment risque d’ailleurs de donner du fil à retordre à pas mal d’auditeurs, la musique d’Abyssal s’inscrit pourtant dans le même registre, celui d’un Black / Death particulièrement conquérant et ultra physique dont on ressort difficilement indemne. Pris dans un puissant maelström mené par ces guitares effrayantes qui tourbillonnent lors d’assauts désordonnés et dissonants, par cette batterie synthétique et déshumanisée aux allures Blut Aus Nordiennes et par ce growl particulièrement profond et monocorde, il semble vain de chercher à lutter face à une telle démonstration de force. Mais ces moments, s’ils constituent évidemment l’essentiel de ce que représente Abyssal, sont néanmoins contrastés par d’autres séquences qui, si elles ne possèdent pas le même niveau d’intensité et de folie, n’en demeurent pas moins d’une densité colossale. Ce jeu de nuances, Gregg Cowell l’entretient à coup de mélodies tantôt plus lumineuses évoquant là encore le Blut Aus Nord de
777 desquelles pointent d’ailleurs un bref sentiment d’espoir ("Dialogue" à 5:06, "I - Recollection: Shapes Upon The Retina" à 6:22 et "II - Discernment: Khyphotic Suzerains" à 5:55) et tantôt nettement plus glauques ("Dialogue" à 1:46, la quasi-totalité de "I - Recollection: Awakening / Metamorphosis" ou "II - Discernment: The Triumph Of Fools" à 2:54). Mais c’est surtout lors de ces nombreux ralentissements et autres changements de rythmes que cette quête de relief se fait la plus évidente. Si cela n’était pas aussi flagrant sur ses prédécesseurs,
A Beacon In The Husk laisse désormais entrevoir des influences Doom beaucoup plus marquées. C’est le cas notamment sur te terrifiant "I - Recollection: Awakening / Metamorphosis" qui frôle le Funeral Doom à travers ce jeu menaçant et suspendu. Bien entendu, ce n’est pas le seul exemple à retenir puisque nombreux sont les passages plombés à ponctuer ces cinquante huit minutes effroyables et harassantes. Parmi ces moments, on peut évoquer par exemple cette longue séquence sur l’excellent "Dialogue" entamée à 2:29, la troisième partie de "I - Recollection: Shapes Upon The Retina" à 6:01, "II - Discernment: The Cloister Beneath The Grime" de 2:13 jusque’à sa conclusion plus de deux minutes plus tard, "II - Discernment: Khyphotic Suzerains" à 4:02 ou bien encore "III - Descent: A Beacon In The Husk" à 3:09 et surtout 4:50.
D’une noirceur et d’un désespoir sans pareil,
A Beacon In The Husk n’est pas un album forcément facile d’accès. S’il se fait moins porté sur l’exploration que son prédécesseur qui, souvenez-vous, laissait entendre quelques sonorités plutôt originales et si la production rend toujours la découverte relativement aisée, il n’en reste pas moins que ces cinquante huit minutes ne sont pas à mettre dans n’importe quelles oreilles. Déjà parce que les riffs n’ont rien d’immédiats en grande partie à cause de ces nombreuses dissonances et de ces constructions décousues et difficilement préhensiles qui composent l’essentiel de l’album. Ensuite parce que cette batterie avec ses couleurs artificielles et déshumanisées apporte un côté résolument froid et presque machinal à l’ensemble. Enfin parce que ces accointances Doom, aujourd’hui grandement mises en avant, confère à ces quelques compositions quelque chose de si écrasant, physiquement et moralement, que cela en devient tout simplement insupportable. Bref, j’ai mis le temps à m’y mettre mais comme vous pouvez le constater je ne suis pas du tout déçu du voyage. Maintenant, avec un peu de chance, il n’y a plus qu’à espérer que la suite arrive relativement rapidement.
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo