Wrathprayer - The Sun Of Moloch: The Sublimation Of Sulphur's Essence Which Spawned Death And Life
Chronique
Wrathprayer The Sun Of Moloch: The Sublimation Of Sulphur's Essence Which Spawned Death And Life
Décidément, l'Amérique du Sud veut me faire payer mon ethnocentrisme musical. Alors que Perversor était déjà venu bousculer mes idées d'Européen sur l'état de santé de la scène Metal en Amérique du Sud, voilà que Wrathprayer vient littéralement exploser en mille morceaux ce qu'il pouvait rester de cette vision étriquée basée sur... Bah, plus grand chose en fait!
Formé au Chili en 2006 dans la ville de Rancagua, à même pas cent kilomètres au sud de Santiaguo, Wrathprayer s'est naturellement fait la main sur quelques démos avant la sortie, cette année, de ce premier album. Ces démos sont au nombre de deux. La première, intitulée In Utter Darkness, est parue en 2009 alors que la seconde, The Annunciation (Promo MMX A.S.), est sortie l'année suivante. Deux démos qui auront permis au groupe Chilien de trouver refuge chez le label Nuclear War Now! pour la sortie d'un premier album au titre le plus long de l'année 2012, The Sun Of Moloch: The Sublimation Of Sulphur's Essence Which Spawned Death And Life.
Derrière ce titre à rallonge et cette pochette particulièrement réussie que l'on doit à Forkas Kostromitin et Manuel Tinnemans se cache un groupe de Black/Death occulte et blasphématoire qui se paie le luxe pour son premier essai longue durée de venir marcher avec nonchalance sur les plates-bandes de formations modernes telles que Witchrist, Diocletian, Antediluvian, Pseudogod, Teitanblood ou encore Black Witchery. Soit des groupes avec lesquels on n'aime pas trop déconner. Et pour le coup, Wrathprayer ne fait vraiment pas sourire.
Le trio chilien impressionne dès les premières écoutes par la noirceur et la maturité de son propos. Wrathprayer nous livre ici une œuvre suffocante et intense, habitée par une aura maléfique à couper au couteau. Le sceau du Malin étant apposé d'emblée sur la musique des Chiliens, le ton est très vite donné. Là où Witchrist, Antediluvian ou Teitanblood nous proposent des albums difficiles d'accès pour lesquels il faut se donner beaucoup de peine pour en saisir la quintessence, Wrathprayer réussit le tour de force d'attraper directement l'auditeur sans pour autant sacrifier à l'atmosphère dense et abyssale qui suinte le blasphème. Cela en partie grâce à une production qui, si elle ne fait aucun compromis, laisse tout de même les guitares s'exprimer avec beaucoup plus de clarté que chez ses collègues cités plus haut. Ainsi, les riffs implacables et d'une qualité redoutable, accrochent rapidement l'oreille ("In Visceribus Bestiae", "From The Depths Of The Phlegethon", "Ritualization (Rev. XIII)", "Sun Of Moloch"...) et permettent alors à l'auditeur de s'immerger plus facilement dans cet album aussi violent et malsain que peu subtil.
Wrathprayer cultive en effet un côté sale et primaire (souvent de mise avec les groupes issus de la scène Sud-Américaine) particulièrement jouissif, ne cessant quasiment pas de bourrer pendant toute la durée de l'album. Quelques passages bien sentis viennent toutefois nous permettre de relever la tête non sans un certain groove ("In Visceribus Bestiae" à 2:54, "Ritualization (Rev. XIII)" à 1:41, "Devourers Of Light" à 2:04). Il faut dire aussi que la batterie se montre particulièrement expressive avec des successions de plans incisifs et dynamiques (frappes sur les cloches, roulement de tomes en descente, blasts incessants...) qui donnent à The Sun Of Moloch un caractère hyper nerveux et lui permettent surtout d'être suffisamment varié rythmiquement pour ne jamais lasser. Cette batterie est clairement un élément fort de la musique des Chiliens au même titre que la voix bestiale et démoniaque de God Of Torment.
Une voix haineuse et malsaine placée légèrement en retrait dans le mix avec un effet de réverb' souvent utilisé dans ce genre de Black/Death à tendance War. Ce type de chant sifflé possède quelque chose de ritualistique et d'incantatoire particulièrement fort, insufflant à l'atmosphère générale toute sa crédibilité. Tel un parasite, la voix de God Of Torment s'insinue dans notre tête, faisant de la folie notre quotidien pendant près de quarante minutes. Une voix perfide et sournoise, profonde et insidieuse qui déclame ses incantations aussi bien avec violence qu'avec calme. Un vrai schizophrène.
Wrathprayer livre ici avec The Sun Of Moloch: The Sublimation Of Sulphur's Essence Which Spawned Death And Life un premier album en forme de chef d'oeuvre. Un avis, certes dithyrambique, mais qui devient de plus en plus évident au fil des écoutes successives. Ce disque vous possède et finit par ne plus vous lâcher. Le seul regret à l'heure qu'il est, qu'il ne soit disponible qu'en vinyle (une version CD est actuellement en cours de conception). Pour le reste, Wrathprayer se place d'entrée de jeu comme un sérieux concurrent à tous les groupes cités un peu plus haut. Et si les Chiliens continuent sur leur lancée avec autant d'aisance et de facilité, nul doute qu'ils finiront rapidement par être considéré comme l'une des références dans le genre. Un des disques concourant clairement pour le titre d'album de l'année 2012.
| AxGxB 28 Septembre 2012 - 6675 lectures |
|
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo
Par Jean-Clint
Par Troll Traya
Par alexwilson
Par Sosthène