Ragaillardi par une récente prestation au Klub extrêmement convaincante, je me décide enfin à donner une suite à ma chronique de
Fvlgvr Lvx Terror publiée il y a déjà presque sept ans... Naturellement, Vortex Of End ne m’a pas attendu pour poursuivre son petit bout de chemin et ainsi tenter de faire de son nom l’une des références hexagonales en matière de Black / Death sauvage et intense. Entre temps, le groupe parisien à en effet sorti une démo intitulée
Transvbstantiation ainsi que deux albums parus sous les couleurs du célèbre label français Osmose Productions. En attendant de revenir un jour peut-être sur le troisième album du groupe (
Ardens Fvror) qui mérite amplement que l’on s’y intéresse, on va s’attarder aujourd’hui sur la sortie la plus récente de la formation.
Paru en octobre 2021,
Abhorrent Fervor fait d’emblée très bonne impression grâce à un artwork énigmatique (ainsi qu’un logo abrégé et revisité pour l’occasion) qui en dit peu sur ce qui attend l’auditeur inexpérimenté à l’écoute de ces trente-six minutes mais qui paradoxalement nous invite à plonger corps et âme dans les méandres froids et rocailleux de ce néant définitivement hostile et menaçant. Signée des mains d’Héloïse Merlin (Kontact, Lord Gallery, Black Mask, l’association organisatrice de concerts Heavy Duty, le label Cursed Ritual Records...), cette illustration correspond plutôt bien à cette douloureuse sensation de vide qu’entretien Vortex Of End depuis maintenant quelques années. Il est à noter que la dame signe également l’enregistrement et le mixage de ce quatrième album alors que le mastering à quant à lui été confié au Belge Jeremy Bézier (ex-Enthroned, Emptiness...) que l’on retrouve également derrière le micro sur le titre "Sovereign Wrath".
Moins ambitieux que son prédécesseur dont la durée avoisinait tout de même les cinquante minutes,
Abhorrent Fervor revient à une formule plus épurée. Un parti-pris qui à l’issu de ces trente-six minutes s’avère payant puisque ce quatrième album gagne effectivement en intensité et en impact là où son prédécesseur se perdait par moment en circonvolutions inutiles et autres longueurs entamant malheureusement l’efficacité de ses compositions au profit d’une ambiance ritualiste soignée mais parfois un poil prépondérante.
Décidé à revoir sa copie sans pour autant trahir ce qu’il est, Vortex Of End a donc choisi de miser ici sur des compositions plus courtes (à l’exception tout de même de "Putrid Fluids", titre de plus de dix minutes qui clôture l’album avec davantage de nuances) et ainsi de laisser moins de place à ces nombreuses séquences mid-tempos et autres passages auréolés de ce puissant sentiment religieux qui constituaient pourtant une partie de ce que l’on pouvait trouver sur son prédécesseur. De fait,
Abhorrent Fervor perd effectivement en contraste et en variété ce qu’il gagne en agressivité et en immédiateté et cela sans pour autant sembler un seul instant linéaire. Particulièrement affûté, le riffing du groupe parisien tout en trémolos et petites mélodies sournoises s’avère absolument impitoyable et laisse explorer toute la rage et la frustration de musiciens passablement remontés. Certes, il n’y a là dedans rien bien de nouveau ni de très compliqué mais il faut bien reconnaître que des riffs comme ceux dispensés sur "Perdition Whorl" à 0:28, "Sovereign Wrath" à 0:09 ou "Golden Fragments" à 0:20 et 2:48 ont de quoi mettre à genoux. Un jeu radicale et tout en fulgurances qui pour le coup va rapidement mettre les points sur les "i" et ne laisser que bien peu de doutes quant aux viles intentions de Vortex Of End. Outre ces nombreux riffs punitifs, on se régalera également d’une batterie qui dans ses moments les plus virils enchaine les séquences de blasts et autres accélérations nerveuses avec force et panache (j’apprécie particulièrement ces subtilités dynamiques sur les cymbales qui renforcent le côté hystérique de la chose). Bref, les plusieurs mois de confinement semblent avoir été correctement mis à profit par les garçons de Vortex Of End qui, plus que jamais, paraissent ici particulièrement remontés.
Pour autant et comme l’indique d’ailleurs le titre de ce quatrième album, celui-ci n’a absolument rien perdu de cette ferveur qui caractérisait jusque-là le Black / Death des Parisiens. En effet, ces trente-six minutes aussi radicales soient-elles sont tout de même empreintes d’un fort relent de dévotion que ce soit de manière très simple par le biais de ce riffing malfaisant mais aussi et surtout à travers un délicieux travail sur les atmosphères. Ainsi, outre quelques samples dispensés ici et là (notamment ceux servants d’introduction à "Perdition Whorl" et "Cascades Of Epiphanies"), on retiendra surtout ce passage inquiétant en spoken word sur "Sovereign Wrath", ces mélodies particulièrement lumineuses dispensées sur "Perdition Whorl", "Golden Fragments", "Cascades Of Epiphanies" et "Putrid Fluids" et bien entendu ces nombreuses déclamations hallucinées et autres voix haut-perchées ("Perdition Whorl", "Sovereign Wrath", "Golden Fragments", "Cascades Of Epiphanies", "Stygian Hexahedron"...) qui en appellent à des forces divines hors de ce monde.
Passé sous silence durant de longs mois,
Abhorrent Fervor trouve enfin sa place dans ces colonnes. Si celui-ci n’apporte rien de neuf à ce genre bâtard qu’est le Black / Death, il n’en reste pas moins un album particulièrement bien écrit et exécuté. Plus équilibré que son prédécesseur, celui-ci se concentre sur l’essentiel, préférant ainsi mettre l’accent sur une efficacité particulièrement redoutable sans néanmoins sacrifier à son identité. Certaines petites choses demeurent néanmoins perfectibles (personnellement, je ne suis pas toujours très fan du son de batterie un poil trop synthétique lors de certains roulements de grosse caisse) mais dans l’ensemble
Abhorrent Fervor s’impose comme une sacrée démonstration de force et de convictions. J’arrive probablement un peu trop tard mais peu importe, ce disque est une réussite et méritait sa place ici.
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